Une cimenterie d’un milliard$ en Gaspésie

Publié le 1 février 2014 | Temps de lecture : 3 minutes

McKinnis
 
Le marché domestique

La capacité de production des quatre cimenteries du Québec est de 3,7 millions de tonnes de ciment. Leurs usines fonctionnent présentement aux deux tiers de leur capacité puisque le marché domestique est de 2 millions de tonnes.

Le reste de cette capacité pourrait servir à l’exportation mais il l’est peu en raison de la morosité du marché domiciliaire américain et des effets de la Grande Récession, qui oblige les administrations publiques à limiter les grands projets d’infrastructure.

De ces quatre cimenteries, deux dominent le marché québécois :
— Lafarge, une cimenterie française dont 21% sont détenus par Power Corporation. Son usine est située à Saint-Constant (à 25km au sud de Montréal) et
— Ciment Québec, dont l’usine est à Portneuf (à 57km de la ville de Québec).

Environ dix pour cent du ciment utilisé au Québec est importé de Corée du Sud.

Une nouvelle cimenterie

Hier, la Première ministre du Québec annonçait un investissement privé d’un milliard$ — fortement appuyé financièrement par l’État — en vue de la construction de Ciment McInnis, une nouvelle cimenterie située en Gaspésie. Cette cimenterie sera la propriété de la société d’investissement Beaudier, que dirige l’homme d’affaires québécois Laurent Beaudoin.

La construction devrait entrainer la création de quelque 2 300 emplois. Elle débutera ce printemps-ci et s’étalera sur deux ans. Une fois construite, l’usine embauchera entre 200 et 400 personnes.

La capacité de production de Ciment McInnis sera entre 2,2 et 2,5 millions de tonnes de ciment, ce qui correspond à la totalité du marché domestique québécois. La nouvelle suscite donc l’inquiétude parmi les cimenteries déjà installées au Québec.

Le site de la Gaspésie, et plus précisément de Port-Daniel, se justifie par la présence d’importants gisements calcaires et par sa situation géographique. Celle-ci trahit sa vocation; cette usine est idéalement située en vue de l’exportation par voie maritime, vers les grands ports de la côte Est américaine. Par comparaison, les cimenteries existantes sont beaucoup mieux situées pour servir le marché domestique puisqu’ils sont situés à proximité des grands centres urbains du Québec.

Lors de la conférence de presse entourant l’annonce de cet investissement, le président de la Caisse de dépôt et placement déclarait : « Les besoins en infrastructures aux États-Unis sont énormes. On les évalue à 3 600 milliards d’ici 2020 (…) C’est donc c’est ce marché, plein de potentiel, que vise la cimenterie McInnis.»

Seul point négatif : la cimenterie sera alimentée au coke de pétrole, ce qui fera grimper de 10% le bilan des gaz à effet de serre du secteur industriel québécois.

Références :
Cimenterie à Port-Daniel: les Métallos sont contre
Cimenterie de Port-Daniel-Gascons : Québec défend son investissement
Duel du ciment entre les familles Desmarais et Beaudoin-Bombardier
Investissement d’un milliard pour le projet de cimenterie de Port-Daniel
La cimenterie de Port-Daniel verra le jour à l’été 2016
Près de la moitié de l’investissement sera financé par les fonds publics

Paru depuis : Nous ne visons pas les mêmes marchés

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Écrit par Jean-Pierre Martel