Montréal veut un ‘Top Gun’ responsable de l’itinérance

Publié le 20 août 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Un peu comme Donald Trump, l’administration Projet Montréal aimerait que les sans-abris disparaissent de sa vue.

Lors de la pandémie au Covid-19, les politiques municipales ont consisté à enfermer les itinérants dans des endroits clos (des motels) où le risque de contamination était considérable.

Dernièrement, ces politiques consistaient à les chasser de leurs campements, à détruire leurs biens, et à les envoyer vers des refuges… où ils sont refusés par manque de place. Résultat : on les voit un peu partout.

Ces jours-ci, sa solution miracle est de nommer un ’Top Gun’, c’est-à-dire un ministre qui serait responsable de l’itinérance au Québec.

La mairesse de Montréal n’en manque jamais une pour proposer des solutions qui, en soi, ne règlent rien. Ici, qui ne font qu’alourdir la fonction publique québécoise.

Selon la mairesse de Montréal :

Je pense que de nommer un ministre responsable de l’itinérance, ça enverrait un message extrêmement fort comme quoi on va travailler sur le maintenant, mais aussi sur l’avenir.

Pour que ce nouveau ministère puisse combattre efficacement l’itinérance, il lui faut des pouvoirs. Et pour les exercer, il lui faut un ou plusieurs sous-ministres, des fonctionnaires, des conseillers juridiques et du personnel administratif.

De plus, on devra aménager des locaux pour leur permettre de fonctionner.

Il faudra également que ce ministère ait la possibilité de consulter des experts. Dont des conseillers en relations publiques, afin que les mesures adoptées soient présentées positivement et ne suscitent pas la controverse sur les médias sociaux.

Comme tous les ministres, cette personne disposera d’une voiture de service.

Bref, au minimum, on parle d’un budget de plusieurs millions de dollars par année.

Chaque million dépensé pour le fonctionnement du ministère représente deux-cent-mille repas à 5$.

Mais ces millions de dollars, pourquoi faut-il les dépenser ? Pour envoyer un message fort.

Un message fort, ça ne corrige pas la faim et cela ne protège pas des intempéries. Mais c’est très important, nous dit la mairesse, après sept ans de réflexion à la tête de la ville.

Aux dernières élections municipales, Projet Montréal (le parti de Valérie Plante) a promis de faire construire 60 000 logements sociaux ou abordables.

De nos jours (soit trois ans plus tard), seulement 1,5 % de cette promesse a été réalisée. À ce rythme, cela prendra 200 ans… si, évidemment, Projet Montréal demeure au pouvoir pendant deux siècles.

De plus, dans l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve (détenu par Projet Montréal), cela prend en moyenne 18 mois pour approuver n’importe quel projet de construction domiciliaire. Pas dix-huit semaines (ce qui serait déjà trop) : dix-huit mois.

La crise de l’itinérance n’a pas été causée par Projet Montréal. Toutefois, du fait que cette crise est intimement reliée à celle du logement, ce parti municipal en porte une lourde responsabilité lorsqu’on pense que de nos jours, des travailleurs à faible revenu se retrouvent à la rue parce qu’incapables de trouver un logement qu’ils peuvent se payer.

Et si le parc immobilier de Montréal comptait 60 logements de plus, cela correspondait à des immeubles neufs où les refuges pour sans abris pourraient créer des antennes pour y loger des gens dans le besoin.

Ceci étant dit, entre les petits bourgeois de Projet Montréal — qui se plaisent à manger (à nos frais) des huitres à 300$ à Paris ou à boire du vin à 60$ la bouteille à Vienne — et la haute bourgeoisie libérale d’Ensemble Montréal, il est à parier que cela ne changera grand-chose quant à l’attitude répressive de la ville à l’égard des itinérants.

Références :
À Montréal, bloquer la construction domiciliaire est payant
Les itinérants-campeurs et la gestion du risque
Montréal réclame un « top gun » de l’itinérance à Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel