Vente des rails du CN à l’AMT : y a-t-il anguille sous roche ?

Publié le 16 janvier 2014 | Temps de lecture : 4 minutes

Officiellement, l’Agence métropolitaine des transports (AMT) invoque l’amélioration du service aux passagers comme motif de son intention de faire l’acquisition de 33km de voie ferrée appartenant au transporteur ferroviaire Canadien National (CN). Mais est-ce la véritable raison ?

Parmi les 6 400 nominations politiques du gouvernement Charest, il y a celle de Joël Gauthier — un ex président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec — à la présidence de l’AMT de 2003 à 2012.

Durant son administration controversée, l’AMT a fait l’acquisition de trains bimodes (à moteurs électrique et à mazout). Utilisés en mode diesel, ces trains transportent 68 000 litres de mazout, ce qui comporte un risque considérable lors de la traversée du tunnel du mont Royal.

Pour des raisons sécuritaires évidentes, le CN interdit aux trains de l’AMT d’emprunter ses voies en modes autres qu’électrique. Ce que conteste l’AMT; cette dernière a toujours prétendu que ses locomotives bimodes répondaient aux plus hautes normes de sécurité. En annexe à la deuxième référence ci-dessous, on trouvera des exemples du déni de l’AMT.

Puisque le ministère des Transports du Québec n’a jamais statué à ce sujet, on peut se poser la question suivante : se pourrait-il que le véritable motif de cette acquisition est de permettre à l’AMT d’utiliser enfin ses trains en mode diesel — ce qui représente l’avantage de diminuer ses coûts d’opération — en dépit d’un risque sécuritaire considérable pour les passagers, notamment lors de la traversée du tunnel du mont Royal ?

Les trains bimodes sont tellement volumineux qu’ils passent de justesse dans le tunnel du mont Royal. Conséquemment, il n’y a pas suffisamment d’espace entre les parois du tunnel et la carrosserie de ces trains pour permettre aux passagers de sortir du train immobilisé dans le tunnel, en cas d’incendie.

Les pompiers ne peuvent atteindre un wagon en flamme, bloqués à l’avant par la locomotive et à l’arrière par les autres wagons. De plus, si les passagers peuvent se déplacer de wagon en wagon jusqu’au wagon de queue, ils en deviennent prisonniers, incapables d’emprunter les sorties, trop proches des parois du tunnel. Quant à la sortie au centre de l’arrière du train, cette porte est normalement verrouillée : il n’est pas certain que les employés qui survivraient à une catastrophe en aient la clé.

Puisqu’aucune mesure de sécurité n’est implantée aux différentes gares des trains de banlieue, n’importe quel malfaiteur pourra emprunter les trains bimodes avec un sac à dos bourré d’explosifs et s’assoir le plus près possible des réservoirs chargés de dizaines de milliers de litres mazout : il lui suffira d’attendre la traversée du tunnel pour transformer son train en gigantesque brasier explosif, brulant vifs tous les passagers, emprisonnés dans le tunnel.

Comme l’ont malheureusement appris les citoyens de Lac-Mégantic : tout ce qui peut arriver finit toujours par survenir…

Tant que l’AMT n’aura pas renoncé définitivement à utiliser ses trains en mode diesel et tant qu’elle continuera à prétendre qu’ils sont sécuritaires, il y a lieu de craindre la vente des rails du CN à l’AMT.

Références :
Feu vert à l’AMT pour l’achat de la voie du CN
Tunnel du mont Royal : un cadeau pour les terroristes

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Écrit par Jean-Pierre Martel