© 2010 — Toxa/Sovimage (image tirée d’un épisode sur Tou.TV)
Depuis déjà deux mois, j’écoute la série télévisée « Musée Éden » sur le site Tou.tv.
Ce téléroman est absolument extraordinaire. Le scénario est plein de rebondissements, la photographie est exceptionnelle, les acteurs généralement excellents, bref tout y est admirable. Chaque épisode a d’ailleurs coûté près d’un million de dollars (600 000 euros). Le neuvième et dernier épisode de la première saison se termine par un plan qui est l’un des plus beaux que j’ai vus à la télé de toute ma vie.
L’histoire tourne autour d’un musée ayant réellement existé au début du XXe siècle et sur l’hypothèse selon laquelle certains des meurtres de Jack l’Éventreur auraient été commis par un médecin montréalais d’origine écossaise.
Évidemment, c’est un téléroman de gars, avec des personnages plus grands que nature, une histoire sadique à souhait, un univers brutal et sale, mais aussi deux histoires d’amour en parallèle afin d’humaniser un peu le propos.
L’écueil de n’importe quel téléroman dont l’action se situe dans le passé, c’est l’anachronisme, par exemple Charlemagne écoutant son iPod.
Dans « Musée Éden », l’anachronisme, c’est cette montre que porte le comédien Jean-Nicolas Verreault (jouant le rôle de l’époux de la propriétaire du musée) dans le huitième épisode de la sérié (photo ci-dessus).
Donc, nous somme à Montréal en 1910. À cette époque, les hommes ne portent pas encore de montre-bracelet, mais plutôt des montres de gousset (ou montres de poche).
À la fin du XIXe siècle, on avait bien inventé des montres-bracelet pour femme mais lorsqu’on a voulu en faire pour homme, plusieurs années plus tard, ce fut un échec commercial retentissant, les hommes refusant d’en porter puisque cela faisait trop efféminé selon eux.
C’est seulement lors de la Première guerre mondiale, qu’on s’est rendu compte des inconvénients de la montre de poche.
En effet, lorsqu’on devait coordonner l’attaque simultanée de soldats de plusieurs tranchées contre des positions hostiles, on devait déclencher cette attaque à un moment très précis. Imaginez le soldat, chargé comme un mulet, qui doit déboutonner son long manteau imperméable — appelé “Trench-coat” du mot “Tranchée” — afin de consulter sa montre de gousset, puis reboutonner son manteau d’une main, tenant peut-être son fusil de l’autre, et finalement qui gravit l’escalier qui lui permet de sortir de sa tranchée pour s’exposer au feu de l’ennemi…
D’où l’habitude qu’on a prise alors d’attacher, à l’aide de lanières de cuir, sa montre à son poignet. On trouve encore aujourd’hui sur eBay de ces vieilles montres, énormes, datant de cette époque. Évidemment, après la guerre, la mode de la montre-bracelet s’est imposée d’elle-même.
Donc une montre-bracelet pour homme en 1910, c’est un peu comme l’iPod de Charlemagne…