Avant le retour au pouvoir de Donald Trump, aucun chef d’État européen n’osait utiliser les mots ‘négociations de paix’ car c’eut été un bris de solidarité avec les autres pays de l’Otan.
C’était à l’époque où on croyait que les sanctions financières de l’Occident feraient s’écrouler l’économie russe, provoqueraient la révolte des Russes incapables d’encaisser leurs chèque de paie ou de pension, et entraineraient renversement du régime de Vladimir Poutine.
Comme dans la fable ‘La Laitière et le pot au lait’, on salivait déjà à l’idée du démantèlement de la Fédération de Russie et de la spoliation de ses richesses naturelles par des sociétés occidentales.
Dans les forums de discussion et sur les médias sociaux, n’importe quel participant pacifiste était aussitôt qualifié de ’Munichois’, en référence à ces dirigeants européens qui pensaient amadouer Hitler en lui permettant (par l’accord de Munich) d’annexer une partie de la Tchécoslovaquie.
On se rappellera du scandale provoqué par la visite du premier ministre hongrois à Moscou en juillet 2024 dans le cadre, disait-il, d’une mission de paix. À l’époque, les dirigeants de l’UE dénonçaient toute politique d’apaisement; l’Europe soutenait alors la poursuite de la guerre jusqu’au dernier soldat ukrainien vivant.
Depuis trois ans, les partisans de la ligne dure à l’égard de Moscou — l’Otan et les dirigeants de l’Union européenne, de même que ceux de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne — n’entretenaient plus aucune relation diplomatique officielle avec le Kremlin.
Sans le dire explicitement, ce qu’on soutenait, c’était une guerre totale avec la Russie, c’est-à-dire une guerre dont l’issue ne serait rien d’autre que l’expulsion de l’Armée rouge du territoire ukrainien.
Mais le 12 février 2025, lors d’un appel téléphonique, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Estomaqués d’apprendre par les médias que cette guerre pouvait se régler sans eux, les dirigeants européens se sont métamorphosés en apôtres de la paix… à la condition d’en pervertir le sens.
Dans leur bouche, les mots ‘négociations de paix’ signifiaient ’négociations en vue de la capitulation de la Russie’ en sachant très bien que cela n’arrivera pas.
Pour l’Ukraine, le choc était encore plus brutal puisqu’une négociation de paix, c’est comme un buffet; quand on est pas autour de la table, c’est qu’on est au menu…
Et c’est de cette manière que des mots que plus personne n’osait prononcer refont leur apparition dans la bouche des dirigeants de nos pays.
Références :
Accords de Munich
« La Russie n’a pas subi l’“effondrement” économique annoncé par Bruno Le Maire, fin février 2022 »
Ukraine : Poutine ferme sur ses exigences avec Orban à Moscou, vives critiques de l’UE
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Écrit par Jean-Pierre Martel