Le ‘scandale du deuxième bain par semaine’ a éclaté grâce aux révélations de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Rappelons que dans certains hospices publics, les préposés se faisaient un revenu d’appoint en donnant un deuxième bain par semaine à ceux qui les payaient pour ce faire.
Que ce bain ait été donné durant les heures au cours desquelles ces préposés étaient rémunérés ou que cette tâche ait été accomplie en dehors de leurs heures de travail, la CAQ était contre.
Le résultat est que tous ces vieillards ne reçoivent plus qu’un seul bain par semaine, faute de personnel (selon le ministre Barrette).
Comme tous les partis de droite, la CAQ voit ceux qui dépendent de l’État comme des boulets économiques, voire des parasites de la société.
Aussi a-t-on été surpris d’apprendre le mois dernier l’intention de la CAQ de construire — au cours de son premier mandat de quatre ans si elle est élue — une trentaine de Maisons des ainés, propres et modernes, capable de loger un maximum de cent-trente personnes chacune, soit un total de 3 900 places en quatre ans. C’est 975 places par année.
Il y a déjà 37 500 places dans les hospices publics du Québec. Ces 975 places représentent trois pour cent des places existantes.
L’intention de la CAQ est donc de remplacer annuellement trois pour cent des places offertes dans les hospices publics par des places plus attrayantes.
Les 37 500 vieillards en perte d’autonomie actuellement hébergés dans nos hospices publics sont la pointe d’un iceberg. Ils représentent des personnes nées avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale ou nés au tout début d’une vague de babyboumeurs — dont l’immense majorité est encore très en forme — mais qu’on devra tôt ou tard placer.
Selon le rapport gouvernemental Les aînés au Québec, paru en 2017, il y a 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus dans la province. Ce 1,6 million de vieux est suivi par plus de gens, soit 1,8 million de personnes âgées de 50 à 65 ans qui seront presque tous à la retraite dans vingt ans.
Ce vieillissement de l’ensemble de la population québécoise s’explique par une hausse de l’espérance de vie et par la forte dénatalité qui a succédé au babyboum. Cette dénatalité a diminué l’importance démographique des générations suivantes.
Si la mise à la retraite des vieux est responsable des faibles taux de chômage en Amérique du Nord, cette bonne nouvelle est annonciateur d’une bombe à retardement; leur perte d’autonomie.
Pour faire face à l’accroissement démographique des vieillards d’ici vingt ans, la CAQ ne promet pas d’augmenter le nombre de places disponibles, mais d’améliorer le confort de celles qui seront offertes.
Selon les calculs de Radio-Canada, cette promesse coutera vingt-milliards. À première vue impressionnant, cet engagement s’étendra sur vingt ans. Ce qui signifie une dépense annuelle d’un milliard de dollars, soit une dépense dans le domaine du raisonnable.
D’autant plus raisonnable que seule une partie de cette somme sera dépensée par l’État. En effet, les Maisons des ainés seront financées en mode PPP (partenariat public-privé).
Ce mode de financement, toujours désavantageux pour les contribuables, transforme l’accomplissement d’une mission de l’État en occasion d’affaires, c’est-à-dire d’enrichissement privé.
Concrètement, la volonté de la CAQ est de réduire en vingt ans le nombre de places abordables dans nos hospices de 37 500 à 18 000 et que la différence — 19 500 places — soient offertes dans des établissements semi-privés dont les couts d’hébergement seront plus onéreux, selon l’appât du gain des investisseurs tentés par l’aventure.
C’est une réduction de l’offre de places abordables, au cout de vingt-milliards$ et d’une somme indéterminée de frais d’hébergement pour les vieillards placés dans les Maisons des ainés de la CAQ.
En somme, la CAQ promet moins pour beaucoup plus cher.
Références :
La Vérif : les maisons des aînés de la CAQ coûteraient 20 milliards d’ici 2038
Le partenariat public privé (PPP) et la corruption libérale
Les aînés du Québec
Paru depuis :
Maisons des aînés : « Pari perdu », les nouveaux prix sont encore plus élevés (2022-05-04)