S’habiller pollue

Publié le 29 août 2019 | Temps de lecture : 5 minutes

Avant propos : la version originale de ce texte incluait un court documentaire vidéo que j’ai retiré le lendemain parce qu’il manquait de rigueur.

Importance de l’industrie textile

En 2014, la valeur des exportations mondiales de textile a été de 314 milliards$US.

En milliards de dollars américains, les cinq principaux pays exportateurs ont été :
• la Chine (124),
• l’Union européenne (25,5),
• l’Inde (20),
• les États-Unis (15,5) et
• la Turquie (14,4).

De 1994 à 2014, en ne considérant que les fibres textiles — ce qui exclut le cuir et la fourrure — la mode des tissus innovants, voire ‘intelligents’ a fait passer l’importance des fibres synthétiques de 51 % à 71 % de toutes les fibres produites.

Au cours de cette période, l’importance du coton déclinait de 45 % à 28 %.

Loin derrière, la production de laine passait de 4% à 1%.

Chaque année, on produit cent-millions d’articles de mode (vêtements et d’accessoires) à travers le monde, soit le double qu’il y a quinze ans.

Afin d’éviter l’apparition d’un marché gris, la maison H&M brule 60 000 tonnes d’invendus par année.

Empreinte environnementale

En raison de la croissance des ventes, l’industrie de la mode est devenue une des plus polluantes. Sa production de gaz à effet de serre est moindre que celle de l’ensemble des moyens de transport, mais dépasse spécifiquement l’impact des transports maritime et aérien réunis.

La production d’un kilo de coton exige l’utilisation de 2 700 à 5 000 litres d’eau. Au premier abord, cela parait beaucoup. Toutefois, c’est autant que pour produire un kilo de légumineuses (4 055 litres) ou de poulet (4 325 litres).

Là où le coton se distingue, c’est quant à l’utilisation des pesticides et des engrais; de toutes les productions végétales, la culture cotonnière est la plus gourmande.

La mondialisation

De plus, entre la plante et le vêtement, le coton voyage beaucoup.

Entre sa production (en Chine, principalement), son tissage (en Chine ou en Inde), sa coloration très polluante quelque part au Tiers-Monde, sa confection (au Bangladesh, au Pakistan ou au Vietnam) et son acheminement sur les marchés internationaux, le coton aura parcouru des dizaines de milliers de kilomètres.

Cette mondialisation repose sur le bas cout des hydrocarbures.

En plus, dans le cas des fibres synthétiques, celles-ci sont des produits de l’industrie pétrochimique.

Si le prix des hydrocarbures augmentait de manière dramatique, les distances parcourues diminueraient tout autant, le prix des vêtements augmenterait et les consommateurs les choisiraient judicieusement et prolongeraient leur durée de vie.

Pour maintenir bas le prix du pétrole — essentiel à cette mondialisation — nos pays doivent provoquer la guerre dans les pays producteurs d’hydrocarbures afin de les motiver à maximiser leur production pour soutenir l’effort de guerre.

Le cout humain et environnemental des conflits armés nécessaires à la mondialisation n’est jamais comptabilisé. C’est un tabou. Aucun organisme environnemental n’en tient compte.

Il est anormal qu’un litre d’essence provenant de Moyen-Orient coûte à peu près le même prix qu’un litre québécois d’eau embouteillée. Lorsque le prix de l’essence sera devenu exorbitant, on produira et consommera localement.

Ce qui réduira d’autant l’empreinte environnementale de l’industrie textile. On ne se mettra pas à produire du coton au Québec ou en France, mais on évitera de le transporter aux quatre coins du monde entre la production de la plante et la confection du vêtement.

Le recyclage insuffisant

En Europe, 80 % des vêtements en fin de vie sont jetés et exportés vers les sites d’enfouissement ou d’incinération dans les pays du Tiers-Monde. Ce qui augmente encore leur empreinte environnementale.

Entre 15,6 % et 20 % connaissent une deuxième vie. Cette seconde vie prend plusieurs aspects :
• la vente dans des boutiques de vêtements d’occasion,
• le découpage pour la fabrication de chiffon,
• la récupération des fibres pour tisser des textiles neufs,
• l’effilochage des fibres à des fins de rembourrage ou d’isolation thermique,
• la réutilisation des fibres en papeterie ou en cartonnage, et
• la combustion à des fins de chauffage dans des incinérateurs.

Quelques conseils

Afin de prolonger la durée de vie des vêtements, il est suggéré :
• de ne pas les laver trop souvent,
• d’éviter les cycles à consommation excessive d’eau,
• de laver à l’eau froide,
• d’éviter d’ajouter des quantités excessives d’eau de Javel (ce qui abime les fibres) ou de savon,
• d’éviter si possible le nettoyage à sec,
• de privilégier le séchage au vent (puisque les sécheuses électriques représentent environ 15 % de la dépense énergétique d’un ménage, exclusion faite du chauffage) et
• de choisir des assouplisseurs de tissus écologiques,

Il est également suggéré de réparer ses vêtements ou, à défaut, de les amener chez une couturière même si, bien souvent, les retouches finissent par couter aussi cher que l’achat d’un vêtement neuf. Au moins, cela fait vivre des gens de notre quartier.

Références :
Combien d’eau est utilisée pour produire les aliments?
Des services de location de vêtements pour aider l’environnement
Pourquoi s’habiller pollue la planète
Rapport de l’Union des industries textiles
Réduisons de gaspillage textile
Sécher son linge au vent, à Shanghai

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