L’exemple chinois
À l’heure actuelle, la Chine est l’étalon auquel on mesure l’efficacité des autres États à prévenir ou combattre la pandémie du Covid-19.
Depuis des milliers d’années, la Chine est une méritocratie. Que veut-on dire par cela ?
Autant à l’époque impériale qu’à l’ère communiste, le pays est dirigé par des chefs puissants, conseillés par les mandarins, c’est-à-dire par des lettrés qui ont mérité leur influence au sein de l’État par leurs conseils judicieux.
Ce tableau idyllique doit être nuancé par les défauts inhérents à la nature humaine.
Li KeQiang est le premier ministre actuel de la Chine. Note : On doit éviter de le confondre avec le président Xi Jinping.
Lorsque le premier des deux était encore gouverneur de la province du Liaoning, il avait confié à l’ambassadeur américain à Beijing qu’il prenait à la légère certains indices économiques officiels, notamment la croissance du PIB.
Pour évaluer la véritable santé économique de sa province, le gouverneur KeQiang se basait plutôt sur trois données : la consommation d’électricité, le niveau du transport ferroviaire de marchandise et le volume de crédits émis.
Selon M. KeQiang, la concurrence vive que se livraient ses collègues les incitait à embellir la croissance économique de leur région afin de prouver leur compétence de gestionnaire et d’améliorer leurs chances d’une promotion au sein de l’appareil du Parti communiste.
Cet angle mort de la méritocratie chinoise est illustré par la réaction initiale des autorités locales à l’éclosion de l’épidémie au Covid-19.
Au début de la crise, les dirigeants de la province d’Hubei se sont empressés d’emprisonner les lanceurs d’alerte, accusés de saper l’harmonie sociale en répandant des nouvelles inquiétantes.
Mais quand il s’est avéré qu’on avait effectivement affaire à un problème sanitaire majeur, les choses ont été rapidement prises en main par Beijing.
Les autorités locales ont été limogées au profit d’hommes de confiance de Xi Jinping. Et surtout, ce dernier a ordonné la mise en quarantaine de dizaines de millions de personnes.
Parmi toutes les décisions prises par le président chinois, la plus dramatique fut l’annulation des célébrations de la Nouvelle année chinoise en février dernier.
Pendant 50 semaines par année, des centaines de millions de travailleurs chinois s’expatrient loin de leur famille afin de travailler dans une autre région du pays.
La quinzaine des festivités du Nouvel An chinois, c’est l’unique occasion de retrouver femme et enfants après un an d’absence.
Normalement, tous les trains du pays sont réquisitionnés et des centaines de millions de Chinois s’y entassent durant de longs trajets.
L’annulation de ce voyage fut une immense déception. Pourtant, les Chinois s’y sont pliés dans l’intérêt commun.
S’ils s’y étaient opposés ou si cette décision n’avait pas été prise, la Chine connaitrait aujourd’hui un sort analogue à celui de l’Italie.
L’Italie compte aujourd’hui plus de morts qu’en Chine, avec une population 21 fois moindre.
Or la réaction italienne fut un mélange de laisser-faire initial, suivi d’une fermeture des frontières lorsqu’il était déjà trop tard, alors que la contamination se faisait principalement d’Italien à Italien.
Le résultat est une catastrophe sanitaire dont l’Italie ne voit pas l’issue pour l’instant.
De nos jours, la Chine libère des médecins expérimentés afin d’aider les médecins d’autres pays et leur apporte le matériel médical qui leur manque.
Même si le Covid-19 régresse en Chine, l’épidémie pourrait néanmoins revenir puisque l’ensemble de la population chinoise n’y a pas été immunisée. Voilà pourquoi toute personne qui entre dans ce pays est automatiquement mise en quarantaine obligatoire.
C’est brillant !
(à suivre)
Paru depuis :
Have Australia and New Zealand stopped Covid-19 in its tracks? (2020-04-09)
Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci
Je suis une personne confinée depuis longtemps (motif psychiatrique). Il n’est pas question de « laisser-aller » en cette période de pandémie.