Le Vatican et la vie

Publié le 28 mai 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Après avoir qualifié l’avortement de crime lors d’un discours prononcé devant un groupe opposé à l’interruption volontaire de la grossesse, le cardinal Ouellet nuance : c’est un désordre moral. En s’exprimant ainsi, le cardinal n’émet pas seulement un point de vue personnel; il parle au nom de l’Église catholique dont c’est la position officielle. De nos jours, cette dernière est un défenseur de la vie et ce, dès le moment de la conception. Toutefois, cet appui inconditionnel à la vie est relativement récent.

À l’époque où on brulait les sorcières, on ne se souciait pas de savoir si elles étaient enceintes. Si elles l’étaient, les flammes purificatrices du bûcher faisaient alors une pierre deux coups puisqu’on se débarrassait également du fruit du péché ou d’un enfant du diable puisque tout le monde sait que les sorcières s’accouplent avec Satan en personne…

Durant l’Inquisition espagnole, qui fit des milliers de morts, l’Église catholique n’était pas particulièrement obsédée par le respect de la vie, alors que ses Dominicains soumettaient les accusés à la question (c’est-à-dire à la torture) ou les condamnaient à mort. En fait, jusque vers 1600, toute conversion à une religion autre que chrétienne était passible de la peine de mort en Espagne.

Durant le massacre de la Saint-Barthélemy, en 1572, l’Église n’a pas levé le petit doigt pour calmer l’ardeur des exterminateurs catholiques contre les Huguenots français.

Au cours de la croisade contre les Cathares (des hérétiques du Sud de la France, au XIIIe siècle), Arnaud Amalric, le légat du pape, écrit à Innocent III au sujet du massacre de Béziers, en 1209 : « Les nôtres, n’épargnant ni le sang, ni le sexe, ni l’âge, ont fait périr par l’épée environ 20 000 personnes et, après un énorme massacre des ennemis, toute la cité a été pillée et brulée. La Vengeance Divine a fait merveille. »

C’est seulement après la séparation entre l’État et l’Église, que cette dernière ne pouvait plus se servir de l’appareil répressif de l’État (l’armée, la police, les tribunaux, les prisons et les bourreaux) pour lui faire faire la sale besogne. Privée de tout moyen de punir à part l’excommunication et la menace effrayante des feux de l’enfer, l’Église s’est redéfinie comme une religion d’amour et de pardon.

En conclusion, je ne reprocherai jamais à quelqu’un d’avoir des principes moraux. Toutefois, ce que je regrette, c’est cette manie de certains de vouloir imposer leurs principes à ceux qui ne les partagent pas. De plus, je me demande quel amour peut escompter le nourrisson affamé qui pleure, alors que ses cris incessants rappellent à sa mère ceux du géniteur au moment du viol qu’elle a subit.

Références :
Inquisition espagnole
Le débat sur l’avortement est rouvert et doit le rester, dit le cardinal Ouellet
Le fin mot de l’histoire: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» – Arnaud Amaury
Massacre de la Saint-Barthélemy

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Écrit par Jean-Pierre Martel