Cachez ces « fuck-friends » que je ne saurais voir…

Publié le 16 juillet 2011 | Temps de lecture : 3 minutes


Avant-propos : L’édition d’aujourd’hui du Devoir publie la lettre d’un lecteur qui s’indigne de la parution d’un troisième film américain en un an sur le thème des « fuck-friends ». On trouvera ci-après la réponse que j’ai fait paraitre sur le site Web de ce quotidien.

Qu’attend-on du cinéma ? Des films qui nous renvoient une image aseptisée de ce que nous sommes (par exemple, « Papa a toujours raison — le film ») ? Ou peut-être préférons-nous fuir la réalité dans des films qui proposent l’imaginaire des romans sur lesquels ils sont basés ? Éprouvons-nous de vives émotions en voyant des films d’action qui ne sont que des hymnes à la violence et/ou à la destruction ?

Depuis deux mille ans, l’Occident est partagé entre une sexualité confiné au mariage et à la reproduction (proposée par les principales religions monothéistes) et une sexualité libre (héritée du paganisme romain).

Parallèlement, durant tout ce temps, la reproduction artistique du corps humain en Occident a oscillé entre ces deux tendances opposées. En Asie, le même phénomène existe, entre l’interdiction absolue de toute représentation humaine dans les mosquées et les Kâma-Sûtra sculptés sur la façade de temples indous.

Dans les années 1960, la perspective d’un anéantissement nucléaire et la découverte de la pilule contraceptive ont favorisé la recherche du plaisir immédiat. L’amour libre s’inscrivait dans cette tendance.

Mais depuis trois décennies, un courant conservateur tente vainement d’harnacher la sexualité populaire vers les organes reproducteurs de l’épouse bien-aimée.

Sous G. W. Bush, l’État américain refusait toute subvention fédérale aux séries télévisées qui ne reflétaient pas les « valeurs américaines » décrétées par la Droite républicaine. Par ailleurs, des mouvements féministes s’attaquaient à l’érotisme et la nudité en les qualifiant de pornographie (ce qui est différent).

Heureusement, les adolescents d’aujourd’hui vivent leur sexualité comme ils l’entendent et non comme le veut la morale hypocrite de l’Amérique bien-pensante. Conséquemment, les « fuck friends » existent aujourd’hui comme ils ont toujours existé dans l’aristocratie européenne.

L’auteur de cette lettre au Devoir s’indigne que trois films en un an soient apparus sur le thème des liaisons érotiques amicales. En supposant que ce soit trois navets, doit-on blâmer Hollywood pour avoir abordé maladroitement un tel sujet ? Si cela n’intéresse personne, il n’y en aura pas d’autres. D’ici là, je m’oppose à l’autocensure qu’on voudrait imposer à l’industrie cinématographique.

Quant à la conclusion selon laquelle « …ceux qui craignent l’engagement et les sentiments amoureux ont encore de beaux jours devant eux », je me demande en quoi cette « irresponsabilité » concerne l’auteur de la lettre au Devoir ?

Photo ©2011 — Sony Pictures

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Écrit par Jean-Pierre Martel