Les collabos du colonialisme canadian (3e partie) : Mark Miller, le pire ennemi du Québec à Ottawa

Publié le 3 décembre 2025 | Temps de lecture : 11 minutes

La tricherie libérale de 1995

L’ancien ministre fédéral de l’Immigration, Sergio Marchi, révélait récemment que dans l’année qui a précédé le référendum de 1995, Ottawa avait mis sur pied un stratagème secret appelé Opération citoyenneté.

Celle-ci visait à accélérer le traitement des demandes de naturalisation des demandeurs domiciliés au Québec afin de leur permettre de voter au référendum. Et ce, en sachant que ces néoQuébécois ont tendance à être reconnaissants au gouvernement canadien de les avoir accueillis au pays.

Selon l’ex-ministre, le premier ministre canadien d’alors lui aurait dit :

« Écoute, je sais que nous avons toujours des arriérés des demandes de citoyenneté, mais fais de ton mieux pour les faire avancer parce que le référendum approche et les gens veulent voter.»

Au cours du mois précédant le référendum, une armée de fonctionnaires basés en Nouvelle-Écosse travaillait jour et nuit afin d’accélérer le traitement des dossiers.

Si bien qu’au cours des quatre semaines précédant cette consultation populaire, Ottawa a naturalisé 11 500 personnes, soit le quart des naturalisations de toute cette année-là.

Selon Jean-François Lisée, les certificats remis aux nouveaux citoyens étaient accompagnés d’une lettre du ministre les invitant à défendre la démocratie tout en contribuant à l’édification d’un Canada fort et uni.

Le résultat, c’est que le ‘Non’ au référendum de 1995 a gagné de justesse, avec 50,58 % des voies, soit un écart de 54 000 votes avec le ‘Oui’.

Le déluge migratoire actuel

En janvier 2020, lors de la course à la chefferie du Parti Québécois, le candidat Paul Saint-Pierre-Plamondon (PSPP) annonce que sous sa direction, un gouvernement du PQ procèdera à un nouveau référendum au cours de son premier mandat. Le 9 octobre 2020, il est élu à la tête de ce parti.

Le 14 février 2022, Ottawa rend publique son intention de doubler le nombre d’immigrants qu’il accueille, passant d’une moyenne de 250 000 à 500 000 personnes par année.

Sans s’y préparer par une stimulation de la construction domiciliaire et l’augmentation de la capacité d’accueil des services publics, le Canada se propose donc de devenir le pays dont les niveaux d’immigration sont parmi les plus élevés au monde (hormis les pays voisins de zones de guerre).

En réalité, cette politique est déjà en vigueur au moment de son annonce.

En effet, dès l’année qui suit l’élection de PSPP, le Canada accueille un nombre record de résidents permanents, passant de 184 606 en 2020 — en deçà de la moyenne de 250 000 en raison de la pandémie — à 405 000 en 2021, à 431 000 en 2022, à plus de 465 000 en 2023, et enfin à 483 591 résidents permanents en 2024.

Au départ, environ la moitié de ces immigrants choisissent de s’établir au Québec. Ce qui aggrave chez nous la pénurie du logement et met à dure épreuve la fourniture des services de l’État (écoles, hôpitaux, garderies, etc.).

Totalement inconscient de la stratégie politique du fédéral, la CAQ se contente, dans un premier temps, de quêter de l’argent à Ottawa. Une demande à laquelle le fédéral finira par consentir.

Mais dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’argent n’achète pas tout.

Incapable de résoudre la crise, le gouvernement de la CAQ supplie ensuite le ministre Miller de mieux répartir cet afflux entre les provinces.

En mai 2024, Ottawa crée un comité de travail pour étudier la demande du Québec. En juillet, le ministre Miller se dit prêt à coordonner le transfert volontaire et en arriver à une répartition proportionnelle en fonction de la population de chaque province. Mais en septembre, c’est la douche froide : le ministre annonce qu’il n’y a pas réussi à obtenir un consensus entre les provinces.

Pendant que Marc Miller étire le temps, les résidents permanents installés au Québec décrochent des emplois et prennent racine. Ceux en région apprennent le français et s’intègrent parfaitement bien alors que les autres, restés dans la grande région montréalaise, contribuent à son anglicisation.

Rappelons que dès le début du déluge migratoire, plus précisément le 4 novembre 2021, le ministère de l’Immigration annonçait sa décision d’embaucher, dans ses bureaux de Montréal, plusieurs agents unilingues anglais afin d’accélérer le traitement des dossiers des demandeurs d’asile anglophones.

Pendant ce temps, le fédéral verse des sommes importantes au gouvernement de la CAQ comme Israël donne des millions$ à l’Autorité palestinienne pour qu’elle accepte sans rouspéter la colonisation israélienne en Cisjordanie.

Marc Miller et le déclin du français

À la suite d’un récent mini-remaniement ministériel, Marc Miller s’est retrouvé à la tête de l’ancien ministère du Patrimoine, renommé ministère de la Culture et de l’Identité canadiennes.

À peine nommé, il accorde une entrevue au quotidien Le Devoir. À cette occasion, il déclare en avoir ras le bol du débat sur le déclin du français, qu’il considère comme étant trop politisé.

Précisons que la politisation consiste à donner à un sujet une dimension politique. Évidemment, l’avenir d’un peuple est toujours politique. Comment pourrait-il en être autrement ?

À maintes reprises dans le passé, Marc Miller a déclaré que le français au Québec était menacé, c’est-à-dire subissait une menace, notamment face à l’océan anglophone nord-américain qui nous entoure.

Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains journaux, Marc Miller a toujours nié que la menace dont on vient de parler produise des effets concrets, c’est-à-dire que Montréal s’anglicise. Tout au plus reconnait-il que certains indices le laissent penser… mais ne l’ont pas convaincu.

Voilà pourquoi, lors de l’entrevue au Devoir, le nouveau ministre a réitéré son aveuglement et refusé de parler d’un déclin global du français au Québec, évoquant plutôt un déclin « à certains égards ».


 
Les recensements de Statistique Canada sont formels; l’anglais progresse inexorablement au Québec depuis plus de deux décennies. Au dernier recensement, tous les voyants clignotaient au rouge.

À juste titre, le premier ministre du Québec a accusé le ministre Miller de répandre des conneries.

Le ministre de l’Identité

Au cours de l’entrevue, Marc Miller a également déclaré :

« Comme Québécois, je suis assez tanné de ce débat qui est généralement identitaire et électoraliste.»

Sous Justin Trudeau, le gouvernement libéral aurait voulu que les Canadiens se définissent d’abord et avant tout par leur identité de genre et par leur identité sexuelle parce que l’une et l’autre sont individuelles. Ce qui permet d’atomiser les citoyens d’un État ‘postnational’.

L’identité voulue par Ottawa pouvait également se définir en fonction de l’appartenance à des groupes ‘racisés’ parce que cette identité est tribale.

Alors qu’au contraire, l’identité linguistique est collective. Elle définit les peuples, contrairement au genre, au sexe ou à la couleur de la peau.

Or quand les francoQuébécois se définissent par leur langue et considèrent tout le reste comme secondaire, cela pave la voie à leur affirmation nationale.

C’est cela que Marc Miller combat.

Le ministre de la propagande fédérale

Dès la nomination de Marc Miller à titre de ministre fédéral de la Culture, l’establishment artistique s’en est réjoui, voyant en lui une personne capable de défendre leurs intérêts contre les géants technologiques américains.

C’est oublier bien vite qu’un des premiers gestes d’apaisement du premier ministre canadien face à Trump fut d’abandonner la taxe numérique.

Alors non, ce n’est pas pour combattre les GAFAM que Marc Miller a été choisi.

Hier à la Chambre des communes, le premier ministre du Canada a déclaré :

« On va défendre la langue française avec les plus grands investissements dans le secteur culturel de l’histoire du Canada.»

Voilà ce qui annonce le deuxième volet de la stratégie fédérale en vue du référendum; la promotion du fédéralisme canadien. Ce qui constitue, soit dit en passant, un objectif parfaitement légitime.

Et ce volet, tout comme le premier, sera une responsabilité de Marc Miller. C’est ça, la véritable raison de sa nomination (un peu accidentelle).

Pour l’aider à cette tâche, le fédéral utilisera son pouvoir dépenser pour mobiliser tout ce que le Québec compte de communicateurs et d’artistes talentueux.

Et c’est sans doute parce que PSPP a bien compris la stratégie fédérale qu’il a tenté de rendre toxique la fréquentation de Marc Miller.

Ceux qui y voient un saut d’humeur du chef péquiste n’ont rien compris. PSPP veut que les artistes qui prêteront leur talent à la cause fédérale soient conscients qu’ils travailleront dans le mauvais sens de l’Histoire.

Conclusion

Marc Miller est le général Wolf des angloQuébécois.

Après avoir orchestré un déluge migratoire qui est le prélude à une naturalisation massive des demandeurs d’asile (de la région montréalaise, spécifiquement), le voilà qui sera responsable du plus grand investissement culturel de l’histoire du Canada.

L’éthique politique du Parti libéral étant ce qu’elle est — particulièrement quand le régime colonial canadian est en danger — on peut s’attendre à ce que Marc Miller utilise tous les moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins.

Voilà pourquoi j’espère que l’Assemblée nationale du Québec n’hésitera pas à exiger sa démission dès maintenant.

Références :
100 millions de Canadiens d’ici 2100 : Ottawa dit non à l’« Initiative du siècle »
Demandeurs d’asile : le ministre Marc Miller fustige les « nonos conservateurs »
Demandeurs d’asile : Ottawa estime en faire assez pour le Québec
Demandeurs d’asile: Ottawa prêt à «coordonner les transferts»
Denmark’s ‘zero refugee’ policy drives down asylum admissions to record low
Évolution récente de la politique d’immigration du Canada
Jean Chrétien avait donné l’instruction d’accélérer les demandes de citoyenneté avant le référendum de 1995
Le Canada a accueilli 431 000 résidents permanents en 2022, un record
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Le projet du groupe de pression torontois Century Initiative
Les libéraux accusés d’avoir «truqué» le résultat du référendum de 1995 par le Bloc
L’unilinguisme anglais à Immigration Canada
Marc Miller se dit «tanné» du débat sur le déclin du français
Mark Carney et le colonialisme canadian
Parti québécois: Paul St-Pierre Plamondon promet un référendum dans un premier mandat
Québec menace Ottawa de couper les vivres aux demandeurs d’asile
Une partie du milieu culturel manque de loyauté envers le Québec, dit le chef du PQ

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Postscriptum du 4 décembre 2025 : Rétractation de Marc Miller au sujet du déclin du français.

En réponse à une question du député conservateur Joël Godin qui reprochait à Marc Miller ses propos de la veille qui ont fait scandale, ce dernier a finalement admis : «…effectivement, le français est en déclin partout au Canada.»

Référence : Débats de la Chambre des communes – Le mardi 2 décembre 2025

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Écrit par Jean-Pierre Martel