Le Groupe de Beaver Hall (3e partie)

Le 2 février 2016
Scénographie de la troisième salle

C’est dans la représentation de Montréal (et dans une moindre mesure, de Québec) que le Groupe de Beaver Hall affirme sa modernité.

Les membres du groupe sont des citadins enthousiastes, fascinés par la frénésie commerciale et industrielle de la métropole, synonyme dans leur esprit du progrès.

Cet attrait pour la modernité fait en sorte que le Vieux-Montréal, en dépit de son pittoresque, est plutôt ignoré d’eux.

Mais ce modernisme est moins lié au choix de leurs sujets qu’à la manière de les représenter. Une audacieuse synthèse de formes, de motifs et de couleurs constitue le véritable attrait de leurs œuvres.

Ils entretiennent avec la ville un rapport d’intimité en la montrant, entre autres, tel qu’on peut l’observer de leur studio ou de la fenêtre arrière de leur logis de l’ouest de la ville.

Flocons. Fenêtre de l’atelier de Mabel May (1921)

L’omniprésence du patrimoine architectural religieux à Montréal ne pouvait échapper à la représentation de la ville par les membres du groupe.

La silhouette tronquée de la coupole de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde sert de fond à la vue planante des toits enneigés des maisons voisines. L’averse de neige, représentée par un rideau de taches grises, sert à unifier la composition et à accentuer la planéité du tableau.

Toits. Vue de mon atelier. Rue University de Mabel May (1925)

Contrastant avec la grisaille précédente, Mabel May montre ici l’éclat de la ville ensoleillée, telle que vue au quotidien de ceux qui l’habitent.

L’intimité de la vie urbaine est suggérée par ce linge séché à froid et soulevé par le vent.

Les élans verticaux du bâti et l’horizontalité des toits enneigés sont liés par les arabesques des branches et de leurs ombres.

Vieux-Fort. Séminaire des Sulpiciens de Sarah Robertson (1931)

Au début des années 1930, l’appartement de Sarah Robertson est situé à deux pas du séminaire des Sulpiciens.

Ce lieu devient l’occasion d’une composition vive où la simplification des objets et des personnages les réduit à des formes géométriques.

Neige fraîche d’Edwin Holgate (1933)

Cette vue plongeante de l’édifice de La Baie sur la rue Sainte-Catherine est un affrontement saisissant entre deux masses colorées, l’une rouge et l’autre blanche, décorées de lignes formant entre elles une multitude d’angles obtus ou aigus.

Le statisme du bâti est atténué par la vie urbaine, entrevue au sol.

Rue Saint-Denis d’Adrien Hébert (1927)

Dans cette composition, les piétons, les arbres et les édifices contribuent à la verticalité de l’ensemble.

Principalement bleue et gris bleuté, la toile est égayée par quelques taches vives, surtout orangées.

Rue Sainte-Catherine d’Adrien Hébert (1926)

Vêtements à la mode, nouveaux moyens de transport, enseignes lumineuses et affiches, rien n’échappe au chantre de la vie moderne qu’est ce Montréalais né à Paris.

Silo à grain No 3 d’Adrien Hébert (vers 1928)
Le Port de Montréal d’Adrien Hébert (vers 1924)

Aussi séduisantes que soient les toiles d’Adrien Hébert représentant l’effervescence des rues du centre-ville, ces œuvres ne sont modernes que par leur sujet.

Mais ce sont plutôt ses vues audacieuses de l’activité portuaire de la ville qui font de l’artiste un des plus originaux peintres Art Deco du pays.

Depuis la fondation de Montréal, le port joue un rôle essentiel dans l’économie de la ville. De nombreux photographes mais peu de peintres s’y sont intéressés.

C’est Hébert, en focalisant sur ses immenses silos et hangars plutôt que sur les navires accostés, qui révèle la beauté plastique du lieu.

La complexité architecturale des bâtiments, le jeu des perspectives en plongée et en contreplongée, et les lignes des mats, des poutres, et des passerelles qui se heurtent en partant dans toutes les directions, contribuent à décrire une bruyante activité portuaire plus suggérée que montrée explicitement.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re photo), Voigtländer 17,5 mm F/9,95 (4e et 9e photos), et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 7 mm
2e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
3e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
4e photo  : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 640 — 17,5 mm
5e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 640 — 25 mm
6e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
7e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm
8e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
9e photo  : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 400 — 17,5 mm


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2 commentaires à Le Groupe de Beaver Hall (3e partie)

  1. pierre pinsonnault dit :

    M. Martel, tout un plaisir pour l’oeil que de regarder ces toiles et de lire vos analyses. En particulier me fascine la méticulosité apportée à représenter et décrire les scènes. Tout un déploiement de patience et de talent. Et c’est BEAU sans contredit. Probablement parce que car les descriptions sont «plus suggérées que montrées explicitement» pour utiliser vos termes ! Oui, très attirantes ces toiles.

  2. sandy39 dit :

    POUR UN RENDEZ-VOUS AU PORT…

    Traversant ces rues animées, je contourne toutes ces formes ensoleillées ou enneigées… comme dans une Bande Dessinée de Gaston Lagaffe !

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