Ensemble Montréal et les pistes cyclables
A la suite d’une longue série de réaménagements de la voie publique, aucun piéton et aucun cycliste n’est décédé d’un accident de voiture dans les villes d’Oslo (peuplée de 724 300 habitants) et d’Helsinki (peuplée de 674 000 habitants) en 2019.
Montréal est à la traine; seulement pour 2024, deux cyclistes sont morts, de même que vingt piétons (sans compter les 83 qui ont subi des blessures graves).
L’expérience scandinave prouve qu’il est nécessaire de poursuivre le réaménagement actuel de la voie publique : la protection de la vie humaine a préséance sur les inconvénients mineurs que cela comporte.
Trois partis municipaux tiennent un discours qui s’y oppose.
Le plus ‘réactionnaire’ des trois, Action Montréal, veut retirer ou ‘reconfigurer’ les pistes cyclables dites nuisibles ou improvisées.
Ensemble Montréal veut effectuer une pause de 12 à 18 mois dans le déploiement du réseau et repenser le tout.
Et finalement, Futur Montréal (que j’aime bien par ailleurs) s’engage à ne déployer aucune piste cyclable sur les rues commerciales de la ville. Comme si personne en ville n’effectuait ses emplettes à vélo. Dring dring, Futur Montréal !
Seuls Projet Montréal et son clone Transition Montréal s’engagent à poursuivre le déploiement des pistes cyclables prévu par l’administration Plante.
Les handicapés et les pistes cyclables
Selon certains candidats à la mairie, les pistes cyclables seraient un obstacle à franchir pour des handicapés qui ont recours au transport adapté pour aller magasiner ou recevoir des soins médicaux.
Que fait-on lorsqu’une personne en fauteuil roulant veut accéder à un commerce ou à une clinique dont l’entrée n’est pas au niveau du sol ? On place devant elle une plateforme inclinée que son fauteuil gravit pour y accéder.
Cette même plateforme permet au fauteuil roulant de traverser la piste cyclable. Où est le problème ?
En réalité, un grand nombre de personnes en fauteuil roulant aiment les pistes cyclables qu’elles trouvent plus pratiques que les trottoirs et plus sécuritaires que les rues.
Donc, opposer les besoins des handicapés à ceux des cyclistes est un argument démagogique destiné à alimenter les préjugés des ‘antivélos’.
Les pistes cyclables et la livraison de marchadises
Il arrive qu’à l’arrière d’un commerce, il n’y a pas de ruelle et conséquemment, que ce commerce soit obligé d’être approvisionné à l’avant.
De deux choses l’une. Si le camion de livraison peut se stationner entre le trottoir et ce commerce, la piste cyclable ne devrait pas être sécurisée à cet endroit. De manière à ce que ce camion puisse se stationner comme il le fait déjà.
Par contre, si l’édifice est construit le long du trottoir, imaginons le pire, c’est-à-dire qu’il est nécessaire d’utiliser un diable pour livrer la marchandise.
Il suffit alors qu’on évite de sécuriser la piste cyclable devant ce commerce pour que le livreur n’ait qu’à franchir la chaine du trottoir, comme c’est déjà le cas sans piste cyclable.
Conclusion
Dans le Montréal de demain, les piétons d’une part, puis d’autre part les utilisateurs de mobilité individuelle mécanisée (vélo, trottinettes, monoroue, etc.), et enfin les automobilistes et les motocyclettes auront chacun leur couloir de circulation et se partageront harmonieusement la voie publique.
En d’autres mots, le long des voies empruntées par les automobiles, il sera aussi normal d’avoir des pistes cyclables qu’il est normal, de nos jours, d’avoir des trottoirs. C’est ça, le futur.
Sur le chemin évolutif qui nous mène à cela, des résistances apparaitront. Ce qui est normal.
Ce qui l’est moins, ce sont ces politiciens — ceux d’Action Montréal, d’Ensemble Montréal et, dans une moindre mesure, ceux de Futur Montréal — qui n’ont pas le courage de dire aux ‘antivélos’ que leur combat est perdu d’avance et qu’un jour, il y aura des pistes cyclables sécurisées dans toutes les rues de Montréal, qu’ils soient d’accord ou non.
Les promesses de trois partis municipaux — dont celui de la meneuse dans cette course — de freiner ou d’arrêter leur déploiement constituent autant de promesses rétrogrades et, disons-le franchement, criminelles dans la mesure où cela sauve des vies.
Références :
À Oslo, aucun piéton tué en 2019
Hausse du nombre de décès de piétons et de cyclistes en 2024
L’Europe du Nord qu’on envie aussi pour la sécurité des piétons
Martinez Ferrada veut revoir l’ensemble du réseau cyclable
Vision Zero Principles
Paru depuis : Le REV Saint-Denis, une piste cyclable qui atteint des sommets (2025-11-04)
Écrit par Jean-Pierre Martel