Le Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens

7 septembre 2016

Historique

Depuis l’Antiquité, on sait qu’il suffit de percer un trou dans le mur d’une pièce maintenue dans l’obscurité — ou Camera obscura — pour que le mur opposé affiche l’image inversée de ce qui se passe à l’extérieur de cette pièce.

Mais c’est seulement au XIXe siècle qu’on a trouvé les moyens de fixer de manière permanente l’image produite par un boitier servant de camera obscura.

Le premier à réussir ce défi fut l’inventeur Nicéphore Niépce en 1826. Mais son procédé nécessitait huit à dix heures d’exposition.

Après la mort de Niépce, en 1833, un de ses associés trouva un moyen de réduire les temps de pause à quelques dizaines de minutes. Cet associé s’appelait Louis-Jaques-Mandé Daguerre.

Le 19 aout 1839, Daguerre annonce la mise en marché d’un appareil nommé daguerréotype qui combine toutes les technologies photographiques de pointe de son époque.

Daguerréotype fabriqué en 1845

C’est un boitier à l’arrière duquel se trouve une plaque de cuivre recouverte d’argent rendu sensible à la lumière par des vapeurs d’iode. Puis à l’avant, il ajoute un objectif achromatique (composé de deux lentilles qui corrigent mutuellement une bonne partie de leurs défauts). Cet objectif est fabriqué par l’opticien Charles Chevalier.

Il est à noter que le nom daguerréotype définit à la fois le procédé photographique mis au point par Daguerre et l’appareil qui en tirait parti.

Première photo par daguerréotype

La première photographie représentant des êtres humains sera réalisée grâce au daguerréotype. La scène est captée en 1839 sur le boulevard du Temple, dans le Marais, à Paris.

Dans le coin inférieur gauche, on voit un passant qui faisait cirer ses chaussures par un cireur ambulant. En raison du long temps d’exposition, ils sont les seules personnes qui, sur cette rue animée, sont demeurées suffisamment longtemps immobiles pour apparaitre sur la photo.

La renaissance de l’objectif de Charles Chevalier

L’objectif et ses plaques d’ouverture

Depuis peu, la compagnie Lomography met à la disposition des photographes une version moderne de l’objectif créé pour l’appareil de Daguerre.

Cette version moderne s’appelle le Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens.

Il est fini en laiton (comme l’original) ou noir. Mais au lieu d’effectuer la mise au point à l’aide d’un bouton rotatif, cela se fait par une bague (comme sur les objectifs modernes).

À ouverture maximale, soit F/2,9, il est considérablement plus lumineux que l’original à F/17.

Les objectifs de Chevalier n’ont jamais été dotés d’iris permettant d’ouvrir ou de fermer le diaphragme. Toutefois, à la fin des années 1850, ses modèles étaient dotés de fentes par lesquelles on pouvait glisser des plaques d’ouverture; celles-ci sont trouées d’ouvertures de diamètres différents ayant pour but de modifier la luminosité de l’image.

Ces plaques servaient surtout à bloquer les rayons lumineux périphériques, responsables du manque de netteté de l’objectif.

Coupe de l’objectif

Le Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens possède lui aussi une telle fente et son fabriquant offre des plaques d’ouvertures rondes ou de fantaisie. Ces dernières permettent de créer des reflets lumineux adoptant des motifs particuliers.

L’objectif est vendu accompagné de seize plaques d’ouvertures : six plaques à ouverture ronde et dix plaques de fantaisie.

Précisons que le caractère unique des photos prises par les appareils du XIXe siècle dépendait non seulement de l’objectif utilisé, mais également de la nature du support photographique et ses techniques de développement.

Voilà pourquoi aucune des photos qui suivent ne ressemble à la première photo de ce texte.

Ma première séance de photos

À la manière des années 1950
À la manière des cartes postales de la fin du XIXe siècle
Lumière éthérée
Reflets de lumière en étoile

Le 2 septembre, je recevais ma copie de cet objectif. Dès le lendemain, je m’empressais d’effectuer ma première séance photographique au Jardin botanique de Montréal.

Chaque prise a été traitée avec l’ensemble des filtres artistiques offerts par mon appareil OM-D e-m5. Ceci avait pour but de découvrir lequel de ces filtres s’harmonisait le mieux avec les caractéristiques de l’objectif.

Les photos obtenues ont beaucoup de personnalité mais sont tellement différentes qu’on les croirait prises par différents photographes et ce, à des époques différentes.

Précisions que seule la troisième photo a fait l’objet d’un traitement sous Photoshop.

Ma deuxième séance de photos

À la suite de cette première séance, je me suis rendu compte que l’utilisation de filtres ne permet pas de distinguer les caractéristiques propres à l’objectif.

Je me suis donc rendu dans le Vieux Montréal afin de réaliser des portraits de rue sans recourir aux filtres de mon appareil.

À F/4,5 (photo telle quelle)
À F/4,5 mais traitée pour ressembler à une photo prise à F/2,9
À F/2,9 (telle quelle)

À ouverture maximale (F/2,9), lorsque le sujet se trouve relativement éloigné, le résultat obtenu s’apparente beaucoup celui qu’on obtiendrait à F/4,5 lorsque la photo est combinée avec une copie d’elle-même rendue floue par traitement sous Photoshop (flou de 25 pixels, dans ce cas-ci).

À F/2,9 — contraste ajouté
À F/2,9 — transformée en noir et blanc à l’aide de Google Silver Efex Pro

Toutefois, en plan rapproché, les caractéristiques uniques de l’objectif se précisent. Conséquemment, il est beaucoup plus difficile de les recréer artificiellement.

En somme, cet objectif possède une signature originale qui offre des possibilités créatrices intéressantes pour les photographes qui voudront sortir des sentiers battus.

Références :
Charles Chevalier
Daguerréotype
Histoire de la photographie
Lomography pays homage to Daguerre and Chevalier with Daguerreotype Achromat 2.9/64 Art Lens
History — The Lomography Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens
The History of Petzval Lenses

Détails techniques de mes photos : Olympus OM-D e-m5, objectif Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens
1re photo : 1/1250 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
2e  photo : 1/1000 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
3e  photo : 1/500 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
4e  photo : 1/640 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
5e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
6e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 64 mm
7e  photo : 1/640 sec. — F/2,9 — ISO 200 — 64 mm
8e  photo : 1/320 sec. — F/2,9 — ISO 200 — 64 mm
9e  photo : 1/160 sec. — F/2,9 — ISO 200 — 64 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel