Soraya Martinez-Ferrada, candidate décevante à la mairie de Montréal

Publié le 27 septembre 2025 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

En 2017, à la suite de sa défaite contre Valérie Plante, Denis Coderre annonçait sa décision de quitter la politique municipale.

Son parti, Ensemble Montréal, devenait alors le principal parti d’opposition.

Peu de temps avant l’élection suivante, Denis Coderre sortait de l’ombre et faisait éjecter le chef de ce parti, Lionel Perez, afin de propulser sa formation politique, espérait-il, vers la victoire.

À la suite de ce second échec, Denis Coderre quittait définitivement la politique municipale.

Son parti s’est alors choisi un nouveau chef, Aref Salem, qu’il éjecta à son tour pour accueillir, à cette élection-ci, une autre ancienne ministre libérale, Soraya Martinez-Ferrada.

Les pistes cyclables

Depuis qu’elle a déclaré qu’il « serait temps de faire une petite pause avec les pistes cyclables et d’investir dans les égouts », cette déclaration colle à la peau de Mme Martinez-Ferrada.

Depuis ce temps, elle a évité toutes les occasions qui lui ont été offertes de dissiper le malentendu dont elle se dit victime et qui la fait passer pour une ‘anti-vélo’.

Ce que Mme Martinez-Ferrada devrait dire, c’est que les pistes cyclables, ce n’est pas ce qui permet aux cyclistes de circuler en ville. On circulait en vélo bien avant que les pistes cyclables existent.

Le but premier des pistes cyclables est de sauver des vies. Et par la même occasion, de prévenir des blessures.

A la suite d’une longue série de réaménagements de la voie publique, aucun piéton et aucun cycliste n’est décédé d’un accident de voiture dans les villes d’Oslo (peuplée de 724 300 habitants) et d’Helsinki (peuplée de 674 000 habitants) en 2019.

Donc, les décès de piétons et de cyclistes ne sont pas des fatalités inhérentes au monde moderne. Ce sont les résultats de choix politiques.

Et malheureusement, Mme Martinez-Ferrada semble avoir fait le sien; celui de ne rien entreprendre qui nuirait (même minimalement) à la livraison de marchandise et au stationnement des automobiles.

Si cela n’est pas l’objectif qu’elle poursuit, il serait temps qu’elle précise ce qu’elle veut.

Airbnb

En pleine crise du logement, la location de courte durée devait être totalement interdite, partout au Québec. Il y a suffisamment de chambres d’hôtel pour héberger toutes les personnes qui veulent visiter le Québec.

Pour n’importe quel propriétaire, l’interdiction de la location de courte durée de sa résidence principale le prive de la pleine jouissance de son bien.

Mais n’est-ce pas le cas de toutes les lois ? Une loi qui n’interdit rien est une loi qui ne vaut rien.

En janvier 2025, nous dénoncions la décision de l’administration Plante d’autoriser la location de courte durée dans les résidences principales du 10 juin au 10 septembre. Cette mesure est une passoire.

L’argument en sa faveur est simple; pourquoi, par exemple, ne pas permettre à un travailleur de louer sa résidence pendant les vacances de la construction, plutôt que de la laisser vide ?

Au cours du troisième débat opposant les deux principaux candidats à la mairie, la cheffe d’Ensemble Montréal est allée plus loin et propose de permettre également la location sur Airbnb en hiver.

L’argument qui justifie cela est analogue; pourquoi, ne pas permettre à un propriétaire de louer sa résidence pendant qu’il passe la saison froide sous les tropiques ?

Cela est une mauvaise idée. Voici pourquoi.

Pour distinguer s’il s’agit d’une résidence principale, d’une résidence secondaire ou d’un simple logement locatif, les enquêteurs municipaux — la ville en a sept — devront espionner ses occupants pendant plusieurs mois.

Cela constitue un gaspillage de ressources; une bonne loi est une loi simple d’application. D’où l’idée d’interdire totalement la location de courte durée. Indépendamment du fait que cela constitue une injustice pour une petite minorité de la population.

On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.

Dans le cas d’une résidence secondaire ou d’un appartement locatif, aucune famille n’acceptera de le louer 9 mois par année et de vivre temporairement dans l’itinérance d’ici à ce qu’il soit de nouveau disponible.

Que ce soit au cours de l’hiver ou de n’importe quelle autre saison, permettre la location à court terme quelques mois par année rend le règlement municipal inapplicable à moins d’y consacrer des ressources considérables. Ce qui n’arrivera pas.

Conclusion

Tout comme le multiculturalisme, le clientélisme politique consiste à voir la société comme un amas de tribus qui coexistent.

Ce clientélisme fragmente l’électorat dans le but de promettre des nananes aux uns et aux autres, plutôt que de définir et de défendre l’intérêt commun.

L’intérêt commun, c’est le partage de la voie publique de manière équitable et sécuritaire pour tous ceux qui l’empruntent. Même si cela doit comporter des inconvénients mineurs pour certains.

L’intérêt commun, c’est de restreindre l’offre locative aux personnes domiciliées au Québec et d’obliger les touristes à loger à l’hôtel. Ce qui maximise les retombées économiques de l’industrie touristique chez nous.

Par-dessous tout, le résultat de ce clientélisme, c’est de ne jamais offrir au peuple le choix des grands enjeux qui le concernent. Bref, c’est une infantilisation de l’électorat.

Parachutée d’Ottawa, Mme Martinez-Ferrada ne connait pas grand-chose aux affaires de Montréal. Elle se prête donc à ce clientélisme, comme tous ces politiciens sans envergure qui aspirent à nous diriger.

Références :
À Oslo, aucun piéton tué en 2019
Clientélisme
Le bannissement partiel d’Airbnb à Montréal
L’Europe du Nord qu’on envie aussi pour la sécurité des piétons
Martinez Ferrada veut revoir l’ensemble du réseau cyclable
Montréal : Martinez Ferrada élargirait la location de type « Airbnb »
Soraya Martinez Ferrada voulait encore plus de pistes cyclables en 2024
Vision Zero Principles

Parus depuis :
L’art de bien vendre les pistes cyclables (2025-10-02)
Airbnb : Des centaines de résidences principales toujours offertes (2025-10-03)
Comment New York est devenu un enfer pour Airbnb (2025-10-24)

Complément de lecture : Les principaux partis montréalais contre le droit au sommeil de leurs citoyens

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectif M.Zuiko 25 mm F/1,2 — 1/800 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

Postscriptum du 30 septembre 2025

Au Téléjournal de Radio-Canada de ce soir, Mme Martinez-Ferrada a déclarée qu’une fois élue, elle s’accorderait une période de réflexion de douze à dix-huit mois, à l’issue de laquelle son administration déciderait de quelle manière se poursuivrait le déploiement du réseau montréalais de pistes cyclables.

D’où la question : N’aurait-il pas mieux valu que Mme Martinez-Ferrada y ait réfléchi avant de se présenter à la mairie et nous arrive aujourd’hui avec quelque chose d’un peu plus concret ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel