Sur le site de Statistique Canada, beaucoup de pages web auxquelles vous accédez n’existent pas réellement; ce sont des pages web composées à la volée en fonction des requêtes qui lui sont adressées.
Lorsque cet organisme fédéral découvre une erreur méthodologique — comme ce fut le cas lors du dernier recensement — l’avantage d’avoir des pages dynamiques, c’est de pouvoir effacer rétroactivement toute trace d’une erreur commise.
Sur ce blogue, j’utilise une petite application appelée ‘Broken Link Checker’ qui vérifie la validité des références au bas de mes textes.
J’ai découvert que presque tous les documents électroniques du gouvernement canadien — à l’exception, par exemple, la constitution du pays — deviennent introuvables quelques années plus tard; ils sont ‘archivés’, ce qui signifie qu’on y accède par un hyperlien différent. Or ce nouveau lien n’est très souvent répertorié par aucun moteur de recherche. Bref, ils deviennent des documents fantômes.
C’est par ce moyen qu’on a fait piétiner l’enquête au sujet du congédiement du vice-amiral Mark Norman.
Sachant cela, j’ai pris l’habitude, lorsque je réfère à un document fédéral, d’en faire un fichier PDF que je conserve sur mon site web. De cette manière, je sais que je n’aurai pas à chercher ce document lorsqu’on l’aura ‘archivé’ ailleurs.
Dans un autre ordre d’idée, j’ai reçu ce matin, le courriel suivant.
Cher/Chère JEAN-PIERRE MARTEL :
L’Agence du revenu du Canada (ARC) vous a envoyé du nouveau courrier en ligne intitulé :
Avis du CTPS/TVH
Ce courrier peut nécessiter votre attention.
Si vous êtes inscrit à Mon dossier, ouvrez une session et cliquez sur Courrier pour lire votre courrier.
Si vous vous êtes inscrit pour recevoir votre courrier en ligne, mais n’êtes pas inscrit à Mon dossier, allez à la page Web de l’ARC pour vous y inscrire.
Ceci est un message électronique automatisé. Veuillez ne pas y répondre.
En d’autres mots, on m’a envoyé un courriel pour me dire qu’un courriel m’attend sur le site de l’Agence du revenu du Canada (ARC).
Par le biais du courriel qu’on m’a envoyé, on m’informe que le courriel qui m’attend sur le site de l’ARC est intitulé ‘Avis du CTPS/TVH’ et qu’il pourrait (ce n’est pas certain) nécessiter mon attention. Bref, on m’avise de l’existence d’un avis.
Comme dirait Elvis Gratton, plutôt que de m’envoyer cet avis, on m’avise plutôt par courriel de l’existence d’un avis qui constitue le sujet d’un courriel qui m’attend sur le site de l’ARC. Et on me suggère de donner suite au courriel envoyé en allant consulter cet autre courriel sur le site de l’ARC parce qu’il se pourrait que la consultation de ce courriel mystérieux soit nécessaire sans toutefois me révéler ce qui justifie cette nécessité.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
En réalité, il y a une logique dans tout cela.
Premièrement, on évite l’expédition d’un avis confidentiel à la mauvaise adresse, c’est-à-dire envoyé à la mauvaise personne ou envoyé à l’adresse caduque de la bonne personne.
En créant un site dédié à la correspondance avec les citoyens, chacun d’entre eux peut consulter l’ensemble de la correspondance avec l’ARC.
Si le citoyen se fait voler son ordinateur, ou si cet ordinateur subit une défaillance majeure qui rend impossible la consultation des documents qui s’y trouvaient, rien n’est perdu; c’est sur le site de l’ARC que tout cela a été précieusement conservé.
L’inconvénient d’un tel système, c’est que le seul témoin des échanges entre le ministère du Revenu et le citoyen, c’est l’exemplaire que détient l’État… à moins que le citoyen ait pris la peine de copier tous les documents importants de son dossier fiscal et d’avoir conservé cette copie sur son ordinateur à lui. Ce que très peu de gens font.
Tout repose donc sur la confiance et plus précisément sur la présomption en l’infaillibilité des systèmes informatiques de l’État.
On peut donc s’inquiéter du fait que des pirates russes aient eu accès pendant des mois à des milliers d’ordinateurs du gouvernement américain sans que personne à Washington s’en soit rendu compte.
S’ils ont fait la même chose dans notre pays, combien de temps cela prendra avant d’éveiller les soupçons de la perspicace Police Montée canadienne ?
Imaginez si ces pirates avaient entrepris de saper la confiance des citoyens envers le puissant ministère du Revenu (américain ou canadien) en modifiant les dossiers fiscaux des contribuables; par exemple, en supprimant toute trace des paiements effectués ou en modifiant les déclarations de revenus.
Un jour, des pays hostiles n’auront plus à bombarder leurs ennemis pour y provoquer le chaos et l’anarchie. Ils n’auront plus qu’à dresser les citoyens contre leurs gouvernements ou à favoriser l’élection d’escrocs à la tête de ces pays…
« De cette manière, je sais que je n’aurai pas à chercher ce document lorsqu’on l’aura ‘archivé’ ailleurs.»
Vous croyez vraiment qu’un jour vous pourriez être intéressé par un tel document?. Allons!
Personne n’est infaillible. Il est donc normal que des lecteurs mettent en doute certaines de mes affirmations et, possiblement, aient raison de le faire.
Les références à la fin de mes textes sont les preuves de la véracité de ce que j’affirme. Elles me donnent une crédibilité à défaut de laquelle je ne suis qu’un parmi des millions d’internautes qui étalent publiquement leurs opinions et, le cas échéant, leurs préjugés.
Lorsque le fédéral fait disparaitre un document, il se soustrait à tous les reproches qu’on pourrait lui adresser à son sujet.