L’attentat terroriste antiislamique de Québec est l’aboutissement d’un discours démagogique et xénophobe qui prévaut dans certains milieux depuis plusieurs années.
À des fins de propagande, l’instrumentalisation du féminisme s’est avérée être l’outil le plus efficace dans la lutte antimusulmane au Québec.
Essentiellement, il consiste à soutenir qu’il est du devoir de toute femme de combattre la religion islamique qui, en se répandant dans nos sociétés, mettrait en péril les acquis du féminisme.
Le traitement des femmes qui vivent dans des pays où la charia a force de loi devient l’exemple du danger qui guette les pays occidentaux si cette religion devait un jour y exercer une influence déterminante.
Les Québécois musulmans ne représentent que trois pour cent de la population d’ici. De plus, la croissance démographique de la communauté musulmane, même si elle est plus rapide la moyenne, n’est pas de nature à bouleverser la composition ethnique du Québec dans un avenir prévisible.
En dépit de cela, beaucoup de personnes estiment que la croissance de la communauté musulmane est beaucoup plus grande qu’en réalité en raison de la visibilité soudaine du voile islamique, notamment chez les étudiantes musulmanes. Un engouement qui, dans les faits, s’estompe à leur arrivée sur le marché du travail.
Et c’est à l’égard du voile que la rhétorique antimusulmane est la plus belliqueuse.
Malgré le fait que dans la majorité des cas, le port du voile est volontaire, un certain nombre de personnes sont incapables de concevoir qu’il puisse en être ainsi. Elles projettent leur propre répulsion du port du voile sur les autres et présument que chez ces dernières, l’aversion est réprimée violemment par leur entourage familial.
Manipulées par la propagande de Droite, ces féministes se croient investies de la mission de délivrer leurs consœurs de l’oppression présumée dont elles seraient victimes.
C’est ainsi que l’on comparera le voile islamique à l’étoile de David que les nazis obligeaient les Juifs à porter pour les reconnaitre.
De manière aussi excessive, on qualifiera le voile islamique de violence faite aux femmes. Consciemment ou non, on suggère ainsi que les actes haineux contre des Musulmans sont légitimes puisqu’ils servent à les punir des sévices qu’ils infligent, croit-on, à leurs épouses.
À des fins de discussion, imaginons que le foulard islamique soit le signe infaillible que la femme qui le porte est victime de violence conjugale. Comment peut-on croire qu’il suffit de forcer cette femme à retirer ce foulard pour que cesse la violence domestique dont elle est l’objet ?
Il y a une différence fondamentale entre s’attaquer à l’exploitation des femmes et s’attaquer aux femmes exploitées. Ostraciser les femmes qui portent le foulard islamique, c’est se tromper de cible.
En réalité, la lutte de femmes contre d’autres femmes, ce n’est pas du féminisme. C’est de l’antiféminisme.
La révolution féministe a été un fait marquant du XXe siècle en Occident.
Fondamentalement, le féminisme n’est que libérateur. Il a consisté à accorder aux femmes un statut juridique et des droits égaux aux hommes, de permettre aux femmes de mener leur vie comme elles l’entendent, et d’obtenir un salaire égal à travail égal. Sur ce dernier point, il est évident qu’il reste du travail à faire.
Parallèlement à ce féminisme ‘libérateur’ (on me pardonnera ce pléonasme), s’est greffé un féminisme contraignant. Celui-ci vise à soumettre certaines femmes (essentiellement des Musulmanes) au dictats d’autres femmes, notamment en matière de tenue vestimentaire.
Face à la futilité du but recherché — contraindre des femmes à s’habiller autrement — les partisans de ce féminisme de chiffon ont le devoir aujourd’hui de se demander s’il est possible qu’elles soient manipulées à des fins de persécution religieuse.
Références :
La polémique reprend
Le terreau fertile d’une extrême droite bien de chez nous
Scission au sein de la Fédération des femmes