Accessoire laissé sur la scène du TNM à l’issue de la représentation
Richard III (1452-1485) fut le dernier roi d’Angleterre de la dynastie des Plantagenet. Il périt à l’âge de 32 ans à la bataille de Bosworth.
C’est son adversaire victorieux à cette occasion qui lui succèdera à la tête du pays sous le nom d’Henri VII, inaugurant ainsi la dynastie des Tudor.
Écrite en 1591 ou 1592, sous le règne d’Élisabeth 1re — dernière monarque Tudor — la pièce Richard III de Shakespeare est librement inspirée de la vie de ce monarque que les Tudor se plaisaient à imaginer encore pire qu’il ne le fut en réalité.
Jusqu’au 4 avril 2015, le Théâtre du Nouveau-Monde présente cette pièce dans une excellente traduction de Jean-Marc Dalpé.
Sous la direction de Brigitte Haentjens, vingt comédiens donnent vie à ce spectacle de trois heures, interrompu par un entracte de vingt minutes.
Sébastien Ricard, dans le rôle-titre
Sébastien Ricard (en Richard III) offre une performance vraiment remarquable en roi-voyou, menteur, manipulateur et sanguinaire.
J’ai assisté à cette pièce hier soir et j’ai beaucoup aimé. À ce jour, c’est la meilleure production d’une pièce de Shakespeare à laquelle j’ai assisté.
C’est sous un stationnement de Leicester qu’on a découvert en 2012 les ossements complets de Richard III (perdus depuis 1538).
Sous les soins de l’université de Leicester, ses restes ont été transférés dans un ossuaire de plomb à l’intérieur d’un cercueil de chêne.
Le 22 mars prochain, ce cercueil sera transféré solennellement à la cathédrale de Leicester, où se tiendra une veillée funéraire de trois jours.
Le 26 mars, de nouvelles funérailles seront célébrées en présence de l’archevêque de Canterbury et retransmises en direct par la télévision britannique.
Le 27 mars, les restes du monarque seront placés définitivement dans un monument funéraire moderne à la cathédrale de Leicester.
Puis, le TNM terminera les six dernières représentations de cette production.
Billet de la 2e représentation à laquelle j’ai assisté
Il est rare qu’on célèbre les funérailles d’un personnage historique au moment même où est présentée une pièce de théâtre qui fait le récit de sa vie. Au contraire de la télévision, qui s’empresse de présenter une émission spéciale au décès de n’importe quel dirigeant politique…
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 32 mm
2e photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
3e photo : 1/80 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 17 mm
J’y étais aussi et j’ai été émerveillée !
Quelle belle traduction, limpide, poétique et dynamique !
Et les acteurs, impressionnants par leur nombres et leurs interprétations.
J’avais vu Sébastien Ricard dans La Nuit juste avant les forêts et sa présence sur scène, encore une fois hier, est vraiment remarquable.
Et tu as lu ? Il y a plus de trois ans que la metteure en scène, le traducteur, la dramaturge et la scénariste travaillent à cette pièce : c’est vraiment un travail ciselé auquel les spectateurs ont pu assister.
Demain, dans le cadre des Belles Soirées (mais en après-midi), Brigitte Haentjens et Jean Marc Dalpé feront une conférence sur le processus de création de cette pièce : j’espère que je pourrai avoir un billet !
Bon dimanche,
Je suis très heureux d’avoir reçu ton commentaire parce que cela me donne l’occasion, en te répondant, de dire des choses que je n’ose pas écrire.
En effet, je n’aime pas jouer au critique de théâtre, n’étant pas compétent à ce sujet.
Mais puisque nous parlons entre nous, entre amateurs de théâtre…
J’ai également beaucoup aimé le travail du traducteur. Lire Shakespeare dans le texte ou l’entendre réciter tel quel, en anglais médiéval, je ne comprends rien. Ajoutes-y l’accent britannique et alors là, cela devient du chinois pour moi.
J’ai aimé que le traducteur ait caractérisé les classes sociales en faisant parler les truands en montréalais, alors que la noblesse parle un français plus soigné.
L’acoustique du TNM étant ce quelle est, j’ai compris environ les trois quarts du texte. Dès que ça parlait rapidement, j’en perdais des bouts. Mais doit-on entendre chacune des malédictions de la veuve d’Henri VI pour comprendre qu’elle n’est pas contente ?
Je ne te cacherai pas que ma scène favorite est celle où Richard III, après avoir organisé une cabale en sa faveur, fait semblant de résister à la requête, voire aux supplications du peuple d’accepter la charge de monarque, lui tout imprégné de la piété qu’il feint.
Par-dessous tout, j’ai aimé que Richard III ne soit pas présenté comme un tyran caricatural, mais simplement comme un voyou dévoré par l’ambition, prêt à tout pour réussir. Comme le serait, de nos jours, un courtier obsédé par le désir d’accéder aux plus hautes fonctions de sa firme de courtage, semant les médisances et les fausses rumeurs à l’interne pour discréditer ses rivaux, jouissant de la réussite de ses intrigues, furieux contre ceux qui lui résistent.
Sébastien Ricard est effectivement génial dans ce rôle. Acteur atypique. Chez qui on ne sent pas les recettes du métier.
POUR UN SPECTACLE DE TROIS HEURES !…
N’y aurait-il pas, encore une fois, un Rendez-Vous qui traînerait quelque part, dans ce TNM ?