Les communications, une priorité chinoise
Pour la première fois en 2011, la Chine s’est classée au premier rang mondial quant au nombre de demandes de brevets.
Selon le World Intellectual Property Indicators 2012, sur les 2 140 000 millions d’inventions dans le monde en 2011, 526 412 venaient de Chine, soit 24,6 % (en comparaison avec 23,5 % de provenance américaine).
Cette première place, la Chine l’a perdue puis regagnée depuis.
En 2015, le nombre de brevets chinois était supérieur au total des brevets américains, japonais, coréens et européens.
En Chine, le Treizième plan quinquennal de développement s’étend de 2016 à 2020. Il place le secteur des communications au niveau des grandes priorités nationales.
Il est donc normal qu’un jour, la technologie chinoise dépasse la technologie américaine dans certains domaines. C’est le cas aujourd’hui de la téléphonie mobile.
Après des investissements de l’ordre de 17,5 milliards$US depuis 2015, le réseau téléphonique chinois possède déjà la densité nécessaire à l’acheminement de quantités massives de données, comme c’est le cas en 5G.
Par kilomètre carré, il y a 1,37 tour Wifi (de relai ou de diffusion) en territoire chinois et 0,10 tour (treize fois moins) en territoire américain.
Bref, au niveau de l’acheminement des données sur son territoire, la Chine est plusieurs années en avance sur les États-Unis.
Les générations de la téléphonie mobile
La première génération de la téléphonie mobile (nommée 1G à postériori), débute avec la naissance du téléphone portable.
Les autres générations sont les suivantes :
• la 2G ajoutait le pouvoir d’échanger des textos,
• la 3G donnait accès à l’internet,
• la 4G augmentait la bande passante de manière à permettre la diffusion de vidéos en continu,
• la 5G devrait être environ cent fois plus rapide que la 4G.
Cette augmentation de la vitesse de transmission est liée à la rapidité des puces électroniques qui équipent le matériel téléphonique.
Ce matériel, c’est à la fois celui des réseaux téléphoniques (qui doivent avoir la puissance nécessaire) et les téléphones portables (qui doivent être capables de recevoir brutalement toutes ces données).
Les problèmes d’Apple
Jusqu’ici, Intel fabriquait les puces à modem des iPhone. Mais le 16 avril dernier, Intel abandonnait la course et renonçait à fabriquer des puces 5G.
Ce qui rend impossible le développement d’un iPhone 5G sans qu’Apple se trouve un nouveau fournisseur.
Or ils sont rares : ce sont l’américaine Qualcommm (chef mondial du 5G), la coréenne Samsung, et la chinoise Huawei.
Les deux derniers, Samsung et Huawei, sont aussi des fabricants de téléphones portables et donc, des compétiteurs directs d’Apple.
Quant à Qualcomm, un différend l’opposait à Apple jusqu’ici; Qualcomm poursuivait Apple, accusant celui-ci d’avoir violé ses brevets sur tous les modèles actuels d’iPhone.
Le 16 avril dernier, Apple et Qualcomm enterraient la hache de guerre. Coïncidence; c’était le jour où Intel décidait de jeter la serviette au sujet du 5G.
Mais Qualcomm vend ses puces chères. Plus chères que les autres. Et Apple, à genoux devant Qualcomm, n’est pas en position de forcer Qualcomm à baisser ses prix.
Le résultat final de tout cela, c’est qu’Apple traine la patte dans le développement des téléphones portables 5G.
Partie nulle, pour l’instant
Dans la course technologique qui les oppose, les États-Unis sont encore les chefs mondiaux dans la fabrication des puces 5G.
Pour ce qui est de l’équipement des réseaux téléphoniques, Huawei devrait continuer de dominer le marché en dépit des nuisances de Donald Trump.
Quant aux téléphones portables, les États-Unis doivent accuser leur retard; Apple sortira ses iPhones 5G des mois après ses concurrents asiatiques.
C’était à prévoir…
Références :
A deeper tech concern is at the core of the U.S.-Huawei spat
Apple had four terrible options to get the iPhone to 5G, so it went with the least of all evils
5G
Intel se retire du marché des puces 5G pour téléphones intelligents
La Chine, dragon de l’innovation
La Chine championne du monde des dépôts de brevet
La 5G, ou la promesse de la communication entre machines
Rettino-Parazelli K. Le protectionnisme numérique. Forces 2018; no 194: 24-7.
Les priorités de la Chine dans le cadre d’un accord de libre-échange avec le Canada
World Intellectual Property Indicators 2012
Parus depuis :
5G: Samsung fait son entrée au Canada grâce à Vidéotron (2019-12-13)
Géopolitique de la science : la Chine accélère (2022-06-29)