En vue de la visite d’un parent chez moi, je me suis procuré hier une bouteille de vin blanc désalcoolisé. Ces vins sont les seuls qui portent un tableau ‘nutritionnel’.
En entrant dans la succursale de la Société des alcools, justement, un employé proposait la dégustation d’un de ces vins.
Dès la première gorgée, ce qui m’a frappé, c’est que ce vin était sucré.
— « Ah monsieur, les vins désalcoolisés ont toujours un peu de sucre pour compenser la perte d’alcool. Autrement, le tout serait un peu fade.»
En consultant le tableau nutritionnel obligatoire, je lis que ce vin contient dix grammes de sucre. Mais est-ce dix grammes par bouteille ? Plus haut dans ce tableau, j’apprends que c’est dix grammes par trois quarts de tasse de vin.
Mais qui boit du vin à la tasse et surtout qui, au restaurant, demande au serveur :
— « Garçon ! Pourriez-vous m’apporter trois quarts de tasse de vin, s’il vous plait.»
Personne ne fait ça.
Ce qui intéresse le consommateur, c’est le pourcentage de sucre ou, à défaut, la quantité de sucre par bouteille ou par verre de vin (125 ml).
C’est ça qu’on veut savoir. La quantité dans 188 ml n’intéresse personne.
Finalement, j’ai acheté un autre vin dont la teneur est de sept grammes de sucre dans 188 ml (ci-dessus). Je n’ai pas la moindre idée à quel point il est sucré. Mais je sais qu’il l’est moins que l’autre.
D’où la question : quels sont les petits génies à Ottawa qui ont décidé que le tableau nutritionnel des vins sans alcool serait exprimé pour un volume de 188 ml ?
Je soupçonne que c’est la recommandation d’un comité consultatif. À Ottawa, on adore les comités consultatifs. On les aime parce qu’ils n’ont aucun pouvoir décisionnel et que si leurs suggestions ne conviennent pas aux fonctionnaires ou au ministre, le rapport est tabletté pour l’éternité.
Mais de nos jours, former un comité consultatif prend beaucoup de temps. En vertu des politiques fédérales d’ÉDI (Équité, Diversité et Inclusion), il est primordial de s’assurer que parmi les membres du comité, on ait des cis, des trans, des non binaires, des personnes issues de groupes ‘racisés’, des personnes vulnérables et d’autres personnes laissées pour compte dans la société.
S’il reste de la place, on nommera évidemment quelques experts. Mais pas trop parce qu’ils ont tendance à être ces détestables hommes blancs hétérosexuels qui ont tellement fait souffrir le monde au cours des siècles.
En somme, si vous ne comprenez pas comment il se fait que le fédéral, autrefois synonyme d’excellence, et devenu une grosse machine qui fonctionne tout croche, vous le savez maintenant…
On croirait lire Trump qui a vu le paradigme EDI (dont je suis critique) la probable cause d’une collision de deux appareils volants.