La dette relativement modeste du Québec

Publié le 21 mars 2012 | Temps de lecture : 4 minutes
© 2012 — Institut économique de Montréal

L’Institut économique de Montréal (IEDM) est un pilier de la Droite québécoise. Audacieux, il finance un « Compteur de dette publique du Québec » qui apparait depuis quelques jours comme bannière sur le site du Devoir. Il s’agit-là d’une manière originale et spectaculaire de faire réfléchir tous ces gauchistes dépensiers, apparemment nombreux parmi les lecteurs de ce quotidien.

Serais-je devenu un supporteur de l’IEDM ? Pas du tout. J’ai reproduit cette bannière pour qu’on réalise à quel point nous sommes chanceux de ne pas suivre les conseils de cet organisme.

248 milliards$ d’endettement pour une population de huit millions de personnes, c’est environ 31,000$ par personne (femme, homme ou enfant). De ce point de vue, l’IEDM a raison : c’est beaucoup.

Toutefois, en élisant des gouvernements qu’il juge dépensiers, nous nous sommes endettés afin de jouir d’une longue liste de mesures sociales : soins médicaux gratuits, hospitalisation gratuite, assurance-médicaments, enseignement primaire et secondaire gratuits, frais universitaires largement aux frais des contribuables, garderies subventionnées, pas de péage routier, assurance-chômage, pensions de vieillesse minimales, etc., etc., etc.

Selon l’IEDM, l’exemple à suivre, ce sont les États-Unis, où les riches sont moins taxés et les écarts de revenus beaucoup plus grand entre les riches et le travailleur moyen.

Selon le CIA World FactBook, en 2010, le Produit intérieur brut (PIB) américain était de 14,660 milliards$ et leur dette nationale représente 62,9% du PIB. Puisque leur population est de 313 millions de personnes, faites le calcul : cela fait une dette per capita de 29,460$, soit un peu moins que la nôtre (31,000$).

Mais il ne s’agit-là que de la dette détenue par le public. Lorsqu’on tient compte des créances et dettes administratives, la dette publique totale des États-Unis grimpe à 13,050 milliards de dollars, soit 88 % du PIB. Cela représente — tenez-vous bien — 41,693$ per capita, c’est-à-dire 34,5% plus que nous.

Après de l’agence de notation Moody’s, la cote de crédit du Québec est AA-2, soit une cote moins bonne que celles des autres provinces canadiennes (sauf celles des maritimes). Elle est identique à celle celle du Massachusetts et de la Floride : de plus, elle est meilleure que la cote d’états populeux comme la Californie et New York. On comprend donc mal l’inquiétude de l’IEDM.

Nos voisins du Sud, qui subissent à journée longue le lavage de cerveau de la machine de propagande de leur Droite, se sont endettés plus que nous sans en retirer les avantages dont nous bénéficions. Leurs taxes servent à des guerres prédatrices et à réparer les pots cassés de leur finance vorace et sans scrupule.

Beaucoup d’autoroutes américaines sont à péage. Les Américains doivent recourir à des avocats pour forcer leur compagnie d’assurance à payer leurs frais médicaux lorsqu’ils sont atteints de maladies dont les traitements sont dispendieux. Il n’y a pas de garderie publique. Pas d’assurance-médicament publique. Oubliez les jardins communautaires comme ceux offerts gratuitement aux citoyens de Montréal : c’est du communisme! Les écoles publiques y enseignent le Créationisme (c’est-à-dire que la Terre a été créée il y a environ 4,000 ans parce que c’est ce qu’on peut en déduire par une lecture littérale de la Bible). Les frais universitaires coûtent annuellement entre quelques milliers et plusieurs dizaines de milliers de dollars. Les pensions de vieillesse sont misérables.

Bref, voilà le paradis que vous promet l’IEDM si vous adhérez à sa vision du monde. Un monde de bonheur pour les possédants et un enfer pour les possédés.

De quel côté vous situez-vous?

Références :
Dette publique des États-Unis
Dette publique totale des États-Unis
Moody’s maintient la note de crédit du Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel