L’assimilation pure et simple des immigrants — au sens du renoncement à leur culture d’origine — est un appauvrissement, autant pour la société d’accueil que pour les personnes concernées.
Parmi les solutions de rechange à l’assimilation, il y a le multiculturalisme, la convergence culturelle, et l’interculturalisme.
Le multiculturalisme est simple; c’est une forme de tribalisme où on perpétue activement l’appartenance ethnique en tant que facteur identitaire.
De son côté, la convergence culturelle est le métissage culturel au sein d’un creuset où le français est la langue commune.
Mais qu’en est-il de l’interculturalisme ?
À plusieurs reprises, j’ai cherché à comprendre ce concept sans vraiment y parvenir.
Après avoir qualifié l’interculturalisme de « charabia woke sans queue ni tête », j’ai lancé sur Twitter le défi à quiconque d’expliquer en 128 caractères la différence entre le multiculturalisme et l’interculturalisme.
Ce défi a été relevé de manière brillante par Rémi Vachon. Effectivement, ce dernier résume assez bien le peu que j’en avais compris.
Mais son résumé contient une ambigüité; l’éléphant dans la pièce, c’est la place de l’anglais.
Que sont ‘la/les cultures locales’ ? Il est évident que les langues autochtones en font partie. Mais si on considère le français comme une culture locale —‘naturalisée’ après un demi-millénaire de présence française sur le territoire national — pourquoi en serait-il différemment de l’anglais, présent ici depuis des siècles.
Alors il y a deux possibilités.
Si l’anglais et le français font tous deux partie de la liste des langues locales que l’État doit valoriser, c’est qu’il n’y a pas de différence réelle entre le multiculturalisme et l’interculturalisme.
Par contre, si l’interculturalisme valorise le français et les langues autochtones, mais considère l’anglais comme une langue étrangère, ne serions-nous pas en présence d’un nationalisme ethnique qui se cache sous les traits vertueux de l’inclusivité (à l’égard des langues autochtones) et d’un anticolonialisme limité à l’anglais ?
Références :
Interculturalisme
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Complément de lecture :
La convergence culturelle : communion et symbiose
Alors on fait quoi avec l’interculturalisme de Gérard Bouchard?
L’influence intellectuelle de Gérard Bouchard a culminé à l’époque du gouvernement de Philippe Couillard.
Ses écrits au sujet des accommodements raisonnables sont encore pertinents aujourd’hui. Mais sa défense de l’interculturalisme a mal vieillie.
Parue en 2012, son livre n’offre aucune piste de solution pour résoudre l’anglicisation de Montréal, un problème complètement occulté à l’époque Couillard.
En somme, sa thèse est une généralisation sociologique à partir de sa réflexion au sujet des accommodements raisonnables; le rapprochement interculturel qu’il propose vise à atténuer les inquiétudes jugées irrationnelles quant à l’avenir du français au Québec.
Compte de l’ampleur de l’anglicisation anglaise dont les francoQuébécois viennent seulement de prendre conscience depuis peu, sa thèse coupée de la réalité est destinée à sombrer dans l’oubli.
Référence :
Gérard Bouchard. L’Interculturalisme. Un point de vue québécois.