La campagne électorale au Québec : les 11 et 12 août 2012

Publié le 13 août 2012 | Temps de lecture : 10 minutes


 
Jean Charest : la moitié des redevances minières au remboursement de la dette

Profitant du rassemblement de l’aile jeunesse de son Parti, monsieur Charest a promis de consacrer la moitié des redevances minières à la réduction de la dette québécoise.

À mon avis, tous les items au budget de l’État sont des vases communicants. Si les redevances, plutôt que nos impôts, servent à rembourser la dette, c’est que nos impôts serviront moins à la dette et plus à construire des routes, des lignes de chemin de fer et des ports en eau profonde au profit de compagnies minières internationales qui s’empresseront de faire transformer leur minerai ailleurs qu’au Québec. En somme, c’est du pareil au même.

Mais au-delà de cette annonce bidon, ce que cherchaient les stratèges libéraux, c’était de suggérer que le Plan Nord va rapporter beaucoup d’argent au peuple du Québec, ce qui n’est absolument pas le cas.

On justifie le Plan Nord par l’opportunité qui s’offre au Québec de mettre en service de nouvelles mines visant principalement à satisfaire les besoins gargantuesques de la Chine en matières premières.

À long terme, la principale menace à la rentabilité des mines du Plan Nord, c’est la découverte de nouvelles mines situées plus près des marchés d’exportation. Les pays limitrophes de la Chine sont déjà l’objet d’intenses efforts de prospection afin d’y trouver les ressources dont la Chine a besoin. Dès qu’on découvrira du minerai en Mongolie, en Sibérie ou dans n’importe quelle partie d’Extrême-Orient, les mines québécoises nées pour répondre aux besoins de la Chine et de l’Inde deviendront non-rentables et cesseront leurs activités bien avant l’épuisement de la ressource.

Les contribuables de la vallée du Saint-Laurent auront alors déboursé les 60 à 80 milliards$ d’aménagements prévus dans le cadre du Plan Nord (pour construire des routes, des voies ferrées, des écoles, des hôpitaux, des réseaux de distribution d’eau potable, des égouts, des aéroports, des installations portuaires, etc.). Nous serons pris à payer cette facture bien après la fermeture de la mine puisque les redevances payés par la compagnie durant ses quelques années d’opération couvriront à peine les coûts reliés à la décontamination du site après le départ de l’entreprise.

Au lieu que les deniers publics servent à développer des industries de pointe comme le multimédia, l’aéronautique ou la biotechnologie, on va dépenser entre 60 et 80 milliards de dollars — environ 10,000$ par Québécois, homme, femme et enfant — pour favoriser un boom minier éphémère, pour alourdir considérablement la dette publique québécoise, pour subir une décote prévisible des agences de notation et pour enfoncer le Québec dans une pauvreté durable qui nous laissera à la merci des coupures de péréquation du gouvernement fédéral canadien.

Depuis l’accession au pouvoir de M. Charest, le Québec est passé du 4e rang à l’avant-dernière place des provinces canadiennes au chapitre du revenu per capita. Grâce au Plan Nord, le gouvernement Charest pourra compléter son saccage de l’économie québécoise et son pillage du Trésor public.

Référence : Baie-James vs Plan Nord

Corruption : Jean Charest promet des lois plus étanches

Le chef libéral a présenté aujourd’hui son plan de lutte contre la corruption. Jean Charest déclare : « Nous allons nous assurer que les contrats publics de construction sont octroyés à des entrepreneurs au-dessus de tout soupçon.»

Je reviendrai sur le cas précis de l’industrie de la construction. Pour l’instant, j’aimerais aborder le thème de la corruption de manière plus générale.

On fait souvent la distinction entre la collusion, le copinage et la corruption. Pour moi, la frontière entre les trois est souvent floue.

L’avocat nommé juge, le propriétaire de garderie qui obtient un permis, les dirigeants des firmes d’ingénierie qui décrochent des contrats, ne sont pas nécessairement des amis personnels ou même des connaissances des ministres libéraux. Même, ils ne sont peut-être pas membres du Parti libéral. Il n’y a donc pas nécessairement eu copinage. Mais il y a eu contribution à la caisse du Parti libéral ou service rendu. On se trouve en présence d’une décision gouvernementale favorable, prise à la suite d’une contribution (monétaire ou autre) à des élus. Dans ce sens, il y a corruption ou apparence de corruption.

À part quelques entrepreneurs véreux, les personnes qui contribuent à la caisse du Parti libéral sont déjà au-dessus de tout soupçon. Ce sont des gens honnêtes. Ils exercent leur métier consciencieusement. Leur contribution a été considérée comme légale au cours des neuf années de pouvoir de ce parti. Et ils ont obtenu légalement leur permis de garderie, leur contrat de construction ou leur nomination à la magistrature. Aucune de ces personnes n’a éveillé le moindre soupçon dans l’esprit de M. Charest.

Alors les pourris, ce ne sont pas les propriétaires de garderie, les ingénieurs ni même les avocats libéraux : les pourris, ce sont les dirigeants du Parti libéral — et au premier chef M. Charest — qui ont transformé l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral en faisant en sorte qu’une contribution au Parti soit un prérequis pour bénéficier d’une décision favorable de leur part.

Donc les mesures annoncées par M. Charest — qui arrivent bien tard — ne s’attaquent qu’à une partie de la corruption.

Quant aux constructeurs ratoureux, ils ont bénéficié d’une totale impunité depuis neuf ans. Jean Charest s’est défendu de sa lenteur à sévir en blâmant le gouvernement fédéral — c’est toujours la faute des autres — qui a déjà condamné voilà longtemps ces constructeurs à des amendes de plusieurs millions$ mais qui refuse de transmettre sa preuve au gouvernement du Québec.

Monsieur Charest n’aurait eu qu’à modifier la loi de manière à ce qu’une condamnation pour fraude au fédéral soit admissible comme preuve de culpabilité au niveau provincial pour que ce problème soit réglé il y a longtemps. On n’aurait pas besoin de refaire la preuve de culpabilité : une personne est condamnée, donc elle est coupable.

Si cette condamnation est une erreur juridique, que le condamné aille en appel, qu’il convainque le système juridique de lui ouvrir un nouveau procès. Mais tant qu’il est condamné — surtout à la suite d’un plaidoyer de culpabilité — c’est qu’il est coupable. C’est simple.

Mais monsieur Charest a préféré étier le temps. Aujourd’hui, il se présente à nous revêtu des habits de sa nouvelle virginité : la lumière de Dieu l’a terrassé au déclenchement des élections et le voilà métamorphosé en nouveau champion de l’éthique. « La personne accusée aura pour effet de contaminer toutes les entreprises qu’elle possède ou qu’elle dirige » déclare-t-il. Bravo !

Malheureusement, lorsque l’entrepreneur débrouillard vend son entreprise à ses enfants, celle-ci ne lui appartient plus. De plus, si son nom n’apparait pas dans la liste des nouveaux dirigeants, c’est qu’il a cessé de la diriger officiellement. Alors la loi promise par M. Charest sera donc sans effet. Est-ce bien surprenant ?

La CAQ publie son programme électoral

La CAQ dévoilait aujourd’hui une brochure présentant son programme politique et ses promesses électorales.

Je ne vous parlerai pas des nouvelles promesses que ce document dévoile puisque je présume que le chef caquiste aura l’occasion de les détailler au cours du reste de sa campagne.

Le PQ promet une nouvelle loi 101

La plus grande nouvelle de la fin de semaine, c’est la présentation, par le Parti québécois, de sa politique linguistique.

Francisation des entreprises

Dans les cent premiers jours d’un mandat péquiste, les dispositions de la Loi 101 relatives à la langue de travail seraient étendues à toutes les entreprises de plus de dix employés alors que le seuil actuel est de cinquante employés. Cela affecterait dorénavant 54 000 commerces ou entreprises québécoises.

Je me suis déjà prononcé en faveur de l’application de la loi 101 à toutes des entreprises de plus de cinq employés : la volonté du PQ de placer ce seuil à onze employés m’apparait donc comme un compromis acceptable.

Abolition des écoles passerelles

Le PQ abolirait la loi légalisant écoles passerelles. On se rappellera que le gouvernement libéral avait utilisé la guillotine — c’est-à-dire le bâillon — pour forcer l’adoption de cette légalisation par l’Assemblée nationale en octobre 2010.

Les écoles dites « passerelles » sont des institutions d’enseignement qu’on qualifie ainsi parce qu’elles permettent aux personnes qui n’y ont pas droit, d’accéder aux écoles publiques anglaises. En effet, il suffit d’un passage de quelques mois ou même de quelques semaines dans une de ces institutions privées, pour donner le droit d’accéder à l’école anglaise publique (donc gratuite). Ce droit est automatiquement donné non seulement à cet élève, mais également à ses frères et sœurs, de même que tous leurs descendants.

En rétablissant l’illégalité des écoles passerelles, le PQ mettrait ainsi fin à cette anglicisation du Québec financée majoritairement par les contribuables francophones.

À mon avis, cette nouvelle est excellente mais ne va pas assez loin.

Le gouvernement québécois devrait déclarer qu’il considère dorénavant la Constitution canadienne comme étant la constitution du Canada anglais seulement (puisqu’adoptée par toutes les provinces canadienne sauf le Québec). Du même souffle, le Québec déclarerait qu’il se soumettra de bonne grâce à toutes ses dispositions sauf celles qui menacent son avenir, c’est-à-dire celles relatives à la langue d’enseignement au Québec.

Les condamnations de la Cours suprême pour outrage au tribunal seraient sans lendemain, comme l’ont été les injonctions des tribunaux lors de la grève étudiante.

Références :
Fuck la Cour suprême !
Les écoles passerelles

Les CÉGEPs publics anglais réservés aux Anglophones

À l’heure actuelle, n’importe qui peut envoyer ses enfants à l’école privée de son choix. Toutefois, la 101 ne permet l’accès à l’école primaire ou secondaire anglaise qu’à la minorité anglophone actuelle du Québec. En d’autres mots, s’ils veulent envoyer leurs enfants à l’école publique, les Néo-québécois doivent choisir l’école française.

Le PQ veut étendre cette obligation aux CÉGEPs (soit les lycées du Québec). Il ne serait donc plus possible pour un parent francophone d’envoyer ses enfants à un CÉGEP public anglais.

Québec solidaire et les soins de santé

Québec Solidaire promet de consacrer une somme de 600 millions$ pour renforcer le réseau des CLSC. Une autre tranche de 200 millions serait consacrée à valoriser la profession d’omnipraticien et les inciter à s’établir en région. Finalement 300 millions$ seraient alloués à réduire le temps d’attente aux soins médicaux.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 9 et 10 août 2012

Publié le 12 août 2012 | Temps de lecture : 7 minutes


 
La CAQ favoriserait l’école secondaire de 9h à 17h

La Coalition avenir Québec suggère que les étudiants du secondaire passent plus de temps à l’école. On souhaite que les écoles soient ouvertes de 9h à 17h afin de favoriser l’aide aux devoirs et la conciliation travail-famille, particulièrement pour les chefs de famille monoparentale.

Implantée graduellement à partir de 2014, cette mesure facultative pourrait coûter annuellement 290 millions$. Cette somme servirait à la rémunération du personnel qui aurait à travailler les 90 minutes supplémentaires lorsque l’école, sur une base volontaire, en déciderait ainsi.

François Legault déclare : « Ce qu’on annonce aujourd’hui, c’est que les fameux autobus jaunes ne partiraient plus à 3h30. Ils vont partir à 5h00 (de l’après-midi). »

Les 90 minutes supplémentaires seraient donc consacrées aux devoirs ou à des activités culturelles ou sportives. « On pense que ça va créer un sentiment d’appartenance chez les jeunes et que ça aiderait à diminuer le décrochage scolaire », ajoute M. Legault.

Dans son reportage à ce sujet, Radio-Canada ajoute que cela représente un problème de sécurité pour les étudiants du secondaire qui reviennent à la maison à pied auraient à le faire à la noirceur durant les mois d’hiver.

Dans les cas particulier de l’île de Montréal, les élèves empruntent généralement le métro et l’autobus. À l’aller et au retour de l’école, ils se retrouveraient à accroitre l’achalandage du transport en commun aux heures de pointe.

La CAQ précise que l’école secondaire de 9h à 17h ne serait jamais une contrainte mais serait simplement un modèle à s’inspirer. La CAQ veut donc appuyer les institutions scolaires du secondaire qui voudraient adopter cette suggestion.

Le PQ souhaite que le fonds de retraite des Québécois soutienne davantage l’économie de la province

Le Parti québécois souhaite que la Caisse de dépôt et de placement du Québec — l’organisme qui gère le fonds de retraite public de tous les Québécois — revienne à sa mission de soutenir l’économie de la province.

S’il est élu, le PQ créerait un fonds d’investissement stratégique de 10 milliards$, géré par la Caisse, destiné à être investi dans des entreprises québécoises. C’est le double de ce la CAQ se promet de faire. La participation publique souhaitée par le PQ servirait, entre autres, à protéger les entreprises québécoises des prises de contrôle par des intérêts étrangers.

Au cours des années désastreuses d’Henri-Paul Rousseau à la direction de la Caisse, celle-ci avait réduit substantiellement ses investissements au Québec, préférant le mirage des rendements plus élevés des titres toxiques (PCAA) vendus par de grandes institutions financières américaines. Pour ces dernières, c’était une façon de se débarrasser de créances hypothécaires douteuses, que nos petits génies de la Caisse se sont empressés s’acheter. La Caisse détenait le tiers de tous les PCAA détenus au Canada. Lorsque ces titres spéculatifs se sont effondrés, la Caisse a perdu 25% de la valeur de ses investissements, comparativement à 18,4% pour la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes.

Il est évident que si le portefeuille de la Caisse avait contenu davantage d’actions québécoises, elle n’aurait pas perdu 40 milliards$ dans le krach de 2007 – 2008 puisque cette baisse boursière est essentiellement liée à des titres américains.

Depuis la venue de Michael Sabia à la direction de la Caisse en 2009, celle-ci préfère des placements plus sûrs. Si bien que de son propre chef, la Caisse a augmenté substantiellement ses investissement au Québec : 41,2 milliards$ au 31 décembre 2011 vs 33,4 milliards$ en mars 2009. L’institution a maintenant plus d’argent placé au Québec qu’aux États-Unis.

Malgré cela, les placements en actions dans trois entreprises du secteur des sables bitumineux albertains représentent à eux seuls presque le double de tous les placements que la Caisse possède dans des entreprises québécoises cotées en Bourse.

Le PQ veut qu’on aille plus loin en créant un fonds spécifique d’investissements au Québec. Pourquoi un fonds spécifique ? Afin de protéger ce fonds d’un autre « Henri-Paul Rousseau » à la direction de la Caisse.

Références :
Caisse de dépôt et placement: virage pro-Québec
Se sortir la tête du sable. La contribution de la Caisse de dépôt et placement du Québec au développement des énergies fossiles au Canada

Le PQ abolira la taxe santé

Comme l’a fait la CAQ, il y a trois jours, le PQ promet d’abolir la taxe santé instaurée en par le gouvernement Charest. Cette taxe est de 200$ par contribuable, indépendamment de son revenu.

Les sommes qu’elle génère seront remplacées par ceux de deux niveaux supplémentaires d’imposition pour les hauts salariés; ceux qui gagnent annuellement plus de 130 000$ et ceux qui gagnent plus de 250 000$. C’est un milliard$ qu’on remet dans les poches de la classe moyenne.

Québec Solidaire promet un budget équilibré

Québec Solidaire mise aussi sur deux nouveaux paliers d’imposition et sur l’augmentation des redevances payées par les minières pour faire en sorte que le budget de l’État québécois dégage un surplus d’un milliard$ dès la première année d’un gouvernement dirigé par cette formation politique. Celle-ci promet également l’abolition de la taxe santé et l’annulation de la hausse des frais de scolarité.

Le Parti libéral créera un fonds de formation à distance pour le Plan Nord

Afin de répondre aux besoins spécifiques en main-d’œuvre des compagnies minières impliquées dans le Plan Nord, M. Charest allouera 50 millions$ en cinq ans pour développer la formation à distance.

De cette somme, 15 millions$ seront consacrés à la création d’un « Réseau universitaire du Plan Nord », afin d’offrir aux résidents du Nord des programmes d’études universitaires de qualité équivalente à ceux du Sud. Le Premier ministre n’a pas précisé le montant des frais de scolarité qui seront exigés par ce réseau.

Référence : Jean Charest promet un fonds de formation à distance, et attaque Legault

CAQ : Amiante, abolition partielle des crédits d’impôt, et cours d’entreprenariat

Comme tous les autres partis politiques à l’exception du Parti libéral, la CAQ s’est prononcée contre l’exploitation de l’amiante au Québec.

Sur les quatre milliards de dollars qui sont donnés en crédits d’impôt aux entreprises, la CAQ veut en retrancher la moitié, soit 2 milliards$, qui seraient confiés annuellement à Investissement Québec. Cet organisme d’État (qui existe déjà) deviendrait le guichet unique pour toutes entreprises qui demandent des subventions afin de moderniser leurs moyens de production, de rehausser la productivité et de créer des emplois payants.

François Legault déclare : « L’objectif au Québec, c’est d’arrêter de créer des emplois à 10$ de l’heure, comme le fait Jean Charest, et de créer des emplois à 20, 30, ou 40$ de l’heure. C’est ça qui manque au Québec et c’est ça qui doit être aidé.»

Finalement, la CAQ propose des cours d’entreprenariat et d’économie dans les écoles secondaires afin de donner aux jeunes le goût de se lancer en affaires.

Références :
Amiante: Legault voudrait faire cesser l’exploitation du minerai
Legault couperait la moitié des crédits d’impôt des entreprises

Complément de lecture : Le Québec doit faire son deuil de l’amiante

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 7 et 8 août 2012

Publié le 11 août 2012 | Temps de lecture : 9 minutes


 
La CAQ baisserait les impôts en mettant à la porte 7 000 fonctionnaires

Un éventuel gouvernement caquiste éliminerait dans un premier temps la taxe santé qui a été adoptée par le gouvernement Charest. Cette taxe, actuellement de 200$ par personne, est imposée à tous les contribuables, indépendamment de leur revenu.

Une fois la taxe santé éliminée, soit au bout de deux ans, un gouvernement de la CAQ baisserait l’impôt sur le revenu de 100$ par année, par contribuable, lors des trois années subséquentes.

Les bénéficiaires seraient les couples dont le revenu annuel total est de moins de 100 000$ — ai-je bien compris : la limite est de 50 000$ de revenu moyen par personne mariée ? — et les célibataires qui gagnent annuellement moins de 100 000$. Donc, vive le célibat !

Cette mesure, dont le coût est estimé à 1,8 milliards$, serait financée par des compressions budgétaires : en tout, 7 000 fonctionnaires seraient mis à la porte.

Depuis vingt ans, les partis qui aspirent à prendre le pouvoir nous promettent des baisses d’impôts financées par une réduction de la fonction publique. La terminologie utilisée varie selon les époques; on parlera de « couper dans le gras », de « réingénierie gouvernementale » et maintenant de « faire le ménage ». C’est un peu facile.

La dernière fois qu’un chef de parti a fait une telle promesse — c’était M. Charest en 2003 — ce dernier, après avoir essayé vainement, a dû se résoudre, en désespoir de cause, à utiliser les sommes provenant de la péréquation fédérale pour réaliser sa promesse électorale.

À l’heure actuelle, le Québec compte 25 fonctionnaires provinciaux et municipaux par mille habitants vs 28 pour l’Ontario ce qui, dans ce dernier cas, correspond aussi à la moyenne canadienne.

Sur ce blogue, j’ai déjà eu l’occasion de critiquer sévèrement ce genre de promesse simpliste.

Un des problèmes majeurs du gouvernement québécois, c’est qu’il manque de gens compétents. Cette pénurie découle du fait qu’on a cru longtemps qu’il n’était pas essentiel pour l’État de disposer de ses propres experts. Certains croyaient qu’il était beaucoup plus avantageux de recourir au privé et de faire appel de manière ponctuelle aux serviteurs de l’État, en cas de besoin.

Le résultat, c’est que dans de nombreux secteurs économiques, par manque d’expertise, l’État québécois est à la solde d’intérêts privés.

On a donc trop coupé. On a trop coupé dans l’enseignement, dans les hôpitaux, dans les infrastructures, bref, dans à peu près tous les secteurs de compétence provinciale. Si bien que nos hommes politiques font de leur mieux, entourés de conseillers dont les plus brillants sont en nombre insuffisant. Les décisions ministérielles reflètent donc la médiocrité de l’expertise à leur disposition…

Si on juge les idéologies par leurs résultats, la conclusion est claire : continuons à priver l’État de ressources et nous devrons accepter la médiocrité de nos gouvernements comme la conséquence de nos choix.

Le gouvernement Charest a reconnu implicitement la faillite de sa « réingénierie gouvernementale » en embauchant massivement de nouveaux fonctionnaires au Ministère des transports après l’effondrement du Tunnel Ville-Marie, causée directement par les décisions malheureuses adoptées par ce ministère.

Et voilà la Coalition avenir Québec qui reprend le flambeau libéral à sa manière. Mon Dieu que ça fait pitié…

La CAQ peut financer toutes ses promesses électorales simplement en mettant la hache dans le gaspillage des fonds publics représenté par le Plan Nord (40 à 63 milliards$) et la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 (deux milliards$ officiellement, mais en réalité probablement le double ou le triple). Et j’en passe.

Références :
Lisée JF. Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments. Montréal: Stanké, 2012 (p. 63).
Fonction publique : coupe-t-on encore dans le gras ?
François Legault promet 500$ de réduction d’impôt par contribuable sur cinq ans
Le néo-libéralisme du ministère des Transports
Tunnel Ville-Marie : Sam Hamad et Anne-Marie Leclerc doivent démissionner

Intervention surprise de Me Lussier contre Jacques Duchesneau

Depuis l’annonce de la candidature de M. Duchesneau, le Parti libéral cherche plus que jamais à le discréditer. Le tâcheron de cette sale besogne est aujourd’hui Me Sylvain Lussier, procureur-chef de la Commission Charbonneau.

Il ne s’agit pas ici d’une confidence imprudente ébruitée par un journaliste en manque de scoop, mais plutôt d’une charge délibérée puisque Me Lussier s’est déplacé expressément dans les studios de Radio-Canada pour la faire.

Me Sylvain Lussier, un libéral notoire, a cru bon intervenir dans la campagne électorale pour reprocher publiquement à Jacques Duchesneau d’avoir décrit les mécanismes de la corruption gouvernementale sans préciser de noms, lors de son témoignage devant cette commission.

Contrairement à ce que font les gouvernements lorsqu’ils veulent inciter les gens à témoigner, le gouvernement Charest n’a pas cru bon garantir l’immunité aux témoins de la commission.

Conséquemment, si M. Duchesneau avait commis l’imprudence de préciser les noms des coupables de la corruption au Québec, il croulerait aujourd’hui sous le poids des procès pour diffamation, un moyen commode de faire taire les personnes qui parlent trop.

J’inviterais donc Me Lussier à mettre autant d’énergie à combattre la corruption au Québec qu’il en met à s’attaquer aux rares et précieux témoins de sa commission.

Complément de lecture : Me Sylvain Lussier, procureur-chef à la Commission Charbonneau : un choix judicieux ?

Jean Charest propose un crédit d’impôt pour la rénovation verte

Le Parti libéral désire instaurer un nouveau crédit d’impôt en vertu duquel l’État subventionnerait partiellement les travaux relatifs à l’isolation, à l’étanchéisation des fondations et des portes et fenêtres, au système de chauffage ou à la conservation de l’eau.

Le gouvernement rembourserait 20% des dépenses supérieures à 1 000$. Pour toucher l’aide maximale de 3 000$, les travaux devraient s’élever à 17 000$.

Environ 35 000 ménages pourraient bénéficier de cette mesure fiscale, applicable seulement aux résidences principales. La mesure serait en vigueur pendant une seule année et coûterait 50 millions$.

Le pseudo-scandale diffusé par Radio-Canada

L’actualité politique d’aujourd’hui est dominé par un « scandale » révélé par les journalistes de l’émission Enquête de Radio-Canada.

En résumé, il s’agit d’un ex-dirigeant du syndicat FTQ-Construction, sous surveillance policière en 2009 et dont la filature a été mystérieusement suspendue — par un ordre venu d’en haut — après que ce dirigeant syndical ait murmuré quelques mots à l’oreille du Premier ministre lors d’une rencontre avec des représentants autochtones.

C’est mince. C’est très mince.

Soyons francs : Monsieur Charest n’est pas un enfant de cœur. Au gouvernement fédéral, il a dû démissionner en 1990 comme Ministre d’État à la Condition physique et au Sport amateur pour avoir tenté de faire pression sur le juge Macerola au sujet d’un procès contre l’entraineur Marc Saint-Hilaire. De plus, devenu Premier ministre du Québec, il a perverti le mécanisme de nomination des juges en soumettant les recommandations du Ministère de la Justice aux desiderata de ses conseillers politiques et des collecteurs de fonds de son parti. Finalement, il a créé une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la corruption qui, originellement, n’avait même pas le pouvoir de contraindre des personnes à témoigner, soulevant ainsi l’indignation du Barreau du Québec.

Donc, Monsieur Charest n’est pas reconnu pour son respect du processus judiciaire. Mais l’accusation d’être intervenu auprès des hauts dirigeants de la Sécurité du Québec pour faire interrompre une filature repose sur aucune preuve directe. C’est de diffammation à l’état pur. Qui a donné l’ordre ? Où sont les preuves ?

Conséquemment, il est inacceptable que Radio-Canada révèlent ce pseudo-scandale en manchette, en pleine campagne électorale.

D’ailleurs, entre nous, avons-nous besoin de cette « preuve » supplémentaire pour nous faire une idée de la corruption du gouvernement sortant ?

Références :
Jean Charest
La « patente à gosses » de M. Charest
L’utilité de la Commission Bastarache

Parti libéral : soins dentaires gratuits et divulgation des temps d’attente des médecins spécialistes

Présentement, dix ans est l’âge maximal pour recevoir gratuitement des soins dentaires de base (ce qui exclut l’orthodontie). S’il est réélu, M. Charest promet que cet âge maximal serait porté à seize ans. Le coût de cette mesure est estimé à 58 millions$ par année

Autre promesse : s’il est réélu, Jean Charest ferait en sorte qu’on publierait sur un portail Web le temps nécessaire afin d’obtenir un rendez-vous chez chaque médecin spécialiste. Cela permettrait au public de choisir un spécialiste dont les délais d’attente sont plus courts.

Référence : Jean Charest veut élargir la couverture des soins dentaires

La CAQ promet un congé parental rémunéré de cinq jours par année

François Legault promet un congé payé de cinq jours par année à tous les parents d’enfants de moins de 6 ans pour leur permettre de répondre à leur obligation parentale. Actuellement, les normes du travail prévoient qu’un parent puisse s’absenter dix jours par année, mais à ses propres frais.

Le chef de la CAQ déclare : « Pendant longtemps, on a eu au Québec des familles où seulement un des deux parents travaillait. Aujourd’hui, dans beaucoup de familles, les deux parents travaillent. Il arrive que des jeunes soient malades et qu’un des deux parents doive s’absenter du travail.»

Le coût de cette mesure est évalué à 350 millions de dollars, à la charge des employeurs.

Référence : Cinq congés payés pour les parents d’enfants de moins de six ans, promet Legault

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 5 et 6 août 2012

Publié le 10 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Jacques Duchesneau passe à la CAQ

La nouvelle circulait déjà depuis deux jours. C’est aujourd’hui que la Coalition avenir Québec (CAQ) lâche une véritable bombe politique : Jacques Duchesneau, symbole de la lutte anti-corruption au Québec, se présente sous la bannière de cette formation politique.

Avec l’arrivée de deux candidats vedettes — le Dr Gaétan Barrette (Président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec) et Jacques Duchesneau — l’équipe ministrable de la CAQ se renforce considérablement. De plus, ce parti acquiert ainsi une crédibilité nouvelle dans l’opinion publique.

Pour le Parti libéral, c’est une catastrophe. L’ex-policier passerait le reste de la campagne électorale à réciter l’annuaire du téléphone, que sa simple apparition sur nos écrans de télévision suffirait à raviver le souvenir des accusations de corruption qui pèsent lourdement sur le gouvernement sortant.

Quant au Parti québécois, la remontée prévisible de la CAQ dans les intentions de vote brouille les cartes : la Coalition n’est plus seulement le refuge d’électeurs libéraux qui ont honte de leur parti et d’anciens partisans du parti disparu de Mario Dumont (l’ADQ) : la Coalition avenir Québec séduira aussi un nombre accru d’électeurs francophones — surtout parmi les moins nationalistes — qui cherchent une alternative au régime corrompu de M. Charest et qui, autrement, auraient voté pour le PQ.

Selon les explications fournies par M. Duchesneau lui-même, il semble que la déclaration de M. Charest, en début de campagne, de s’attribuer une note de 8 sur 10 dans la lutte contre la corruption a piqué au vif M. Duchesneau et l’a convaincu, impulsivement, de sauter dans l’arène politique.

On peut présumer que la charge stupide de l’avocate du PQ contre M. Duchesneau à la Commission Charbonneau, n’est pas étrangère au choix de ce dernier de se présenter sous la bannière de la CAQ plutôt que celle du PQ.

Si le Parti québécois devait prendre le pouvoir à l’issue de la présente élection, Mme Marois pourrait songer à la possibilité de répéter le coup d’éclat du Premier ministre Robert Bourassa qui, en 1970, avait nommé Jean Cournoyer, ministre du travail quelques mois plus tôt dans le gouvernement d’un parti rival, à ce même poste dans son propre cabinet nouvellement élu.

Références :
Jean Charest ouvre la porte de la CAQ à Duchesneau
Jean Cournoyer

M. Charest subventionnera des garderies d’entreprise

M. Charest annonce qu’un gouvernement libéral aidera les entreprises qui voudront créer des garderies sur place au bénéfice de leurs employés. Et ce, au tarif maximal de 8$ par jour pour les utilisateurs.

De manière générale, le tarif quotidien des garderies, actuellement à 7$, sera indexé à l’augmentation du coût de la vie. Rappelons que le coût véritable d’une place en garderie subventionnée est de l’ordre de 37$.


 
Le Parti libéral accordera 100$ aux familles pour l’achat de matériel scolaire

Jean Charest promet de doubler le budget du programme qui permet aux enfants d’obtenir de l’aide pour faire leurs devoirs; ce budget passera donc de 20 à 40 millions$.

De plus, il a annoncé que les parents québécois recevront 100$ par enfant pour l’achat de matériel scolaire, une mesure dont le coût total est évalué à 45 millions$ annuellement.

M. Charest déclare : « C’est un montant qui sera déboursé à chaque année, au mois d’août, pour aider et appuyer les familles qui préparent la rentrée scolaire de leurs enfants, pour tous les enfants du primaire qui sont dans le réseau public. C’est un montant d’argent qui sera non imposable. Ça va rejoindre environ 450 000 enfants.»

À mon avis, il s’agit d’une très bonne mesure. Toutefois, on peut faire mieux.

À la place, j’aurais plutôt favorisé l’édition électronique des manuels scolaires. Je sais qu’il s’agit d’une question délicate pour les maisons d’édition québécoises. Toutefois si le gouvernement subventionnait plutôt le téléchargement des manuels scolaires obligatoires, à partir d’un portail gouvernemental unique, on épargnerait des tonnes de papier, on s’assurerait de retombées économiques à 100% pour le Québec — puisque les sommes seraient versées à des auteurs et des éditeurs québécois et non à l’achat de crayons-feutres de Chine — et on soulagerait encore plus le fardeau financier des familles; en effet, à aux seuls, les manuels scolaires coûtent une fortune.

Référence : Charest promet 100 $ aux familles pour la rentrée

Le Parti québécois indécis quant au gisement pétrolier Old Harry


 
De passage aux Îles-de-la-Madeleine, Pauline Marois a déclaré qu’un gouvernement péquiste serait prêt à renoncer à exploiter la portion québécoise du site pétrolier Old Harry, situé dans le golfe du Saint-Laurent. La chef péquiste préfère attendre les résultats de l’évaluation environnementale en cours avant de trancher définitivement.

J’appelle cela parler pour ne rien dire : veut-on ou ne veut-on pas développer Old Harry ?

Ce gisement chevauche la frontière qui sépare deux provinces : le Québec et Terre-Neuve. Cette dernière permet déjà l’exploitation de ce gisement et en retire des millions$ en redevances. Le Québec n’a pas le choix : renoncer à exploiter la portion québécoise du gisement équivaut à donner le monopole d’Old Harry à Terre-Neuve. Lorsque l’Humanité sera passée aux énergies renouvelables, il sera trop tard pour tirer profit de ce qui dort chez nous au fond du golfe, loin des nappes phréatiques d’eau potable.

La CAQ favorisera sans hésitation l’exploitation pétrolière au Québec

Un éventuel gouvernement caquiste affecterait la totalité des redevances gazières et pétrolières au remboursement de la dette. La CAQ espère ainsi ramener progressivement la dette québécoise (49,9% de son PIB) au niveau des autres provinces les plus endettées, la Nouvelle-Écosse (35,3%) et l’Ontario (35,0%).

M. Legault déclare : « On ne peut pas se permettre le luxe, au Québec, de ne pas regarder l’exploitation pétrolière. C’est peut-être la chance ou jamais de rembourser la dette qu’on a, une dette qui est la plus importante de toutes les provinces canadiennes.»

Rappelons que les deux principaux gisements pétroliers du Québec sont situés respectivement sur l’Île d’Anticosti (40 milliards de barils) et dans le Golfe du Saint-Laurent (« Old Harry », 6 milliards de barils). Globalement, une faible partie du pétrole québécois (environ 10%) peut être extrait.

Le chef de la CAQ étudierait également les moyens d’accélérer le processus d’évaluation environnementale menant à l’approbation des projets de ressources naturelles. En d’autres mots, on veut que les environnementalistes se tiennent tranquilles.

Finalement, on créerait un Fonds de développement des ressources naturelles de cinq milliards$, qui serait administré par la Caisse de dépôt et placement du Québec pour permettre à l’État d’acquérir une participation dans les projets miniers et pétroliers québécois.

Références :
CAQ: le pétrole pour s’attaquer à la dette
Quand François Legault spécule sur le pétrole

Le Plan de développement économique présenté par Québec Solidaire

Cette formation politique présentait aujourd’hui son Plan de développement économique. Celui-ci prévoit la création de 166 000 nouveaux emplois, propose de développer un réseau de trains électriques express, de prolonger le métro de Montréal, de créer 40 000 nouvelles places en garderie, et de construire 50 000 nouveaux logements sociaux. Entre autres, Québec solidaire entend financer ce plan de 1,5 milliard$ par une redevance sur l’eau payée par les utilisateurs industriels de cette ressource.

Depuis 2011, les entreprises qui utilisent beaucoup d’eau — les embouteilleurs et sociétés minières — paient une redevance de 70$ par million de litres d’eau utilisé, soit sept millièmes de sous (0,00007$) par litre d’eau. Cela rapporte annuellement la modeste somme de 9 millions$. Québec solidaire propose de faire passer cette redevance à 5 000$ par million de litres, soit un demi sous du litre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : les 3 et 4 août 2012

Publié le 9 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
La CAQ promet d’assigner un médecin à chaque famille

Tout le monde, dès la première année d’un mandat caquiste, se verra assigner un médecin. Ce parti forcera chaque médecin de famille à suivre, en moyenne, mille patients. La liste des noms sera établie par l’État et aucun omnipraticien ne pourra refuser.

C’est un peu ce qui se fait déjà en Grande-Bretagne : non seulement les médecins se voient attribuer les habitants d’un territoire précis mais on leur offre des incitations monétaires s’ils y améliorent la santé des gens qui y vivent, plus précisément s’ils réduisent leur consommation en médicaments et leur besoin en soins hospitaliers.

François Legault déclare : « Au Québec, on a 8 000 médecins de famille. Si vous faites un petit calcul, ça donne plus de 100 médecins par 100 000 habitants. C’est plus que dans le reste du Canada.»

En effet, le Québec se classe au 4e rang des provinces canadiennes quant au nombre de médecins par 100 000 habitants mais au dernier rang pour ce qui est du pourcentage de sa population qui possèdent un médecin de famille; seulement les trois quarts des Québécois ont accès à un médecin de famille. Avec moins de médecins, l’Ontario fait mieux puisque 91% des gens y possèdent un médecin de famille.

Toutefois, l’assignation d’un médecin ne garantit pas sa disponibilité à des rendez-vous. La CAQ promet donc aux médecins, les ressources et la rémunération nécessaires. Des Centres de médecine familiale, ouverts sept jours par semaine jusqu’à 22h, seraient créés dans chaque région du Québec afin de minimiser le recours aux urgences des hôpitaux comme lieux de traitement de première ligne.

Pour terminer, signalons que selon Statistique Canada, la moitié de ceux qui n’ont pas de médecin de famille admettent ne pas en avoir cherché.

Le PQ augmentera les redevances minières

La fiscalité québécoise permet à la moitié des minières québécoises de ne payer aucun impôt. Plus précisément, les redevances de l’industrie minière ne couvrent même pas les coûts de restauration des sites abandonnés.

Le PQ propose une redevance minimale de 5% sur la valeur brute de la production de minerai. De plus, au-delà d’un profit de 8%, la minière devra payer une taxe de 30% sur les profits subséquents.

La journaliste de Radio-Canada attitrée à la campagne péquiste déclare : « Pendant des mois, le PQ a fait la guerre au projet de loi sur les mines du gouvernement libéral. Et il n’a pu être adopté. C’est que le PQ, sentant venir les élections, espérait mettre en place ses propres politiques.»

Vraiment ? Comment un parti d’opposition peut-il forcer un gouvernement majoritaire à adopter quoi que ce soit ?

Le régime fiscal auquel sont soumises les minières québécoises les incite à utiliser des stratagèmes, tout à fait légaux, qui font en sorte qu’elles ne paient aucun impôt. Alors que le Parti libéral est complice de ce pillage de nos richesses naturelles, le PQ entend, au contraire, y mettre fin.

Références :
Gaz de schiste : des redevances « élevées » ou « justes » ?
Plan nord : redevances basées sur les profits ou sur la valeur brute ?

Le Parti libéral veut favoriser l’embauche des travailleurs âgés

S’ils sont réélus, les libéraux veulent garder les personnes de 55 ans et plus sur le marché du travail. Dans ce but, on promet d’investir plus de 400 millions$. À tire d’exemple, les entreprises bénéficieraient de baisses d’impôt — jusqu’à 1 000$ par année par employé — si elles choisissent des candidats de plus de 65 ans.

La journaliste de Radio-Canada attitrée à la campagne libérale, Martine Biron, déclare : « Sur la route électorale, on est conscient qu’une pénurie de main d’œuvre est à nos portes.» Si tel était le cas, on voit mal la nécessité d’une mesure illégale — reposant sur une discrimination basée sur l’âge — alors que cette pénurie anticipée, si elle survient, provoquera une demande accrue de main-d’œuvre et une croissance de sa rémunération. Cela devrait suffire à garder sur le marché, les personnes aptes au travail. Pourquoi donc gaspiller 400 millions$ ?

Il est à noter que cette promesse extravagante représente à elle seule, plus de la moitié des revenus anticipés de la hausse des frais universitaires.

Référence : L’augmentation des frais de scolarité

Québec Solidaire présente autant de candidates que de candidats

Françoise David annonce que sa formation politique présente autant de candidates que de candidats. : « À ce jour, si vous allez sur le site des autres partis politiques (…) le Parti libéral présente 39% de candidates, le Parti québécois 29%, la Coalition pour l’avenir du Québec 19%, et Option nationale 22%.»

Incidemment, rendons à César ce qui appartient à César : M. Charest a nommé plus de femmes au sein de ses trois gouvernements successifs qu’aucun autre de ses prédécesseurs.

Le PQ et les soins à domicile

Le Parti québécois promet de dégager une somme de 100 millions$ par année pendant cinq ans pour offrir des soins aux personnes âgées qui veulent demeurer à domicile. Au baume, entre autres, pour les aidants naturels.

Les libéraux veulent faire travailler les assistés sociaux

Sous le thème de « Valoriser le travail », le chef libéral propose des mesures pour aider les bénéficiaires de l’aide sociale âgés entre 18 et 21 ans et les personnes seules, à reprendre le travail.

M. Charest déclare : « Nous allons vouloir (sic) lever les barrières pour certains Québécois pour qui l’accès au marché du travail peut être un peu plus difficile.»

Il a promis des mesures pour favoriser le retour au travail des assistés sociaux de 18 à 21 ans. De plus, il s’est engagé à bonifier la prime au travail pour les personnes seules; le montant maximal passerait de 532$ à 732$ par année.

Le chef libéral a souligné que le taux d’assistance sociale est à son plus bas niveau depuis 1976. Mes informations sont plutôt que le chômage au Québec diminue depuis 1992. Dans tous les cas, on voit mal la nécessité de dépenser l’argent des contribuables à corriger un problème en régression.

Taux de chômage au Canada, de 1988 à 2008

Références :
Duchesneau: «Une arme de destruction massive», dit Gignac
Grand parleur, petit faiseur

La CAQ veut intéresser les jeunes à la culture

François Legault promet non seulement d’épargner le Ministère des Affaires culturelles de son plan d’assainissement des finances publiques, mais s’engage à y investir 100 millions$ supplémentaires, dont 50 millions$ pour initier les écoliers aux productions d’ici. L’autre moitié servira à la promouvoir les artistes québécois à l’étranger.

« Il faut que tous nos jeunes aient la chance, au moins une fois par année, d’assister à un concert de musique classique, de voir une pièce de théâtre…»

Je suis un peu partagé au sujet de ces promesses. D’une part, il est évident qu’en augmentant les subventions au milieu artistique, la CAQ compense pour les coupures récentes du gouvernement fédéral à ce sujet (en évacuant un champ de compétence qui ne lui appartient pas).

Il est donc heureux que la CAQ fasse une priorité du rayonnement international de la culture québécoise. Mais je n’aime pas qu’on insinue que les jeunes manquent de culture. À 20 ans, on a eu trois fois moins d’occasions de s’abreuver de culture que si on en avait 60. Cela est mathématique. Mais cela ne veut pas dire qu’on est destiné à devenir inculte.

En réalité, les jeunes sont curieux et ont une grande soif de culture. Mais ils s’intéressent à la culture vivante d’aujourd’hui, que ce soit la télévision, le cinéma et la musique populaire, entre autres. À cet âge, on s’intéresse moins aux créations du passé présentées habituellement par les troupes de théâtre, les orchestres symphoniques ou les musées.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La campagne électorale au Québec : le 1er et 2 août 2012

Publié le 8 août 2012 | Temps de lecture : 13 minutes


 
Bilan économique du gouvernement Charest

Lors de l’annonce de la date du scrutin, mercredi dernier sur les ondes de RDI, le Premier ministre du Québec a déclaré que sous sa gouverne, notre province avait mieux traversé la crise économique actuelle que l’ont fait l’Europe et les États-Unis. De plus, selon M. Charest, le Parti libéral a réussi, en période de crise économique, à faire mieux que le Parti québécois en période de prospérité.

D’avance, je vous le dis : si cela est vrai, je vote libéral. Mais est-ce bien vrai ?

Le Québec et la crise économique actuelle

Le Canada a mieux traversé la crise économique actuelle que l’Europe et les États-Unis. Cela est le cas de toutes les provinces canadiennes, que celles-ci soient dirigées par des gouvernements conservateurs, libéraux ou néo-démocrates.

Ce que M. Charest n’a pas dit — mais qu’il dira sans doute ultérieurement au cours de la compagne électorale — c’est que le Québec a même fait mieux que l’Ontario.

La raison de cette bonne performance, c’est que les gouvernements québécois précédents (péquistes comme libéraux) ont modernisé la structure industrielle du Québec au cours des dernières décennies, abandonnant le textile (par exemple) et misant sur le multimédia, la biotechnologie et l’aéronautique. Ce que n’a pas fait l’Ontario, qui dépend tout autant de l’industrie automobile, durement affectée par la récession.

Au Québec, si l’aéronautique a souffert de la dernière récession et de la concurrence du Brésil, ce ne fut pas le cas du multimédia (en particulier des jeux vidéo) et de la biotechnologie. En d’autres mots, M. Charest a surfé sur la vague des changements industriels sur lesquels ont travaillé ses prédécesseurs.

Mais peut-on dire qu’il a fait mieux en dépit des temps difficiles actuels que le Parti québécois en période de prospérité ?

Le Québec, province quêteuse

Sous la gouverne des Premiers ministres péquistes Parizeau, Bouchard et Landry, la croissance économique du Québec était supérieure à la moyenne canadienne. Si bien que le Québec était devenu la quatrième province la plus riche du pays quant au revenu par personne. Conséquemment, le gouvernement fédéral avait même diminué légèrement la péréquation versée au Québec. En effet, seules les provinces pauvres peuvent bénéficier de ce mécanisme de redistribution de la richesse canadienne. Lorsqu’une province devient moins pauvre, elle reçoit moins de péréquation.

Dès son accession au pouvoir, le gouvernement Charest s’est mis à couper à tort et à travers dans les dépenses publiques afin de dégager un milliard de dollars, afin de réaliser sa promesse de réduire les impôts des riches. Ces coupures — tout comme celles auxquelles procèdent actuellement la Grèce, l’Espagne et l’Italie — provoquèrent une contraction de la croissance économique.

Cette contraction n’a pas été suffisante pour provoquer une récession, mais a suffi à ralentir la croissance économique du Québec et à faire revenir cette croissance sous la moyenne canadienne. Cela fut vrai dès la première année du gouvernement Charest. Et cela n’a pas cessé d’être le cas jusqu’en 2008.

De 2008 à 2011, la croissance a toutefois été de 4,7% au Québec (vs 3,5% pour l’ensemble du pays). Cet avantage d’un pour cent ces dernières années n’a pas été suffisant pour réparer les dommages subis de 2003 à 2008, ce qui a fait chuter le Québec à l’avant-dernier rang canadien (devant l’Île-du-Prince-Édouard) quant au revenu disponible par personne.

Donc il est totalement faux de prétendre que le Parti libéral fait mieux que le PQ. Au contraire; M. Charest a hérité d’une situation exceptionnelle et l’a gâchée par aveuglement idéologique. Grâce à M. Charest, nous sommes maintenant plus pauvres que les gens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle Écosse.

Des pertes de 40 milliards$ à la Caisse de dépôt et de placement

Là où la performance économique du gouvernement Charest a été pitoyable, c’est relativement à l’effondrement des actifs de la Caisse de dépôt et de placement. Rappelons que toutes les sommes épargnées en vue de notre retraite, sont versées et gérées par cet organisme d’État. Or dans la crise, toutes nos épargnes ont perdu 25% de leur valeur, comparativement à 18,4% pour la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes.

Lorsqu’on l’interroge à ce sujet, M. Charest a l’habitude de répondre que cela n’est pas de sa faute — jamais rien n’est de sa faute — et que la Caisse est indépendante de l’État. En réalité, il est vrai que le gouvernement ne se mêle pas de la gestion quotidienne des actifs de la Caisse. Toutefois le gouvernement a le pouvoir de nommer et de destituer le Président de la Caisse. S’il s’abstient de le faire, c’est qu’il le veut bien.

Le gouvernement Charest a destitué presque toutes les personnes nommées avant lui par le Parti québécois sauf le président de la Caisse. Ce dernier, Henri-Paul Rousseau, avait la réputation d’être un magicien qui réussissait à obtenir des rendements équivalent à ceux obtenus par le Fonds de pension des enseignants ontariens (parmi les plus performants au pays).

En réalité, ce dirigeant avait transformé la Caisse en repère de spéculateurs. Sans trop savoir de quoi il s’agissait, les courtiers de la Caisse achetaient à tour de bras des actifs toxiques — la Caisse détenait le tiers de tous les PCAA détenus au Canada — pour la simple raison qu’ils donnaient des rendements élevés. Un régime de bonus incitait ceux-ci à prendre des risques de plus en plus grands. Et comme la spéculation finit inexorablement par la faillite, le laisser-faire de M. Charest a mené aux pertes colossales qu’on connait.

Avisé confidentiellement par M. Rousseau lui-même au sujet des pertes catastrophiques de la Caisse, M. Charest a préféré devancer les élections de 2008 afin que la nouvelle ne soit connue qu’après sa réélection.

La balance commerciale du Québec

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus dans ses échanges internationaux. En 2004 — soit un an après l’arrivée au pouvoir de M. Charest — pour la première fois de son histoire, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions. Puis, avec un déficit de 6 milliards en 2005, 17 milliards en 2008, et 12 milliards en 2009. En 2010, ce déficit fut de 16,4 milliards, soit 5% du PIB.

Une partie importante de ce déficit est lié aux importations d’hydrocarbures. En effet, les importations de pétrole et de gaz ont passées de sept milliards$ en 2000 à 18 milliards$ en 2008, soit une augmentation de près de 257% en huit ans seulement, en dépit des politiques vertes du gouvernement québécois.

Un déficit commercial, c’est de l’argent qui quitte le Québec pour aller créer des emplois ailleurs.

Du strict point de vue économique, le régime de M. Charest est le gouvernement plus incompétent que le Québec ait connu depuis celui de Jean-Jacques Bertrand, à la fin des années 1960.

Conclusion

En somme, il est à prévoir que M. Charest répétera ad nauseam, tout au long de la campagne électorale, ces mensonges ou ces demi-vérités jusqu’à ce qu’elles deviennent évidentes pour un bon nombre d’électeurs.

Machiavel disait : « Mentez, mentez : il en restera toujours quelque chose.»

Références :
Économie du Québec : une illusion dangereuse
Grand parleur, petit faiseur
La Caisse saigne: presque 40 milliards perdus
Sables bitumineux: les investissements de la Caisse pointés du doigt
Vers un choc économique 

M. Charest et le droit à l’éducation

En entrevue sur les ondes du Téléjournal de Radio-Canada, M. Charest a déclaré : « Je crois tellement à l’éducation, puis au droit à l’éducation, que je ne crois pas que dans une classe où il y a 20 étudiants sur 25 qui boycottent, qu’on puisse empêcher les 5 autres d’avoir accès à leur salle de cours, tellement que c’est fondamental, le droit à l’éducation.»

M. Charest attache une grande importance à l’accessibilité physique aux salles de cours. Mais il est muet quant à l’accessibilité économique à l’éducation. Qu’est-ce que ça donne de pouvoir entrer dans une bâtisse universitaire si on n’a pas les moyens de s’y inscrire ?

Les études ont démontré que la principale raison qui explique que le taux de décrochage soit plus élevé dans les milieux défavorisés, est d’ordre culturel; on y sous-estime grandement la valeur de l’enseignement supérieur. « Oh, je connais plein de personnes qui ont des diplômes longs comme le bras et qui sont en chômage.»

En réalité, le taux de chômage chez les détenteurs de baccalauréat est moindre que celui de la population en général. Mais, dans les milieux défavorisés, on se plait à soutenir le contraire, peut-être pour minimiser inconsciemment sa propre responsabilité dans sa condition socio-économique.

Mais l’accessibilité économique aux études supérieures est le second facteur le plus important. Alors peut-on imaginer l’effet d’une augmentation substantielle des droits de scolarité — généralement payés par les parents — sur la détermination d’un jeune, originaire d’un milieu défavorisé, à poursuivre ses études ?

Quant à l’idée de payer des professeurs pour enseigner aux 5 étudiants dissidents et de les payer de nouveau pour répéter le tout aux 20 autres quand la grève sera terminée, cela est une de ces belles idées dépourvues de sens pratique, typique du gaspillage libéral. 

M. Charest, promet-il la création de 250 000 emplois ?

Au deuxième jour de la campagne électorale, M. Charest déclare : « Un gouvernement libéral, dans le prochain mandat, va créer 250 000 nouveaux emplois… aider à créer, devrais-je dire. » Quel beau lapsus qui abaisse cette belle promesse au niveau d’un vœu pieux.

La journaliste de Radio-Canada qui couvre la campagne libérale ajoute : « Jean Charest promet donc, s’il est réélu, le plein emploi d’ici cinq ans.» On enchaine avec M. Charest : « Et notre chance à nous, c’est qu’on en un Plan Nord. Nous avons un plan. Nous avons un projet économique. Ailleurs dans le Monde, ils nous l’envient.»

Autrefois, les politiciens avaient honte de dilapider l’argent des contribuables : l’idée géniale de M. Charest, c’est de transformer le gaspillage en promesse électorale formatée par des experts en mise en marché.

Référence : Baie-James vs Plan Nord 

Le PQ et les frais de scolarité

La chef du Parti québécois rappelle la position de son parti :
• annulation de l’augmentation de la hausse des frais de scolarité décrétée par le gouvernement et
• abolition de la loi 78 (inopérante, de toute façon).

Le PQ propose l’organisation d’un sommet au sujet de la gestion et du financement des universités. La chef du PQ déclare : « Il faut donc parler de gestion avant de parler de sous-financement ou de hausse des frais de scolarité. Si, après ce sommet, il y a lieu d’augmenter les droits de scolarité, nous prenons aussi l’engagement de ne pas le faire au-delà de l’indexation au coût de la vie.» 

Tolérance zéro de la CAQ à l’égard de la corruption

Lors du lancement de sa campagne dans la circonscription de L’Assomption, M. François Legault s’est engagé à ce que la première loi de son gouvernement porte sur l’intégrité. La mesure resserrerait les règles relatives au démarchage, de l’attribution des contrats gouvernementaux, et du financement des partis politiques. 

Biais du Téléjournal de Radio-Canada contre la Coalition Avenir Québec

Alors que la présentatrice Céline Galipeau ironisait sur la solution « miracle », selon elle, de la CAQ d’éliminer l’attente aux urgences des hôpitaux québécois, le reporter attitré à la campagne caquiste — Patrice Roy, reconnu pour ses sympathies libérales — menait dans un centre commercial de Terrebonne, une entrevue à ce sujet avec un candidat-vedette de cette formation politique, le Dr Gaétan Barrette.

Contrairement au chef libéral, généralement présenté en plan rapproché, Radio-Canada nous présente donc dans le même plan, à la fois le Dr Barrette répondant aux questions, et le journaliste dont tout le langage corporel témoigne de son scepticisme à l’égard des propos du médecin. Or, la veille, la société d’État n’a pas cru bon confronter M. Charest au sujet des 250 000 emplois qu’il a « promis » au cours d’un prochain mandat.

Cela n’est pas très professionnel. En tant qu’auteur d’un blogue, je peux me permettre d’afficher mes sympathies et faire preuve, si je le désire, d’une outrageuse partialité.

Mais Radio-Canada est payé par les taxes de tous les contribuables, peu importe de leurs allégeances politiques. En tant que service public, c’est le devoir de Radio-Canada d’informer les électeurs au sujet de ce que les divers partis politiques se proposent d’accomplir.

En plus, elle peut aussi présenter un volet sur l’envers du décor, c’est-à-dire un segment qui révèle les mensonges et les exagérations des politiciens. C’est ce qu’elle fait déjà dans son volet « Épreuve des faits ». Donc je ne vois pas l’intérêt de saboter, en plus, la campagne de certains partis politiques dans le segment qui se veut objectif.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le parti de l’exclusion

Publié le 26 juillet 2012 | Temps de lecture : 3 minutes

En réaction l’annonce de la candidature du leader étudiant Léo Bureau-Blouin pour le Parti québécois, le Premier ministre s’est efforcé de dépeindre l’opposition officielle comme un repaire d’extrémistes voués au chaos et l’anarchie.

Le Parti libéral n’est pas seulement le grand parti fédéraliste du Québec : depuis qu’il est au pouvoir, ce parti s’est transformé en parti de l’exclusion, un parti pour les membres d’une bande de pillards des fonds publics.

La Commission Bastarache — sur le processus de nomination des juges — nous a permis d’apprendre que seuls les avocats dont le dossier transmis au Conseil des ministres portait un auto-collant jaune (en fait, un Post-it note) pouvaient espérer être nommés juges. Or seuls les candidats qui ont fait du bénévolat pour le parti au pouvoir, qui ont contribué à la caisse électorale de ce parti ou qui sont parents avec des collecteurs de fonds du parti, bénéficiaient du précieux collant jaune apposé par Mme Chantal Landry (la Directrice-adjointe du cabinet du premier ministre). En somme, tous les candidats plus compétents étaient exclus s’ils ne faisaient pas partie de la bande libérale.

De plus, il semble bien que les permis de garderie soient attribués aux propriétaires qui contribuent à la caisse électorale du Parti libéral de préférence à ceux qui ne le font pas. En transformant l’appareil de l’État en machine à sous pour le Parti libéral, ce dernier s’est transformé en parti d’opportunistes et d’aventuriers attirés par l’odeur de l’argent.

Les contrats attribués à un contributeur à la caisse électorale du Parti libéral en contrepartie de l’hébergement pendant vingt ans de 256 personnes âgées à Québec est un autre cas d’exclusion puisque ces contrats (totalisant plus de 360 millions$. Vous avez bien lu : un tiers de milliards$) ont été attribués sans appel d’offres.

Le prêt consenti à un entrepreneur de l’Inde en vue de la réouverture de la mine Jeffrey est un autre cas où nos taxes sont attribués à un aventurier devenu membre de la bande simplement pour avoir organisé une levée de fonds en faveur du parti libéral à laquelle M. Charest a assisté.

Lorsque tous les demandes de subventions pour des équipement sportifs sont filtrés par le personnel politique de la Vice-première ministre avant que leur bien-fondé ne soit analysé par les fonctionnaires de son ministère, cela soulèvent bien des questions sur les critères sur lesquels on s’est basé pour exclure les autres demandes.

En somme, dans les années ’60, le Parti libéral était une coalition extraordinaire de gens aux horizons très différents, unis par un même désir de sortir le Québec de la Grande noirceur du gouvernement Duplessis. De nos jours, le PQ est un creuset de personnes unis par un même nationalisme et par un même désir de sortir de Québec d’une autre Grande noirceur, libérale cette fois-ci.

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’utilisateur-payeur ou le chacun pour soi

Publié le 7 juin 2012 | Temps de lecture : 8 minutes

Le concept de l’utilisateur-payeur

Le 30 octobre 2007, le ministère des Finances du Québec créait un groupe de travail sur la tarification des services publics. Implicitement, le mandat de ce comité était de conseiller le gouvernement dans la manière d’augmenter les revenus de l’État par le biais de la tarification, que ce soit des tickets modérateurs, des primes d’assurance ou des frais de service. En 2008, ce groupe de travail remettait son rapport de 314 pages.

C’est à partir de ce document, assez bien documenté, que s’est répandue l’idée qu’on devrait augmenter les tarifs de nombreux services gouvernementaux afin de réduire le déficit gouvernemental et qu’éventuellement, les utilisateurs paient le prix véritable des services qu’ils reçoivent.

Le but de tout cela est de transférer à la charge de l’utilisateur, une part croissante des coûts assumés jusqu’ici par l’ensemble des contribuables. En somme, ceux qui n’ont jamais recours à un service gouvernemental n’auraient plus à payer pour les autres.

Le rapport écrit : « Les tarifs, lorsqu’ils sont définis de façon adéquate, ont pour effet d’infléchir les comportements des utilisateurs dans la bonne direction (;) de réduire le gaspillage des ressources, de protéger l’environnement et d’assurer la pérennité de notre patrimoine, tout en dégageant le financement nécessaire pour assurer la qualité du service et contrer le vieillissement des infrastructures. (…) L’enjeu en cause dépasse donc la stricte question financière : les tarifs constituent un outil essentiel pour gérer nos comportements collectifs de la façon la plus efficace possible, et cela pour le meilleur intérêt de tous.»

Distinguer services gouvernementaux, subventions, et mesures sociales

Lorsqu’un citoyen achète un permis (de conduire, de chasse, etc.), il est normal que le tarif demandé tienne compte de tous les frais encourus pour l’émission de ce permis.

Dans de nombreux cas, les tarifs exigés sont inférieurs aux coûts réels. Par exemple, les revenus perçus par Société des traversiers du Québec ne couvrent que 22 % des coûts du service. Ou encore : les loyers et frais perçus par le Palais des congrès de Montréal ne représentent que 39% de ses coûts réels.

Dans le premier cas, on peut choisir de subventionner un service de traversier dans le but d’éviter l’extinction d’une population insulaire ou de diminuer les risques reliés à son isolement. Dans le deuxième cas, il peut s’agir d’une subvention à l’industrie des congrès : une telle décision peut se justifier par des retombées économiques qui dépassent très largement la subvention publique accordée à la tenue des congrès eux-mêmes.

De la même manière, le Fonds d’assurance-récolte du Québec est déficitaire dans le cadre des politiques de soutien aux agriculteurs.

Par contre, les « Garderies à 7$ » représentent une mesure sociale. Y appliquer le principe de l’utilisateur-payeur ferait passer le tarif journalier de 7$ à 37$. Ce serait oublier que cette mesure a été mise sur pied afin de faciliter la participation des chefs de famille monoparentale (surtout des femmes) au marché du travail.


 
Puisque cette mesure sociale était à l’origine une promesse électorale d’un parti politique élu sur la base de cette promesse, on a affaire ici à un choix de société. Cela n’est pas le cas, par exemple, de la décision gouvernementale de hausser les frais de scolarité qui n’est qu’un choix budgétaire, validé au préalable par aucun scrutin.

L’enjeux caché

Faire payer les utilisateurs plutôt que l’ensemble des contribuables n’a pas seulement pour effet « d’infléchir les comportements des utilisateurs dans la bonne direction » : il a aussi pour résultat l’alléger le fardeau fiscal des entreprises.

En principe, toutes les entreprises paient des taxes et des impôts. Mais si les services gouvernementaux étaient complètement tarifés, cela correspondrait à un allègement pour les entreprises. Tout au plus, le secteur financier supporterait l’Autorité des marchés financiers, les compagnies d’eau embouteillé achèteraient l’eau qu’elles revendent et les entreprises de transport paieraient des permis de conduire. C’est peu.

En fait, la seule chose fournie par l’État québécois qui est consommée davantage par une entreprise qu’un particulier, c’est l’électricité. Or les entreprises énergivores jouissent de tarifs préférentiels auxquels les contribuables n’ont pas droit. Ce « traitement de faveur » fait partie de la stratégie industrielle du Québec, stratégie que personne ne remet en question.

Donc le concept de l’utilisateur-payeur ne fait pas que transférer vers les utilisateurs le coût de services assumés par l’ensemble des contribuables : il transfert aussi vers les citoyens les coûts assumés en partie par l’impôt des entreprises.

La guerre des pauvres

À la première montréalaise du film « Les neiges du Kilimandjaro », le réalisateur expliquait qu’il avait voulu parler des préjudices que les pauvres s’infligent entre eux alors qu’ils devraient plutôt s’entraider.

Tous les gouvernements de Droite ont une caractéristique en commun, qui est celle de déposséder leur peuple au profit d’une minorité de privilégiés. Dans les pays démocratiques, ces gouvernements prennent le soin d’essayer de convaincre leurs électeurs que cela est dans l’intérêt de tous.

Par exemple, dans un pays aussi inégalitaire que les États-Unis, où le pouvoir d’achat du citoyen moyen n’a pas augmenté depuis au moins une décennie, on prétendra que plus on réduit l’impôt des riches, plus ceux-ci ont de l’argent pour créer des emplois, ce qui est dans l’intérêt de tous.

De manière similaire au Québec, on associera un projet d’appauvrir les étudiants de 265 millions$ à un financement accru des universités, de façon à suggérer que l’ensemble des contribuables paieront moins pour ce financement si les étudiants y contribuent davantage.

En réalité, un gouvernement capable de gaspiller entre 40 et 63 milliards$ pour provoquer un boom minier éphémère (d’ici à ce que la Chine et l’Inde trouvent des sources d’approvisionnement moins éloignés que le Québec) est un gouvernement qui n’a pas besoin de la contribution des étudiants pour mieux financer ses universités. Ce n’est qu’une question de choix budgétaire : il préfère subventionner l’industrie minière internationale que l’acquisition des compétences par ses citoyens.

Quand l’État voudra déposséder un autre groupe de citoyens, il pourra invoquer la nécessité que ceux-ci paient leur juste part des services dont ils bénéficient. Cela est d’autant plus facile qu’il a le choix; très peu de services gouvernementaux sont tarifés à leur juste valeur.

En somme, à peu près tout le monde est avantagé par l’une ou l’autre des mesures sociales assumées jusqu’ici par les contribuables.

Le chacun pour soi — qui est à la base du concept de l’utilisateur-payeur — n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais pour utiliser ce principe avec discernement, on doit comprendre qu’il a pour effet d’affaiblir le rôle redistributif de l’État.

Voilà pourquoi les promoteurs de ce concept s’attaquent également au filet de protection sociale dont le Québec s’est doté depuis un demi-siècle. Pour eux, le Québec est devenu un « État-Providence », c’est-à-dire un pays d’assistés sociaux, véritables boulets aux pieds d’une minorité d’entrepreneurs qui les font vivre.

En réalité, dans toutes les sociétés, la solidarité est une chose naturelle. Dans certaines collectivités, elle est même essentielle à leur survie.

Donc s’il est vrai que l’égoïsme est dans la nature même de l’être humain — il suffit d’observer des enfants pour s’en convaincre — il faut ajouter que l’apprentissage de la vie en société (à partir de la cellule familiale) se confond avec l’apprentissage de la négociation, du partage et de la solidarité.

Le chacun pour soi est donc une régression sociale. Il n’est justifié que lorsqu’on désire réduire le gaspillage des ressources, protéger l’environnement et assurer la pérennité de notre patrimoine. C’est donc une grossière erreur de jugement que de l’utiliser comme principe absolu de bonne gouvernance comme le fait le gouvernement provincial actuel.

Références :
Inégalités sociales aux États-Unis
Rapport du Groupe de travail sur la tarification des services publics

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dur contre les étudiants, mou contre la corruption et le gaspillage

Publié le 2 juin 2012 | Temps de lecture : 3 minutes
Ancienne bannière du site Web du PLQ

L’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale est un organisme gouvernemental qui relève du ministère de la Santé. Entre autres, l’Agence coordonne la mise en place des services de santé et des services sociaux dans la région de Québec.

En 2004, Hyman Polansky, un homme d’affaires montréalais, verse 1 500$ à la caisse du Parti libéral du Québec.

En décembre 2005, l’Agence accepte de lui vendre un terrain situé à Québec. L’homme d’affaires démolit la bâtisse qui s’y trouve et décide d’y construire un centre privé d’hébergement de quelques centaines de places pour personnes âgées.

En 2006, M. Polansky verse 3 000$ à la caisse du Parti libéral du Québec.

En 2007, le taux d’occupation du centre de M. Polansky augmente subitement alors que l’Agence décide, sans appel d’offres, d’y louer 116 places pendant vingt ans, au coût total de 130 millions de dollars.

En 2008, l’Agence accorde un deuxième contrat à ce centre — toujours sans appel d’offres — afin d’y ajouter 58 places supplémentaires. En 2011, l’Agence fait encore ajouter 82 autres places, toujours sans appel d’offres.

Au total, ces trois contrats portent la facture de location des 256 places à 360 millions$ sur vingt ans, soit un coût annuel de 70 300$ par bénéficiaire.

En supposant, dans la meilleure hypothèse, qu’il s’agisse ici de cas lourds qui nécessitent beaucoup de soins, la question fondamentale est la suivante : Comment a-t-on pu engager la somme d’un tiers de milliard$ de l’argent des contribuables sans appel d’offres ?

Critiqué il y a quelques jours par le Vérificateur général du Québec, le ministre de la Santé s’en lave les mains : « Je réitère que la décision a été prise au niveau de l’Agence et que mon ministère n’a jamais participé à cette décision.»

En mars dernier, celui qui a occupé de 1999 à 2011 le poste de PDG de l’Agence — en d’autres mots, celui qui a accordé ces trois contrats, soit Michel Fontaine — a été promu Sous-ministre associé au ministère de la Santé : c’est une des 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest.

Parmi les réactions à cette nouvelle sur le site du quotidien La Presse, le citoyen Samuel Marcotte écrit : « Quelle surprise de constater que c’est le CHSLD où mon grand-père résidait avant son décès. Pour la bouffe c’était bien. Pour les soins ce n’était pas fort; disons que les infirmières faisaient ce qu’elles pouvaient avec le personnel réduit, pour dégager plus de profit. Mais 360 millions sur 20 ans, pour 250 places, ça reviens à 72 000$/année par occupant, payé par le gouvernement? Et cela inclut-il la contribution payée par la famille? Le vrai scandale est à la fin du reportage : le PDG de l’Agence qui dilapide les fonds publics et qui engraisse quelques amis est nommé sous-ministre à la santé. Ça aussi, ça écœure.»

Références :
CHSLD Côté-Jardin: négligence et félicitations
Contrats de 360 millions de dollars sans appel d’offre
Rapport du vérificateur général sur les CHSLD – Un généreux contrat sans appel d’offres

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise étudiante : le gouvernement doit donner l’exemple

Publié le 24 mai 2012 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans son dernier budget, le gouvernement a décidé d’augmenter de 75% les frais universitaires sur une période de quelques années. Qu’on soit pour ou contre cette décision d’appauvrir de 265 millions$ annuellement les étudiants québécois, il est évident que le gouvernement lui-même devrait donner l’exemple.

À la suite des prochaines élections provinciales, des dizaines de députés quitteront la vie politique de leur plein gré ou autrement. De plus, parmi les 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest, un certain nombre perdront inévitablement leurs emplois dans l’éventualité d’un changement de gouvernement.

Tous ces gens quitteront la vie publique avec des millions de dollars de primes ou de rentes annuelles. Ces parachutes dorés, qu’on justifiait autrefois par l’importance de récompenser les vaillants serviteurs de l’État, doivent être réexaminés.

Je ne vois pas de raisons qui justifient que les étudiants se serrent la ceinture alors que les serviteurs de la machine qui les appauvrit s’en mettent plein les poches : il est évident que tous ces gens doivent faire aussi « leur juste part » (pour reprendre les mots du Premier ministre).

Le gouvernement serait donc cohérent avec lui-même et donnerait l’exemple s’il adoptait une loi d’exception rétroactive qui réduise de 75% les parachutes dorés que la classe politique s’accorde pour se récompenser mutuellement.

À défaut d’une telle loi, la réduction substantielle des primes et rentes offertes aux députés et ministres sortants serait de nature à convaincre la population de la sincérité du gouvernement actuel à réduire la taille de l’État.

Mais les motifs invoqués par le gouvernement pour justifier la hausse des frais de scolarité sont-ils vraiment d’ordre économique ou sommes-nous en présence d’une crise voulue, provoquée et entretenue par le gouvernement actuel ?

Rappelons-nous que depuis quarante ans, seuls des gouvernements du Parti libéral du Québec ont procédé à des augmentations des frais de scolarité : sous Claude Ryan en 1989 et sous Jean Charest en 2007 et aujourd’hui.

Le Premier ministre savait donc ce qui l’attendait s’il touchait aux frais de scolarité. Il ne soupçonnait sans doute pas l’ampleur de la détermination de nos jeunes mais il savait que sa décision provoquerait des remous. Alors pourquoi a-t-il pris cette décision alors que son gouvernement, largement discrédité dans l’opinion publique, n’a pas l’autorité morale pour chambarder quoi que ce soit ?

Le prix à payer pour faire taire ces doutes, c’est le sacrifice et la cohérence. En d’autres mots, la classe politique doit prêcher par l’exemple. Le fera-t-elle ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel