La légalisation des produits dérivés du cannabis

Le 31 décembre 2018


 
Introduction

Si chacun d’entre nous avait à dresser une liste de vingt choses merveilleuses à acquérir en 2019, il est à parier que personne n’aurait pensé à une bouteille de cola qui rend stone, à une boite de biscuits décadents au chocolat marbrés de cannabis, ou à la crème ‘Anti-4’ au THC (à la fois anti-ride, anti-cernes, anti-acné et anti-verrue).

Pourtant, c’est ce que nous promet Santé Canada pour le 17 octobre 2019.

Déjà, les médias ont commencé à nous présenter les cas charmants de petits entrepreneurs qui aimeraient gagner leur vie en vendant des desserts à base de principes actifs du cannabis ou en ‘inventant’ des cosmétiques contenant du THC.

En réalité, la légalisation des produits dérivés du cannabis n’est pas conçue pour eux. Elle profitera essentiellement à la grande industrie agroalimentaire et plus précisément à celle qui commercialise des aliments hautement transformés.

C’est elle qui trépigne aux portes des antichambres ministérielles, convoitant le lucratif marché des produits dérivés.

La brasserie Molson Coors a créé un partenariat avec le producteur de cannabis Hexo en vue de créer des boissons infusées à la marijuana. La distillerie Constellation Brands a investi cinq-milliards$ dans le capital de Canopy Growth.

Cette dernière aurait mis au point un breuvage qui drogue en sept à douze minutes. Comme quoi, on n’arrête pas le progrès.

Conséquences

La commercialisation des produits dérivés entrainera un bouleversement complet du mode choisi par certaines provinces pour rendre disponible le cannabis récréatif.

Essentiellement parce que ces produits ne peuvent être offerts qu’en libre-service. Seuls les breuvages à base de cannabis pourraient s’ajouter facilement à la gamme de produits offerts par la Société des alcools du Québec.

Toutefois, avant d’acheter un format de muffins ou de biscuits au cannabis, le consommateur a le droit de consulter la liste de tous ses ingrédients. Ou peut-être voudra-t-il sentir l’odeur d’un produit destiné à être appliqué sur sa peau.

À l’heure actuelle, n’importe quel adulte peut ajouter de l’huile de cannabis au dessert de son choix.

De la même manière, s’il croit que le THC topique — crèmes, onguents, lotions et gels — est utile à quoi que ce soit, il peut se procurer des huiles concentrées de cannabis dont il appliquera quelques gouttes ou quelques jets.

Dans le cas précis des préparations topiques contenant du THC, le gouvernement est déterminé à empêcher l’industrie de leur prêter des propriétés qu’elles n’ont pas.

C’est oublier que l’industrie cosmétique repose sur le rêve.

La bataille qui vise à empêcher cette industrie de tromper les consommateurs est une bataille que l’État a perdue depuis longtemps. La même chose surviendra donc avec les cosmétiques dérivés du cannabis.

De plus, légaliser les produits dérivés, cela obscurcit le message politique qui soutenait originellement la légalisation du cannabis.

Jusqu’ici, les arguments centraux qui justifiaient la légalisation étaient des préoccupations sanitaires et le désir de tarir une des sources de revenus du monde interlope.

Et voilà qu’à peine un an plus tard, on va ouvrir le marché du cannabis à l’industrie agroalimentaire pour seul motif ‘qu’il y a de l’argent à faire là-dedans’.

Or justement, suivez l’argent. Il part de la poche du consommateur et termine sa course dans le paradis fiscal où le géant agroalimentaire cache ses profits. Après, on en perd la trace.

Conclusion

Le Canada est le premier grand pays industrialisé à légaliser le cannabis.

Pour le gouvernement fédéral, cela est une occasion unique de transformer notre pays en un vaste laboratoire permettant aux géants mondiaux de l’industrie agroalimentaire de tester la popularité d’aliments à faible valeur nutritionnelle auxquels on aura ajouté des psychotropes.

Il est ironique de penser que c’est Santé Canada qui se propose de compliquer la tâche de milliers de diététistes qui luttent contre la malbouffe.

Cet organisme permettra également la mise en marché de préparations topiques de psychotropes sans exiger la moindre preuve quant à l’efficacité et l’innocuité de ces produits.

Peu importe l’opinion qu’on a de la légalisation du cannabis, il est difficile de comprendre où se trouve l’intérêt du peuple canadien à devenir des cobayes du développement international des produits dérivés du cannabis.

Au sein de la machine de l’État canadien, personne ne semble soupçonner que c’est une mauvaise idée que de mettre de la drogue dans quelque chose d’aussi attrayant pour les enfants que des bonbons, des chocolats, des biscuits ou des petits gâteaux.

L’expérience désastreuse des États américains qui ont légalisé cela aurait dû tuer dans l’œuf l’intention stupide de les imiter.

Dans tous les États où on a autorisé la vente des produits dérivés, on a assisté à une augmentation significative et durable du nombre d’admissions aux urgences pour empoisonnement, notamment chez les enfants.

Alors que se multiplient les voix opposées au suremballage, l’État canadien veut imposer une limite de THC par emballage, ce qui incitera l’industrie à envelopper séparément chaque jujube, chaque chocolat, chaque biscuit, afin de pouvoir y mettre le maximum autorisé.

Ce cadre règlementaire fait tellement ‘XXe siècle’; pour compenser le danger que constitue la présence de drogue dans la nourriture, on compte protéger la population canadienne par de la cellophane.

Ce qui veut dire qu’à l’Halloween, les parents devront dorénavant, dès leur retour à la maison, jeter systématiquement toutes les friandises sans enveloppe de cellophane, de peur que ce soit des friandises au THC déballées.

À voir ce à quoi mène la légalisation du cannabis, il ne faudrait pas se surprendre que l’appui à légalisation diminue dans l’opinion publique, notamment chez les parents de jeunes enfants.

De manière plus générale, si on veut sérieusement protéger l’environnement, il faudra entreprendre un jour la lutte contre le gaspillage des ressources.

Or justement, le résultat final de ce projet est l’utilisation de ressources alimentaires afin d’augmenter le nombre de ‘cochonneries’ que nous proposera l’industrie.

De la part de l’État canadien, cela trahit une manière arriérée de travailler au développement économique et un profond mépris des Canadiens, relégués au rang de rats de laboratoire.

Ceux qui désirent s’exprimer à ce sujet peuvent le faire en cliquant sur ceci. La date limite est le 20 février 2019.

Références :
Canadian entrepreneurs cooking up edible pot products despite legalization delay
Le cannabis récréatif
Règlement modifiant le Règlement sur le cannabis
Santé Canada propose des règles sur le cannabis comestible
Tableau récapitulatif de la légalisation des dérivés du cannabis

Parus depuis :
L’acceptabilité du cannabis est en baisse au Canada (2019-05-09)
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Un commentaire à La légalisation des produits dérivés du cannabis

  1. Lloyd dit :

    “quote” Suivez l’argent. Il part de la poche du consommateur et termine sa course dans le paradis fiscal où le géant agroalimentaire cache ses profits. Après, on en perd la trace “end of quote”.
    Votre humour est vraiment plaisant, merci

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