Le concert privé de Gustav Leonhardt

20 janvier 2012

Le claveciniste, chef d’orchestre et musicologue Gustav Leonhardt s’est éteint lundi dernier à l’âge de 83 ans.

Il y a bien des années, à la sortie de l’église St-Jean-Baptiste de Montréal, on distribuait un dépliant qui incitait le public à s’abonner à une série de concerts appelés « Concerts au salon » parce qu’ils étaient donnés dans le salon de la résidence de la gambiste Susie Napper (membre du duo Les Voix humaines et qui organise depuis le Festival de musique baroque de Montréal).

Le programme de cette année-là débutait par un récital de Gustav Leonhardt. L’idée que ce dernier, un des deux plus grands clavecinistes du XXe siècle puisse se produire devant une assistance de seulement cinquante mélomanes, au coût d’environ 20$ par personne, m’apparaissait tout à fait ridicule. Dans mon esprit, il n’y avait pas une chance sur un million qu’un tel concert ait lieu.

Mais l’ensemble du programme était intéressant; conséquemment, je m’y étais abonné, en dépit de l’improbabilité de ce concert inaugural.

Le soir fatidique, je m’attendais à une annonce du genre : « Nous sommes désolés. Monsieur Leonhardt a été retenu en Europe et ne peut donc pas être parmi nous ce soir. Toutefois… »

Au cas où M. Leonhardt serait présent — sait-on jamais — j’avais acheté une enregistreuse spécialement pour l’occasion (et qui n’a jamais servi depuis). J’avais mis l’appareil dans la poche intérieure de mon complet : le micro était épinglé à ma cravate. L’enregistrement traine encore quelque par chez moi. Je ne l’ai jamais écouté.

Non seulement nous pouvions entendre le claveciniste dans les conditions acoustiques exactes des salons pour lesquels les œuvres au programme avaient été conçues et étaient jouées à l’époque, mais ce concert inouï nous réservait bien d’autres surprises.

D’abord M. Leonhardt parlait français. La présentation des œuvres qu’il s’apprêtait à nous jouer était empreinte d’humour alors que la pochette de tous ses disques le présente comme un personnage sérieux, voire taciturne. Au contraire, il était charmant.

Évidemment l’interprétation était impeccable. Je ne me rappelle plus de la liste des œuvres au programme. Je sais qu’il n’avait rien d’Haendel.

Donc si un jour, vous entendez parler de la parution d’un enregistrement inédit intitulé « Gustav Leonhardt live in Montréal », pensez à moi…

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Écrit par Jean-Pierre Martel