Que fait-on si la foule hue la déclaration du club Canadien de Montréal ?

Publié le 20 octobre 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Le club Canadien a dernièrement décidé qu’au début de chaque partie de hockey tenue au Centre Bell, on prononcerait une déclaration selon laquelle ce centre sportif serait construit sur un territoire mohawk non cédé.

Cette initiative suscite des réactions diverses au sein de la classe politique québécoise.

Résumé historique

Au cours de son deuxième voyage au Canada, Jacques Cartier est accueilli en 1535 dans le village iroquoien d’Hochelaga, situé sur l’ile de Montréal.

Précisons que l’adjectif iroquoien n’est pas synonyme d’iroquois. Dans sa rubrique consacrée aux Iroquoiens du Saint-Laurent, Wikipédia débute par l’avertissement “Ne doit pas être confondu avec Iroquois”.

À l’époque de Jacques Cartier, les Iroquoiens du Saint-Laurent peuplaient toute la vallée du Saint-Laurent, y compris l’ile de Montréal.

Toutefois, ils avaient complètement disparu au siècle suivant lorsque Samuel de Champlain débarque au Canada.

Que s’est-il passé entretemps ? Cette question divise les historiens.

Les uns émettent l’hypothèse d’un choc viral; les Européens auraient contaminé involontairement les Autochtones par un ou plusieurs virus mortels.

D’autres experts croient que la vallée du Saint-Laurent aurait connu une mini-glaciation qui aurait provoqué une succession de mauvaises récoltes de maïs (la céréale de base de l’alimentation autochtone) et ainsi provoqué la famine.

Les Iroquois ont échappé à cela parce qu’ils vivaient plus au sud, dans ce qui est aujourd’hui l’État de New York.

Alliés aux Anglais, les Iroquois ont mené des razzias contre les Français installés à Lévis (en face de la ville de Québec) et à Montréal. Mais ils n’ont jamais peuplé l’ile. Jamais.

Le poids des mots

Lorsqu’un paysan construit une ferme sur le terrain de son voisin, cette ferme appartient non pas à celui qui l’a construite mais à celui qui possède le terrain.

Lorsqu’on dit d’une région qu’il s’agit d’un territoire mohawk non cédé, cela veut dire que ce territoire leur a été volé.

Si c’est le cas, les Mohawks sont justifiés d’intenter des poursuites en vue d’obtenir des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars de dédommagements puisque tout qui se trouve actuellement sur l’ile est à eux.

Les politiciens qui soutiennent la thèse fallacieuse du territoire non cédé agissent de manière irresponsable.

Ils incitent les Mohawks à réclamer justice. Or si ces derniers intentent des poursuites, ils n’ont pas la moindre chance de l’emporter.

Ce qui accentuera leur ressentiment à la fois contre la justice des ‘Blancs’ et contre les Québécois, descendants de leurs ennemis en Nouvelle-France.

Au lieu d’être un geste de vérité et de réconciliation, c’est exactement le contraire; une fausseté qui ravive des rancunes séculaires.

Une boite de Pandore

Tout comme le premier ministre Cameron n’avait pas prévu que le peuple britannique voterait pour le Brexit, il est probable que les dirigeants du club Canadien de Montréal n’ont pas envisagé la possibilité que leur texte de reconnaissance territoriale soit hué par la foule.

D’un match à l’autre, si les partisans du Canadien développent cette habitude, les dirigeants du club réaliseront qu’ils ont ouvert une boite de Pandore.

Cette déclaration publique est une occasion offerte à la foule de réagir. Si la foule hue cette déclaration, est-ce en raison d’un désaccord quant à sa véracité ou par racisme à l’égard des Mohawks ?

Tout l’élite politico-médiatique anglo-canadienne verra dans la réaction de la foule une preuve supplémentaire du racisme des Québécois.

En contrepartie, les Québécois y verront une preuve supplémentaire de l’hypocrisie de cette élite, toujours désireuse de nous faire porter le poids des politiques génocidaires d’Ottawa.

On peut anticiper que cette décision du club Canadien favorisera l’éveil nationaliste d’une grand nombre de Québécois.

C’est au moins ça de bon.

Références :
Jacques Cartier
Iroquoiens du Saint-Laurent
L’initiative du Canadien divise à Québec
Proximité autochtone québécoise d’hier à aujourd’hui (2021-03-01)
Un texte de reconnaissance territoriale lu avant chaque match au Centre Bell

Paru depuis : Réplique (en anglais) des Mohawks (2021-10-22)

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2 commentaires à Que fait-on si la foule hue la déclaration du club Canadien de Montréal ?

  1. Jacques Cardinal dit :

    Bien dit, j’espère que les francophones ne huerons pas au centre Bell, mais pour ma part je vais me désintéresser du hockey.

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Les joutes sportives sont de formidables outils de propagande. Voilà pourquoi les pétromonarchies investissent tant dans le sport professionnel.

      Voyez aux États-Unis; à force de leur répéter une fausseté, les gens finissent par y croire.

      La propagande anglo-canadienne veut nous convaincre que la Nouvelle-France s’est construite sur la dépossession violente des peuples autochtones (comme c’est le cas du Canada).

      Il est de notre devoir de contrer cette propagande, par respect pour nos ancêtres dont on tente ainsi de salir la mémoire.

      Voilà pourquoi j’espère que les Québécois, indépendamment de leurs allégeances politiques, seront nombreux à huer le grossier mensonge du club Canadien.

      En répétant faussement aux Mohawks que les Québécois leur ont volé leurs terres, ce club sportif souffle sur les braises de l’intolérance.

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