Il y a une semaine, on apprenait qu’un attentat avait fait une centaine de morts au sein d’un convoi de Syriens délocalisés.
Voici le fond de l’histoire.
Au cours d’une partie de chasse au faucon dans le sud de l’Irak en décembre 2015, vingt-six membres de la famille royale qatarie sont tombés dans une embuscade et sont faits prisonniers par un groupe d’une centaine de rebelles chiites supportés par l’Iran.
Depuis seize mois, leur libération est négociée par le Qatar et l’Iran. À cela se sont ajoutés les négociateurs de quatre groupes de rebelles : le Hezbollah et deux milices chiites du côté iranien, et une milice d’Al Qaida du côté qatari.
L’entente intervenue prévoit la libération des otages qataris en contrepartie d’un important échange de population dans le cadre de l’épuration ethnique qui prévaut en Syrie.
L’entente prévoit également le versement d’une colossale rançon aux rebelles. Non seulement à ceux qui détiennent les otages royaux, mais également aux différentes milices rebelles et gouvernementales rencontrées sur le trajet de plus de 300km que doivent effectuer les convois de 30 000 à 50 000 Syriens relocalisés.
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D’une part, cette épuration concerne les Musulmans sunnites de deux villages situés près de la capitale (dans le sud-ouest du pays). Ils doivent retrouver les leurs dans deux villages sunnites situés dans le nord-ouest du pays.
En contrepartie, les Musulmans chiites des deux villages dont on vient de parler doivent être transférés dans les deux villages situés près de la capitale.
Le 14 avril, le premier groupe de Chiites (cinq-mille personnes) fut placé à bord de 45 à 75 autobus. En raison du caprice du réseau routier et des droits de passage négociés vers leur destination finale, le début du trajet prévoit un détour par Rachidine, une localité tenue par les rebelles près d’Alep.
Et c’est dans cette ville qu’eut lieu l’attentat. Un véhicule qui distribuait des sachets de croustilles aux enfants a explosé à proximité des autobus transportant les évacués.
L’attentat fit 126 morts et 300 blessés, mettant en péril l’accord intervenu entre l’Iran et le Qatar.
Depuis samedi dernier à Bagdad (lieu choisi pour l’arrivée de la rançon), un jet privé qatari est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport en attente de prendre possession des otages royaux qui doivent être libérés.
Puisque l’attentat a tué non seulement des civils loyalistes au régime de Bachar el-Assad mais également une trentaine de combattants rebelles, on présume que ce serait l’œuvre d’une autre milice exclue de l’entente et qui aurait voulu une part du butin.
En raison de l’importance de la rançon, les évacuations ont repris quelques heures plus tard et se poursuivent depuis.
Références :
Attentat de Rachidine
Attentat en Syrie: les auteurs déguisés en humanitaires
Qatari jet sits on tarmac in Baghdad as royal hostages await release
Parus depuis :
Qatari royals released from captivity as part of Syria population swap deal (2017-04-21)
En Syrie, le grand marchandage de Doha (2017-04-24)