L’Iliade au TDP : quand l’avant-garde se fait accessible

Publié le 25 novembre 2017 | Temps de lecture : 3 minutes
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Jusqu’au 6 décembre 2017, le Théâtre Denise-Pelletier (TDP) présente L’Iliade, une adaptation saisissante du poème d’Homère.

Réciter les 15 337 vers de ce poème épique durerait des heures. Afin de condenser le tout dans un spectacle de 1h45, le metteur en scène a résumé et adapté librement l’œuvre, telle que réécrite en 2004 par l’écrivain italien Alessandro Baricco.

Le texte conçu par Marc Beaupré à partir du long poème d’Homère est comme un diamant brut débarrassé du minerai dont il était prisonnier.

Le résultat est qu’il n’y a pas de temps morts et que le résultat passe très bien. Depuis des années, je suis abonné au TDP : or je n’y ai jamais vu une assistance aussi silencieuse et attentive que celle de jeudi dernier.

Ceux qui, comme moi, n’ont jamais vu d’autres pièces mises en scène par Marc Beaupré seront stupéfaits d’assister à un spectacle d’une totale originalité.

La scène est presque vide : un miroir triangulaire à un angle de 45° permettra à un comédien étendu sur le dos de projeter sa voix vers l’assistance. L’éclairage est stylisé. Dans l’écrin sonore sculpté par le compositeur Stéfan Boucher, dix acteurs seront sur scène pendant toute la durée du spectacle. Pour ce drame historique, ils sont vêtus mais non costumés.

L’audace du metteur en scène est d’avoir créé un nouveau genre théâtral qui actualise le théâtre grec dans lequel le chœur, essentiel, commente et fait avancer l’action. Il le fait en utilisant un savant mélange de slam et de rap, à des années-lumière de la grossièreté des shows de hip-hop.

Ce spectacle intelligent et viril raconte la guerre.

Une guerre qui piétine depuis dix ans. Une guerre dont la violence n’est jamais montrée mais dont la fureur est suggérée par le choc de deux baguettes de bois que les acteurs, par moments, frappent pour scander vigoureusement leur récit.

Et dans cette histoire haletante, à peine humanisée par de rares dialogues, des récits solistes alternent avec des chœurs.

Soudée à la suite d’un nombre incalculable d’heures de répétition, les comédiens forment une troupe comme on en voit rarement aujourd’hui. Parce que la forme théâtrale adoptée ici et son impact exigent une excellente prononciation et un parfait synchronisme des voix. Voilà l’exigence absolue de la forme. Sans elle, tout s’effondre. Or cette Iliade est une réussite.

Si avant-garde rime souvent avec hermétisme, ce n’est pas le cas ici. Ce spectacle ne ressemble à rien d’autre : malgré cela, il est accessible à tous les publics. Même à ceux qui vont rarement au théâtre.

Bref, ce spectacle est chaudement recommandé.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 14 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel