Le Ring de Lepage : ahurissant !

Le 12 octobre 2010
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Pour ceux qui ne connaissent pas Le Ring de Wagner, c’est une série de quatre opéras (donc une tétralogie) dont l’histoire est tout simplement un conte de fée pour grandes personnes, avec ses dieux, ses géants, ses nains, ses dragons, son anneau et son heaume magiques, etc.

Ma première écoute de cette tétralogie remonte à il y a vingt ans. C’était la version dirigée par Georg Solti (un chef hongrois). Celle-ci avait fait sourciller les puristes à l’époque puisque les bruits qu’on entendait dans cette version captée en studio étaient ceux créés par des bruiteurs et non des bruits de scène. Dans le monde très conservateur de l’opéra, une telle chose était presqu’une hérésie. Toutefois, dès ce moment-là, j’avais acquis la conviction que seul le dessin animé et les trucages cinématographiques pouvaient rendre justice à l’histoire extraordinaire imaginée par Wagner.

Je suis demeuré du même avis après avoir vu, beaucoup plus tard, deux versions différentes sur DVD de l’Or du Rhin (le premier opéra de la série) dirigé respectivement par Boulez et Karajan, et après avoir assisté le 9 septembre dernier, à Shanghai, à une production allemande, mise en scène par le canadien Robert Carsen.

C’est donc avec intérêt que j’ai assisté, samedi dernier, à la retransmission de L’Or du Rhin mis en scène par Robert Lepage au Metropolitain Opera. Dramatiquement et musicalement, cette production a été qualifiée de réussite par le redoutable et capricieux critique de La Presse, M. Claude Gingras. Ce dernier a presque tout aimé sauf la scénographie de Lepage. Il faut préciser que ce critique a la réputation d’assister aux opéras en lisant la partition ouverte sur ses genoux. Si cette rumeur est vraie, on se doute bien qu’il n’a pas pu apprécier à sa juste valeur le dispositif scénique du spectacle.

Ce dispositif pèse 42 tonnes et a coûté 15 millions de dollars. Il se compose d’une série de panneaux verticaux d’aluminium pouvant pivoter sur un axe horizontal. Des vidéos projetées à leur surface transforment le tout successivement en masse aquatique, en rive du Rhin, en caverne et, de manière générale, créent tous les lieux exigés par le livret.

Par exemple, au début de l’opéra, lorsque trois ondines protègent le trésor qui leur a été confié au fond du Rhin, celles-ci sont attachés à des harnais et suspendues par des fils d’acier devant la vidéo projetée d’un immense bassin d’eau, tandis qu’un logiciel fait naître au dessus de chacune d’elles des bulles dont le nombre varie en fonction de l’intensité de leur voix respective ; plus elles chantent fort, plus le logiciel leur accorde de bulles. Voilà de nos jours, comment on motive les interprètes…

Dans cette production, le metteur en scène (Robert Lepage) est québécois. Le scénographe et créateur du dispositif scénique (Carl Filion) est québécois. Les costumes ont été créés par François St-Aubin, un québécois. Les éclairages sont d’Étienne Boucher, du Québec. Les programmeurs, eux, habitent les environs de la vieille capitale. Toutefois le compositeur et librettiste (Wagner) est allemand…

Et la question qui tue (comme dirait l’animateur de Tout le monde en parle) : Est-ce que tout cela a réussit à faire naître la magie et le merveilleux du livret de cet opéra ?

Personnellement, j’ai trouvé ce spectacle ahurissant. Les éclairages ont parfaitement contribués à créer les lieux et climats des différentes scènes. Le dispositif de Filion est extraordinaire et fait entrer cet opéra dans un monde multimédia digne de notre temps. Un bémol : le butin en or massif offert comme rémunération pour la construction du palais des dieux n’était pas très impressionnant.

Je serais surpris qu’il reste des billets pour les deux autres retransmissions prévues (les 20 et 29 novembre prochains). Toutefois, cet opéra sera gravé sur DVD. Si vous êtes amateur d’opéra, il ne vous reste plus qu’à attendre la sortie du DVD, chaudement recommandé.

Références :
Das Rheingold au Metropolitan Opera – Lepage convainc New York
James Levine Is Back for Met’s Opening Night
Le «Rheingold» de Lepage au MET : tout… sauf la scénographie !

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