Depuis quelques jours, des voix s’élèvent pour réclamer que le gouvernement canadien vienne en aide aux peuples autochtones afin qu’ils se puissent se prémunir contre le Covid-19.
C’est ainsi qu’Anna Banerji, professeure à l’Université de Toronto, a lancé une pétition réclamant l’envoi de militaires et de réservistes canadiens, de même que l’expédition de matériel médical aux communautés nordiques du pays.
Sans qu’il y ait encore de morts, on compte actuellement 8 personnes infectées au Yukon, 5 dans les Territoires du Nord-Ouest, aucun dans le Nunavut et un nombre inconnu dans le Nunavik (le Nouveau-Québec).
À sa conférence de presse de ce matin, le premier ministre du Canada a déclaré : « On a eu deux demandes spécifiques du Québec pour envoyer l’armée au Nunavik et à la Basse-Côte-Nord.»
Il est certainement souhaitable que les dispensateurs de soins qui exercent dans ces collectivités éloignées aient des tests de diagnostic, du matériel de protection (gants, masques et visières), des respirateurs, de même que les médicaments nécessaires au soulagement symptomatique des gens atteints.
Mais il faut être très prudent quant à l’envoi de militaires canadiens, c’est-à-dire de gens qui pourraient provoquer l’éclosion de la pandémie là où elle n’est pas encore apparue.
Entre le quart et la moitié des personnes contagieuses sont asymptomatiques.
De plus, certaines personnes sont entrées en contact avec le virus depuis tellement peu de temps que leur nez et leur gorge ne sont pas encore devenus des centres de production du virus.
Parmi les militaires et les réservistes que pourrait envoyer le gouvernement, il y aura très certainement des gens qui seront contagieux une fois sur place alors qu’ils étaient encore négatifs au moment de leur départ pour le Grand-Nord canadien.
Bref, si le gouvernement québécois demande l’aide d’Ottawa pour que l’armée achemine du matériel médical au personnel soignant, c’est une excellente idée.
Par contre, l’envoi de soldats et de réservistes fait partie de ces fausses bonnes idées, susceptibles de faire plus de tort que de bien.
Le meilleur remède contre le Covid-19 est de ne pas l’attraper. S’il est vrai que l’éloignement des peuples autochtones est un handicap à leur accès aux soins, par contre cet isolement est un grand avantage lorsque sévit partout ailleurs une pandémie mortelle.
Références :
Au moins 15 cas dans les communautés autochtones, l’armée prête à intervenir
Canada’s bid to beat back coronavirus exposes stark gaps between the provinces
Covid-19 : évaluation actuelle de l’importance des porteurs asymptomatiques
Parus depuis :
L’intense mobilisation des communautés autochtones pour lutter contre la pandémie (2020-05-11)
Une situation « pire qu’elle ne l’a jamais été » ailleurs au Québec (2021-11-08)
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