Le téléphone en voyage : l’État et nous

Publié le 3 juillet 2019 | Temps de lecture : 4 minutes

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En Finlande

Sur les trains de banlieue finlandais, une bonne partie des passagers ont obtenu leurs titres de transport sur l’Internet.

Le titre n’est pas téléchargé sur une carte à puce (comme à Montréal), mais sur le téléphone portable utilisé pour l’achat.

Le titre électronique est initialisé — on dit ‘composté’ en France — lorsque le passager dépose son téléphone sur un des lecteurs de titre sur le train.

Le passeport électronique

Les services frontaliers du Canada et des Pays-Bas testent présentement une application pour téléphone multifonctionnel qui permet de passer la frontière sans passeport.

Il suffit de télécharger une application sur son téléphone qui a pour but de stocker l’ensemble des données nécessaires.

Au lieu qu’un douanier compare la photo du passeport avec les traits de la personne devant lui, ce travail est effectué par une machine qui numérisera le visage du passager et comparera l’image obtenue à celle stockée dans son passeport numérique.

Selon ses développeurs, l’application réduit le risque de vol de données parce que les informations contenues dans le téléphone seront cryptées et qu’elles ne seront transmises que par un lien sécurisé activé par le voyageur lui-même.

Même si tout ce qui se trouve dans le passeport électronique était parfaitement sécurisé, rien n’empêche les machines qui lisent ces données d’en conserver une copie non cryptée.

Aux États-Unis

Le 7 février 2017, le secrétaire d’État américain à la Sécurité intérieure annonçait l’intention de son gouvernement d’obliger les voyageurs à révéler aux douaniers américains leurs codes d’accès aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, etc.).

Depuis, on rapporte quelques cas de Canadiens refoulés à la frontière américaine pour s’y être opposés.

En Chine

Le Xinjiang est une région chinoise située au nord-ouest du pays.

Ces jours-ci, les voyageurs qui entrent dans cette province à partir d’un pays voisin — le Kirghizistan, également à majorité musulmane sunnite — doivent confier le code d’accès de leur téléphone aux douaniers chinois.

L’appareil est confisqué pendant environ une heure.

C’est le temps que les douaniers mettent pour y effectuer une recherche de contenu louche.

Dans le cas particulier des téléphones sous Android, on y installe également une application. En raison du contrôle strict d’Apple exerce sur les applications compatibles avec ses téléphones, les autorités chinoises procèdent différemment, mais en arrivent au même résultat.

Selon le quotidien britannique The Guardian, l’application sous Android n’accomplit que deux tâches.

Premièrement, elle extrait du téléphone les informations personnelles qui s’y trouvent : la liste des contacts, de même que les noms d’utilisateurs et mots de passe pour les réseaux sociaux.

Deuxièmement, elle cherche la présence d’un ou de plusieurs parmi 70 000 fichiers dont la possession est interdite (MP3s, PDFs et JPEGs).

Le tout est téléchargé sur l’intranet des autorités frontalières.

En définitive, la Chine fait de manière ciblée ce que font déjà les États-Unis depuis des années sur l’ensemble de la population mondiale, si on en juge par les révélations d’Edward Snowden en 2013.

Précisions que le scandale révélé par Snowden n’avait rien d’étonnant puisque ce sujet avait été traité sur ce blogue en 2011, soit deux ans plus tôt.

Références :
Chinese border guards put secret surveillance app on tourists’ phones
Edward Snowden
Frontière américaine: passeport et mots de passe, SVP!
How Chinese spy app allows officials to harvest personal data
Le téléphone en voie de remplacer le passeport
Le transport en commun finlandais : les titres de transport
The British Big Brother
US demands social media details from visa applicants

Paru depuis : La GRC armée de logiciels espions (2022-07-06)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 35 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel