Le reflux gastro-œsophagien

2 janvier 2012

Introduction

Le reflux gastro-œsophagien survient lorsque du contenu de l’estomac reflue vers l’oesophage, c’est-à-dire vers ce tube qui relie grosso-modo la bouche à l’estomac.

Un cas extrême de reflux est connu de tous ; c’est cette régurgitation qu’éprouvent tous les bébés gavés de lait.

Il serait facile de croire que si la nourriture qu’on avale descend, c’est parce qu’elle est attirée par la gravité. Cela est faux. Un fakir se tenant sur la tête pourrait boire un liquide sans problème : or dans ce cas, le liquide monte de la bouche vers l’estomac en dépit de la gravité.

En réalité, si la nourriture se rend à l’estomac, c’est qu’elle cède à une différence de pression ; elle se rend là où la pression est moindre.

L’œsophage est constitué d’une série de muscles lisses circulaires. Pour faire descendre une bouchée, l’œsophage contracte des anneaux musculaires au-dessus de la bouché, l’obligeant à se déplacer vers l’estomac.

Si bien que la pression au bas de l’œsophage est normalement plus élevée que la pression dans le haut de l’estomac. C’est ce qui explique que la nourriture passe de l’un à l’autre.

Inversion du gradient de pression

Mais si on augmente la pression dans l’estomac au point où elle devient plus élevée que dans l’œsophage, ne risque-t-on pas de provoquer du reflux ? Oui, assurément. Mais comment peut-on en arriver là ?

En prenant un repas très copieux, on augmente la pression dans l’estomac (comme dans un ballon qu’on gonfle). Il est donc préférable de prendre plusieurs petits repas plutôt qu’un seul gros repas.

Par ailleurs, lors d’une grossesse, l’augmentation spectaculaire de la taille de l’utérus fait pression sur l’intestin, ce qui se répercute sur l’estomac et favorise ainsi le reflux (ce que connaissent la grande majorité des femmes enceintes).

Une comédienne qui portera un corset à la journée longue afin de s’habituer au costume d’époque qu’elle doit porter en soirée, pourrait très bien éprouver du reflux, selon le même mécanisme que chez la femme enceinte.

L’athlète qui développe ses abdominaux afin d’améliorer sa silhouette donne naissance à une gaine naturelle qu’il porte lui aussi à la journée longue avec, comme conséquence, un risque de reflux.

L’affaiblissement du cardia

À la jonction de l’œsophage et de l’estomac, se trouve un sphincter qu’on appelle cardia à cause de sa proximité avec le cœur. Ce n’est pas une valve mais il agit comme si son rôle était de prévenir le retour de la nourriture vers l’œsophage.

Or cela est important puisque l’estomac secrète de l’acide chlorhydrique. Cet acide est assez puissant pour dissoudre le métal.

Alors comment se fait-il que l’estomac n’est pas attaqué par l’acide qu’il secrète ? Il s’en protège en sécrétant aussi une couche de mucus qui lui sert de barrière de protection.

Malheureusement, l’œsophage n’a pas cette barrière. Il n’en n’a pas parce qu’en temps normal, il n’en n’a pas besoin. Mais en cas de reflux, l’œsophage est complètement vulnérable à l’acidité gastrique.

Tout ce qui affaiblit le cardia favorise le reflux gastro-œsophagien. Une telle faiblesse peut être congénitale ou anatomique (ex.: une hernie).

Mais certains aliments et certains substances médicinales peuvent affaiblir le cardia : les aliments gras, les hormones progestatives et les substances qu’on qualifie d’anticholinergiques. On peut distinguer ces dernières par un effet secondaire qu’elles ont en commun : la sécheresse de la bouche.

Fumer un joint vous donne la bouche sèche ? C’est que la marijuana est un anticholinergique. Le Benadryl ou le Gravol vous donne la bouche sèche : ce sont d’autres anticholinergiques.

Conclusion

Parmi les facteurs qui favorisent le reflux gastro-œsophagien, il y a :
• les repas copieux
• la grossesse, les corsets, les gaines, la musculation abdominale
• les aliments gras (fromages, fritures, poutine, croustilles, chocolat, beurre d’arachide, etc.)
• les hormones progestatives (Provera, Prométrium, pilule contraceptive)
• les substances anticholinergiques (marijuana, Bentylol, certains médicaments contre l’allergie, etc.)

Évidemment, il faut éviter les aliments qui favorisent l’hyperacidité de l’estomac puisqu’ils augmentent le pouvoir corrosif de ce qui est refoulé vers l’œsophage (voir mon billet à ce sujet).

Pour terminer, le meilleur conseil à donner aux personnes sujettes au reflux gastro-œsophagien, c’est de hausser leur tête de lit d’environ dix centimètres, c’est-à-dire de faire en sorte que le lit soit en pente. Non pas d’ajouter des taies d’oreiller, ce qui est beaucoup plus simple mais qui donne des effets opposés puisque le corps est alors en « V » : les intestins poussent l’estomac, ce qui favorise le reflux. Au contraire, il faut que le lit soit en pente.

Au début, cela est un peu inconfortable puisqu’on a l’impression qu’on va se retrouver le lendemain matin au pied du lit, ce qui n’arrive jamais.

Si on analyse ce qui se produit lorsqu’on se couche dans un lit en pente, c’est que les viscères glissent vers le bassin, ce qui crée une succion négative sur l’estomac et conséquemment, une absence totale de reflux durant toute la nuit. Ce conseil est le plus efficace parmi tous ceux qu’on peut donner aux personnes sujettes au reflux.

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Écrit par Jean-Pierre Martel