La campagne électorale au Québec : les 11 et 12 août 2012

Publié le 13 août 2012 | Temps de lecture : 10 minutes


 
Jean Charest : la moitié des redevances minières au remboursement de la dette

Profitant du rassemblement de l’aile jeunesse de son Parti, monsieur Charest a promis de consacrer la moitié des redevances minières à la réduction de la dette québécoise.

À mon avis, tous les items au budget de l’État sont des vases communicants. Si les redevances, plutôt que nos impôts, servent à rembourser la dette, c’est que nos impôts serviront moins à la dette et plus à construire des routes, des lignes de chemin de fer et des ports en eau profonde au profit de compagnies minières internationales qui s’empresseront de faire transformer leur minerai ailleurs qu’au Québec. En somme, c’est du pareil au même.

Mais au-delà de cette annonce bidon, ce que cherchaient les stratèges libéraux, c’était de suggérer que le Plan Nord va rapporter beaucoup d’argent au peuple du Québec, ce qui n’est absolument pas le cas.

On justifie le Plan Nord par l’opportunité qui s’offre au Québec de mettre en service de nouvelles mines visant principalement à satisfaire les besoins gargantuesques de la Chine en matières premières.

À long terme, la principale menace à la rentabilité des mines du Plan Nord, c’est la découverte de nouvelles mines situées plus près des marchés d’exportation. Les pays limitrophes de la Chine sont déjà l’objet d’intenses efforts de prospection afin d’y trouver les ressources dont la Chine a besoin. Dès qu’on découvrira du minerai en Mongolie, en Sibérie ou dans n’importe quelle partie d’Extrême-Orient, les mines québécoises nées pour répondre aux besoins de la Chine et de l’Inde deviendront non-rentables et cesseront leurs activités bien avant l’épuisement de la ressource.

Les contribuables de la vallée du Saint-Laurent auront alors déboursé les 60 à 80 milliards$ d’aménagements prévus dans le cadre du Plan Nord (pour construire des routes, des voies ferrées, des écoles, des hôpitaux, des réseaux de distribution d’eau potable, des égouts, des aéroports, des installations portuaires, etc.). Nous serons pris à payer cette facture bien après la fermeture de la mine puisque les redevances payés par la compagnie durant ses quelques années d’opération couvriront à peine les coûts reliés à la décontamination du site après le départ de l’entreprise.

Au lieu que les deniers publics servent à développer des industries de pointe comme le multimédia, l’aéronautique ou la biotechnologie, on va dépenser entre 60 et 80 milliards de dollars — environ 10,000$ par Québécois, homme, femme et enfant — pour favoriser un boom minier éphémère, pour alourdir considérablement la dette publique québécoise, pour subir une décote prévisible des agences de notation et pour enfoncer le Québec dans une pauvreté durable qui nous laissera à la merci des coupures de péréquation du gouvernement fédéral canadien.

Depuis l’accession au pouvoir de M. Charest, le Québec est passé du 4e rang à l’avant-dernière place des provinces canadiennes au chapitre du revenu per capita. Grâce au Plan Nord, le gouvernement Charest pourra compléter son saccage de l’économie québécoise et son pillage du Trésor public.

Référence : Baie-James vs Plan Nord

Corruption : Jean Charest promet des lois plus étanches

Le chef libéral a présenté aujourd’hui son plan de lutte contre la corruption. Jean Charest déclare : « Nous allons nous assurer que les contrats publics de construction sont octroyés à des entrepreneurs au-dessus de tout soupçon.»

Je reviendrai sur le cas précis de l’industrie de la construction. Pour l’instant, j’aimerais aborder le thème de la corruption de manière plus générale.

On fait souvent la distinction entre la collusion, le copinage et la corruption. Pour moi, la frontière entre les trois est souvent floue.

L’avocat nommé juge, le propriétaire de garderie qui obtient un permis, les dirigeants des firmes d’ingénierie qui décrochent des contrats, ne sont pas nécessairement des amis personnels ou même des connaissances des ministres libéraux. Même, ils ne sont peut-être pas membres du Parti libéral. Il n’y a donc pas nécessairement eu copinage. Mais il y a eu contribution à la caisse du Parti libéral ou service rendu. On se trouve en présence d’une décision gouvernementale favorable, prise à la suite d’une contribution (monétaire ou autre) à des élus. Dans ce sens, il y a corruption ou apparence de corruption.

À part quelques entrepreneurs véreux, les personnes qui contribuent à la caisse du Parti libéral sont déjà au-dessus de tout soupçon. Ce sont des gens honnêtes. Ils exercent leur métier consciencieusement. Leur contribution a été considérée comme légale au cours des neuf années de pouvoir de ce parti. Et ils ont obtenu légalement leur permis de garderie, leur contrat de construction ou leur nomination à la magistrature. Aucune de ces personnes n’a éveillé le moindre soupçon dans l’esprit de M. Charest.

Alors les pourris, ce ne sont pas les propriétaires de garderie, les ingénieurs ni même les avocats libéraux : les pourris, ce sont les dirigeants du Parti libéral — et au premier chef M. Charest — qui ont transformé l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral en faisant en sorte qu’une contribution au Parti soit un prérequis pour bénéficier d’une décision favorable de leur part.

Donc les mesures annoncées par M. Charest — qui arrivent bien tard — ne s’attaquent qu’à une partie de la corruption.

Quant aux constructeurs ratoureux, ils ont bénéficié d’une totale impunité depuis neuf ans. Jean Charest s’est défendu de sa lenteur à sévir en blâmant le gouvernement fédéral — c’est toujours la faute des autres — qui a déjà condamné voilà longtemps ces constructeurs à des amendes de plusieurs millions$ mais qui refuse de transmettre sa preuve au gouvernement du Québec.

Monsieur Charest n’aurait eu qu’à modifier la loi de manière à ce qu’une condamnation pour fraude au fédéral soit admissible comme preuve de culpabilité au niveau provincial pour que ce problème soit réglé il y a longtemps. On n’aurait pas besoin de refaire la preuve de culpabilité : une personne est condamnée, donc elle est coupable.

Si cette condamnation est une erreur juridique, que le condamné aille en appel, qu’il convainque le système juridique de lui ouvrir un nouveau procès. Mais tant qu’il est condamné — surtout à la suite d’un plaidoyer de culpabilité — c’est qu’il est coupable. C’est simple.

Mais monsieur Charest a préféré étier le temps. Aujourd’hui, il se présente à nous revêtu des habits de sa nouvelle virginité : la lumière de Dieu l’a terrassé au déclenchement des élections et le voilà métamorphosé en nouveau champion de l’éthique. « La personne accusée aura pour effet de contaminer toutes les entreprises qu’elle possède ou qu’elle dirige » déclare-t-il. Bravo !

Malheureusement, lorsque l’entrepreneur débrouillard vend son entreprise à ses enfants, celle-ci ne lui appartient plus. De plus, si son nom n’apparait pas dans la liste des nouveaux dirigeants, c’est qu’il a cessé de la diriger officiellement. Alors la loi promise par M. Charest sera donc sans effet. Est-ce bien surprenant ?

La CAQ publie son programme électoral

La CAQ dévoilait aujourd’hui une brochure présentant son programme politique et ses promesses électorales.

Je ne vous parlerai pas des nouvelles promesses que ce document dévoile puisque je présume que le chef caquiste aura l’occasion de les détailler au cours du reste de sa campagne.

Le PQ promet une nouvelle loi 101

La plus grande nouvelle de la fin de semaine, c’est la présentation, par le Parti québécois, de sa politique linguistique.

Francisation des entreprises

Dans les cent premiers jours d’un mandat péquiste, les dispositions de la Loi 101 relatives à la langue de travail seraient étendues à toutes les entreprises de plus de dix employés alors que le seuil actuel est de cinquante employés. Cela affecterait dorénavant 54 000 commerces ou entreprises québécoises.

Je me suis déjà prononcé en faveur de l’application de la loi 101 à toutes des entreprises de plus de cinq employés : la volonté du PQ de placer ce seuil à onze employés m’apparait donc comme un compromis acceptable.

Abolition des écoles passerelles

Le PQ abolirait la loi légalisant écoles passerelles. On se rappellera que le gouvernement libéral avait utilisé la guillotine — c’est-à-dire le bâillon — pour forcer l’adoption de cette légalisation par l’Assemblée nationale en octobre 2010.

Les écoles dites « passerelles » sont des institutions d’enseignement qu’on qualifie ainsi parce qu’elles permettent aux personnes qui n’y ont pas droit, d’accéder aux écoles publiques anglaises. En effet, il suffit d’un passage de quelques mois ou même de quelques semaines dans une de ces institutions privées, pour donner le droit d’accéder à l’école anglaise publique (donc gratuite). Ce droit est automatiquement donné non seulement à cet élève, mais également à ses frères et sœurs, de même que tous leurs descendants.

En rétablissant l’illégalité des écoles passerelles, le PQ mettrait ainsi fin à cette anglicisation du Québec financée majoritairement par les contribuables francophones.

À mon avis, cette nouvelle est excellente mais ne va pas assez loin.

Le gouvernement québécois devrait déclarer qu’il considère dorénavant la Constitution canadienne comme étant la constitution du Canada anglais seulement (puisqu’adoptée par toutes les provinces canadienne sauf le Québec). Du même souffle, le Québec déclarerait qu’il se soumettra de bonne grâce à toutes ses dispositions sauf celles qui menacent son avenir, c’est-à-dire celles relatives à la langue d’enseignement au Québec.

Les condamnations de la Cours suprême pour outrage au tribunal seraient sans lendemain, comme l’ont été les injonctions des tribunaux lors de la grève étudiante.

Références :
Fuck la Cour suprême !
Les écoles passerelles

Les CÉGEPs publics anglais réservés aux Anglophones

À l’heure actuelle, n’importe qui peut envoyer ses enfants à l’école privée de son choix. Toutefois, la 101 ne permet l’accès à l’école primaire ou secondaire anglaise qu’à la minorité anglophone actuelle du Québec. En d’autres mots, s’ils veulent envoyer leurs enfants à l’école publique, les Néo-québécois doivent choisir l’école française.

Le PQ veut étendre cette obligation aux CÉGEPs (soit les lycées du Québec). Il ne serait donc plus possible pour un parent francophone d’envoyer ses enfants à un CÉGEP public anglais.

Québec solidaire et les soins de santé

Québec Solidaire promet de consacrer une somme de 600 millions$ pour renforcer le réseau des CLSC. Une autre tranche de 200 millions serait consacrée à valoriser la profession d’omnipraticien et les inciter à s’établir en région. Finalement 300 millions$ seraient alloués à réduire le temps d’attente aux soins médicaux.

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