Google et les sirènes de la bourse

21 juillet 2015
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Dans la mythologie grecque, les sirènes sont êtres fabuleux, mi-femmes mi-oiseaux, qui, en charmant irrésistiblement les marins par leurs chants, amènent les bateaux à échouer sur leurs récifs.

Vendredi dernier, les actions de Google qui ont transité en bourse se sont vendues soudainement plus cher (16,3% de plus) que les actions de Google vendues la veille.

En appliquant ce prix record à l’ensemble des actions existantes de Google, de nombreux quotidiens ont prétendu que Google venait d’engranger 65 milliards de dollars.

La réalité est bien différente.

C’est seulement au cours de l’émission de nouvelles actions qu’une compagnie reçoit de l’argent. L’argent ainsi obtenu sert généralement à augmenter la capacité de production de l’entreprise et conséquemment à créer de l’emploi. L’ensemble de la société bénéficie donc de cet accroissement de capital.

Mais une fois que ces actions ont trouvé preneurs, toute majoration ultérieure de la valeur de ces actions ne profite pas du tout à cette compagnie et ne crée aucun emploi. Cette majoration profite exclusivement aux investisseurs qui ont cru en cette compagnie au moment de l’émission de ces actions.

Donc Google n’a donc pas engrangé un seul centime vendredi dernier.

Quant aux investisseurs, ils seraient plus riches s’ils profitaient du prix record pour vendre leurs actions. Autrement, ils ne sont plus riches que sur papier. Leur fortune pourrait s’effondrer à n’importe quel moment.

Donc les seuls qui se sont vraiment enrichis vendredi dernier, ce sont ceux qui ont vendu leurs actions cette journée-là.

Et ce qu’ils ont gagné, ce n’est pas 65 milliards de dollars. Ce serait 65 milliards$ si tous ceux qui détiennent des actions de Google avaient réussi à vendre leurs actions ce jour-là au prix record.

Mais si tous les détenteurs avaient tenté de vendre leurs actions ce jour-là, ce titre se serait effondré au lieu d’augmenter.

Ce genre de nouvelle sert à leurrer les petits investisseurs en leur faisant croire qu’il est encore possible de s’enrichir, sans effort, en spéculant à la bourse.

En réalité, la bourse, c’est en grande partie du vent, c’est-à-dire un investissement dans l’économie futile qu’est la spéculation boursière.

Cette augmentation de 65 milliards$ de capitalisation boursière de Google a ceci d’extraordinaire : elle n’a créé aucun emploi. Le bénéfice pour l’ensemble de la société est donc nul.

À mon avis, la spéculation boursière effrénée est l’expression ultime de la décadence de l’Occident. C’est la roulette russe auquel se livrent les gens oisifs qui ne savent plus quoi faire de leur fortune.

Références :
Google fait un bond
La valeur de Google a bondi de 65 milliards de dollars en un jour
Pourquoi Google a gagné 65 milliards de dollars en un seul jour

Parus depuis :
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Écrit par Jean-Pierre Martel