Vienne — La cathédrale Saint-Étienne

1 décembre 2011

 
Introduction

Lapidé à Jérusalem vers l’an 40, Saint Étienne (St. Stephan en anglais) fut le premier martyr chrétien. La cathédrale érigée en son nom à Vienne est le symbole de la ville et le plus grand édifice gothique d’Autriche. Elle est située au centre du quartier d’Innerstadt : celui-ci correspond précisément à la Vienne qui, jusqu’au XIXe siècle, était délimitée par des fortifications.

Depuis toujours, la cathédrale est associée à la vie de la capitale. À l’âge de sept ans, Joseph Haydn entre à la cathédrale comme choriste en 1739 et s’y marie à 28 ans le 26 novembre 1760. Wolfgang-Amadeus Mozart y épouse Constance Weber en 1782: deux de leurs six enfants y furent baptisés. Le 24 avril 1854, la duchesse de Bavière, Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach — mieux connue sous le nom d’impératrice Sissi — y épouse l’empereur François-Joseph Ier.

Les funérailles de Vivaldi, de Gluck et de Schubert y furent célébrées.

L’extérieur

Orientée vers le nord-ouest, la façade de la cathédrale est tout ce qui reste d’une seconde basilique romane construite en 1230 sur ce site. Dans la partie inférieure de l’édifice (autant à l’extérieur qu’à l’intérieur) sont encastrée de nombreuses stèles funéraires prélevées du cimetière adjacent, fermé pour des raisons sanitaires depuis 1732. Plus haut, la façade est percée d’une horloge, de vitraux et de niches accueillant des statues médiévales.

De nos jours, l’accès principal au sanctuaire se fait par le frontispice, plus précisément par la porte du Géant. Celle-ci doit son nom à un tibia de mammouth découvert lors de la construction de l’église et qu’on croyait appartenir à la jambe d’un géant noyé par le déluge.

Autrefois, les hommes pénétraient dans l’édifice par le portail des Chanteurs, du côté droit de la cathédrale, alors que les femmes pénétraient par le portail de l’Évêque, situé du côté gauche. Hommes et femmes assistaient alors à la messe séparément.

Le toit de l’édifice, mesurant 38 m de haut, est recouvert d’environ 230 000 tuiles vernissées. Sa charpente de mélèze, détruite en 1945, a été remplacée depuis par des portants métalliques. Si les tuiles brillent en permanence, c’est que le toit est si pentu que l’eau de pluie lave les tuiles sur son passage.

Au nord, les tuiles forment des losanges (à 0:28) alors qu’au sud, le toit est ornée des armes de la dynastie des Habsbourg (à 0:49), c’est-à-dire un aigle à deux têtes surmontée de la couronne impériale et portant la toison d’or.

Lors des deux sièges ottomans, sa tour du Sud — qui s’élève à 137 m — servit de poste d’observation afin d’étudier le mouvement des troupes ennemies. À l’époque, celle-ci était la deuxième tour la plus haute au monde.

À l’extérieur, tout autour de l’église, on peut voir diverses décorations sculptées dont la chaire baroque (à 0:53) de Jean de Capistran (1386-1456). Ce franciscain italien prêcha la croisade contre les Turcs en 1451.

Sur cette même photo, à droite, on voit le bas de la tour de l’Aigle (ou tour du Nord). Depuis 1957, celle-ci renferme la Pummerin, la plus grosse cloche du pays. Autrefois logée dans la tour du Sud, cette cloche fut fondue à partir de 180 canons abandonnés par les Ottomans en 1683. Elle pèse 21 tonnes. Le 31 décembre à minuit, elle annonce le nouvel an. Autrement, on ne l’utilise qu’en de grandes occasions.

L’année 1450 fut un mauvais millésime; le vin était tellement acide que les vignerons voulurent le jeter. Mais l’empereur Frédéric III les en empêcha. Il fit porter le vin à la cathédrale, alors en construction, pour le mélanger à la chaux. On sait aujourd’hui que le mortier de chaux devient particulière dur lorsqu’il est mélangée à du vin. C’est ainsi que les fondations de la tour du Nord (celle qui héberge maintenant la Pummerin) furent réalisés. On fit sécher son mortier ‘impérial’ pendant sept années.

Bombardée par les forces napoléoniennes en 1809, la cathédrale subit ses plus importants dégâts lors d’un incendie allumé à proximité par des émeutiers quelques mois avant la fin de la Deuxième guerre mondiale. La Pummerin s’écrasa au sol durant cet incendie : ses morceaux servirent à fondre la cloche actuelle, de plus grande dimension.

L’intérieur

À l’intérieur, la cathédrale est gothique, ornée d’autels baroques adossés aux colonnes de la nef principale ou nichés dans les chapelles latérales.

De 1:06 à 1:15 dans le diaporama, on peut voit la chapelle Tirna, à la gauche de l’entrée. Cette chapelle abrite le tombeau du prince Eugène de Savoie (1663 – 1736) : ce commandant militaire d’origine française libéra l’Europe Centrale après un siècle et demi d’occupation ottomane. Sans lui (et sans Charles Martel, au sud de la France, quelques siècles plus tôt), l’Europe serait probablement aujourd’hui musulmane.

À 1:16, on voit la chaire en grès (1515) longtemps attribuée à Anton Pilgram (1460 – 1516) (dont on peut voir un autoportrait à 1:41). En réalité cette chaire est l’oeuvre d’un maitre non identifié de l’entourage de Nicolas de Leyde. Il est représenté à 1:29. Cette chaire est décorée des bustes des quatre pères de l’Église latine, soit saint Augustin, saint Jérôme, saint Grégoire et saint Ambroise.

À 2:04, c’est le retable polychrome construit originellement pour l’abbaye cistercienne St-Bernard de Weiner Neustadtädt. Commandé en 1447 par Frédéric III et restauré en 2004, ses panneaux extérieurs représentent des scènes de la Passion du Christ et les 72 saints de l’époque. Ceux-ci sont peints sur fond doré ou sur fond sombre, dans l’ordre hiérarchique de la Litanie des Saints.

Les panneaux intérieurs sculptés du retable révèlent des scènes de la vie de la Vierge. Au bas du retable, huit petites fenêtres à remplage de style gothique cachaient autrefois des reliques. Depuis quelques années, le retable est placé au fond de la nef de gauche, là où autrefois les femmes prenaient place dans l’église.

Érigé par les frères Johann-Jacob Pock et Tobias Pock, le maitre-autel est en marbre noir de Pologne orné de statues et de motifs décoratifs en marbre blanc du Tyrol. Haute de 15 m, la peinture a été réalisée sur une plaque d’étain : elle représente la lapidation de saint Étienne.

De chaque côté du chœur, des stalles en bois (à 2:14) ont été sculptées entre 1639 et 1648. Leur dossier est orné de calottes en coquille encadrant des bustes à l’effigie des différents évêques de Vienne.

Près du maitre-autel, on aperçoit la majeure partie des rares vitraux du XIVe siècle qui ont échappé à l’incendie de 1945.

Au fond du bas-côté de droite est situé le tombeau impérial de Frédéric III (1415 – 1493), en marbre rouge. Le sculpteur Nicolas de Leyde l’exécuta dans la seconde moitié du XVe siècle. Le sarcophage et son couvercle pèsent huit tonnes.

À 2:44, c’est la Madone des servantes. Créée vers l’an 1300, cette sculpture peinte a été noircie par la fumée des innombrables lampions allumés devant elle. La Vierge aurait secouru une servante accusée faussement de vol en faisant apparaitre par miracle le bijou que sa maitresse avait perdu.

La chapelle Sainte-Catherine (de 2:49 à 2:55) est située quelques pas plus loin : c’est ici qu’eut lieu le mariage de Mozart, le 4 août 1782. Le buste de cette sainte apparait sur une des clés de voûte et une statue la représentant orne l’autel néo-gothique de la chapelle. Les fonds baptismaux, en marbre de Salzbourg, datent de 1476 : ils sont surmontés d’une couronne octogonale en bois peint.

À l’extérieur, par ce qui ressemble à une maisonnette adossée à la cathédrale, on accède à la tour du Sud. Après avoir gravi les 343 marches qui mènent à la salle de guet, les visiteurs peuvent contempler la plus belle vue panoramique de Vienne. Il est à noter que 343 est le cube du chiffre 7, c’est-à-dire 7 multiplié par 7 (soit 49), multiplié encore par 7.

L’architecture de toute l’église repose sur les chiffres symboliques trois, quatre et sept. C’est ainsi que les fenêtres de la nef sont divisées verticalement en quatre parties (voir 1:19 et 1:34) puisque le chiffre quatre est le nombre terrestre par excellence : quatre saisons, quatre points cardinaux, etc.

Par contre, dans le chœur, les fenêtres sont divisés en trois, un chiffre symbolique de la Trinité (à 2:05, 2:13, 2:22 et 2:24).

L’addition de quatre et de trois font un total de sept : selon la bible chrétienne, le monde a été créé en sept jours. De plus, il y a sept sacrements. La première paroisse chrétienne comptait sept diacres, dont saint Étienne. Quatre fois trois font douze, soit le nombre d’apôtres accompagnant Jésus de Nazareth. Etc.


Voir aussi : Liste des diaporamas de Vienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel