La campagne électorale au Québec : le vendredi 17 août 2012

Le 18 août 2012


 
Le Parti libéral présente son cadre financier

Le programme électoral du PLQ fait 28 pages dont les trois dernières représentent le cadre financier de ses engagements électoraux. On y présente les grandes lignes du budget projeté pour l’année 2013-2014 et le détail des dépenses et pertes de revenus occasionnées par ces promesses lors de la cinquième année d’un quatrième mandat libéral.

Puisque monsieur Charest ne s’est jamais rendu à la cinquième année de ses trois mandats précédents, je ne commenterai pas les deux pages spéculatives du budget de l’an 5. Il reste donc la page concernant l’année 2013-2014.

En manchette : le Parti libéral compte atteindre l’équilibre budgétaire en 2013-2014. Rappelons que cet équilibre existait déjà avant l’accession de monsieur Charest au pouvoir.

En 1996, le premier ministre péquiste Lucien Bouchard faisait adopter la « Loi sur l’équilibre budgétaire » (surnommée Loi du déficit zéro). En mars 1999, le ministre des Finances Bernard Landry annonçait fièrement que le gouvernement du Québec avait réalisé son premier surplus financier depuis quarante ans. Cette orientation fut maintenue lorsque Pauline Marois succéda à Bernard Landry aux finances du Québec.

Lors de la crise économique mondiale, le gouvernement Charest avait fait adopter — sous le bâillon — son projet de Loi 40 (qui suspendait l’application de la Loi du déficit zéro).

De nos jours, les trois principaux partis politiques se proposent d’atteindre l’équilibre budgétaire au cours des prochaines années. Mais, comme on vient de le voir, monsieur Charest a bien tort de laisser entendre que seul un gouvernement libéral peut y parvenir.

Le Parti libéral évalue le coût de ses promesses électorales à 1,2 milliards$ qui, réparties sur cinq ans, donnent une moyenne annuelle de 245 millions$. Pour financer cela, monsieur Charest abaissera la croissance de l’ensemble des dépenses de l’État à 2% alors que le présent budget de l’État prévoit une croissance de 3% : ce ralentissement de croissance dégagera une marge de plus de 600 millions de dollars$ annuellement… à la condition que la croissance des revenus de l’État se maintient au niveau actuel, soit 2% par année.

Quant à cette croissance anticipée des revenus, elle se fonde sur une croissance économique anticipée de 2% annuellement pour les cinq prochaines années, ce qui est extrêmement douteux, du moins dans un avenir prévisible. Bref, de la foutaise.

Références :
Budget du gouvernement québécois pour l’année 2000-2001
Budget du gouvernement québécois pour l’année 2001-2002
Dévoilement du programme électoral et du cadre financier
Cadre financier : Jean Charest joue la carte de la rigueur

La CAQ présente son cadre financier

Tout comme le chef libéral, François Legault présentait hier le cadre financier de ses promesses électorales, les plus couteuses des trois principales formations politiques. Ce document de six pages porte exclusivement sur ce cadre financier : il est donc plus détaillé que celui du Parti libéral, qui n’en réservait que trois à cette fin. Pour être franc, il est admirablement bien présenté.

À l’exclusion de l’année 2014-2015, la CAQ prévoit des surplus budgétaires pour chacune des cinq ans d’un gouvernement caquiste.

Puisque les promesses caquistes ne seront pas toutes mises en œuvre dès la première année, on trouvera ci-dessous que le sommaire pour l’année 2013-2014 seulement.

Afin de financer ces engagements, la CAQ prévoit près d’un milliard$ de revenus supplémentaires :
• 416 millions$ en diminuant de moitié l’exonération sur le gain en capital (sauf pour le secteur agricole et la vente d’une propriété principale),
• 127 millions$ en réduisant les crédits d’impôt pour dividendes,
• 200 millions$ en réduisant les crédits d’impôt aux entreprises,
• 150 millions$ en augmentant les redevances minières.

Cette formation politique prévoit également des coupures importantes dans les dépenses de l’État :
• 110 millions$ grâce à des gains d’efficacité chez Hydro-Québec (en fait, des coupures de postes),
• 250 millions$ à la réduction des honoraires des pharmaciens,
• 50 millions$ à la diminution de la consommation des médicaments,
• 30 millions$ à l’abolition des agences de santé et des services sociaux,
• 10 millions$ à l’amélioration de la gestion des achats et des immobilisations effectués par les maisons d’enseignement.

Bref, le total de ces économies et de ces nouveaux revenus financerait les dépenses caquistes. Toutefois, tout ce bel échafaudage repose sur une croissance anticipée de 2% annuellement pour l’économique québécoise pendant les cinq prochaines années, ce qui est totalement irréaliste, du moins dans un avenir prévisible. Bref, de la comptabilité sous l’influence du LSD.

Référence : Legault ne reniera aucune promesse

Le PQ dévoilera son cadre financier plus tard dans la campagne

Jusqu’à maintenant, le Parti Québécois est celui qui a promis le moins de nouvelles dépenses. Madame Marois a indiqué que sa formation politique dévoilera plus tard au cours de la campagne électorale, le cadre financier de ses promesses.

Puisqu’il n’y a rien à dire, on me permettra de commenter une déclaration de François Legault relative au PQ. Le chef de la CAQ a affirmé : « Contrairement au Parti Québécois, on n’est pas obsédé à gagner le prochain référendum puis à faire des compromis avec tous les groupes de pressions pour les mettre de notre côté.»

Depuis le début de la campagne, le parti qui s’expose le plus à l’accusation de chercher à acheter le vote par des promesses dépensières, c’est la CAQ et non le PQ.

De plus, le Parti libéral et le PQ, minimisent tous deux l’impact de leurs coupures budgétaires — purement administratives, disent les Libéraux — alors que la CAQ souligne, au contraire, qu’il s’agit d’un grand ménage, au grand plaisir d’un électorat ulcéré par le gaspillage et la corruption.

On peut donc anticiper qu’une fois au pouvoir, un gouvernement caquiste aurait plus de mal à rassurer ses partenaires sociaux et à leur faire accepter ses réformes. Le chef du Parti libéral n’a donc pas complètement tort en accusant la CAQ d’être le parti de la chicane, une accusation inusitée de la part d’un Premier ministre qui comptait sur le conflit étudiant pour se faire réélire.

Référence : Marois fera pour 1 milliard de promesses

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